A l'ouverture de la journée d'étude sur la mise à niveau des entreprises, tenue hier à l'hôtel Hilton, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements M. Abdelhamid Temmar, est revenu longuement sur la stratégie industrielle en précisant que "le gouvernement s'est attelé à mettre en place cette politique qu'il partage avec les hommes d'affaires algériens". "Nous ne travaillons pas au hasard", a-t-il dit. Il affirmera qu'"il faut arrêter de critiquer cette stratégie industrielle" qui, selon lui, a pour cadre de référence le suivi des évolutions du cadre international et la prise de l'innovation comme un facteur critique de développement. La stratégie industrielle porte, entre autres, sur la politique de déploiement sectoriel et spatial, ainsi que la mise à niveau des entreprises… Déploiement spatial et sectoriel deux pans essentiels dans la stratégie industrielle Le premier axe repose sur la transformation industrielle et la valorisation des ressources primaires, dont le potentiel dans notre pays est considérable. L'objectif est de mettre en place, par le partenariat public - privé, les conditions indispensables au développement d'industries compétitives qui permettront de substituer à l'exportation des produits primaires des exportations de produits élaborés industriellement, notamment dans l'industrie de la pétrochimie, de la sidérurgie, des fertilisants, des matériaux de construction, etc. C'est ainsi que le ministre a souligné que "nous nous concentrons sur les grandes affaires telles que la pétrochimie et l'aluminium qui peuvent être fertiles pour l'économie" Le second axe se base sur, notamment la création de zones de développement industriel intégré (ZDII), considéré comme le creuset du processus d'innovation pour les entreprises ; elles lieront leur avantage de la proximité spatiale entre les acteurs impliqués dans ledit processus. Le plan d'action mis en œuvre par le ministère porte sur un schéma directeur des ZDII et qui est en train d'être finalisé par un bureau d'études. Il y a des textes qui sont en train d'être mis en place, cinq zones ont été déjà identifiées, d'après le ministre, Oran et Annaba comme zones pilotes et prochainement Setif et Bordj Bou-Arréridj. Pour cela, un schéma général qui identifie les grandes zones à travers le territoire national est mis en place. Ces ZDII sont appelées à faire émerger des pôles. Il ne s'agit pas d'une zone ici ou là, mais d'un ensemble de zones qui vont constituer ce pôle. Ces ZDII ont pour objectif de faire émerger des pôles dédiés à différents créneaux industriels et technologiques sous l'impulsion directe de l'Etat, à favoriser l'émergence d'entreprises nouvelles, innovantes. Les ZDII doivent rayonner sur un environnement régional, national et pourquoi pas international, tant l'ouverture est faite à l'économie mondiale et qu'il y a la possibilité pour tout partenaire algérien d'entrer en partenariat ou pour les autorités de recevoir des investissements directs étrangers. Le développement spatial et sectoriel concerne les grandes entreprises publiques, M. Temmar a souligné à ce sujet que "nous avons identifié les grandes entreprises à créer et nous avons identifié leurs activités et même le montant qui coûtera à l'Etat pour cette initiative". Il est prévu aussi la création de sociétés de promotion qui auront à travailler avec les entreprises privées, une façon de les accompagner dans leurs démarches. Les assemblées générales des SGP seront présidées par leurs tutelles Evoquant les Sociétés de gestion des participations (SGP), le ministre a expliqué que son département est toujours en charge de la gestion des participations de l'Etat. Ce qui veut dire que la fusion entre le ministère de l'Industrie et celui des Participations de l'Etat et de la Promotion des investissements ne change rien. A rappeler que les SGP ont été créées conformément aux dispositions de la loi sur les capitaux marchands qui leur donne une autonomie pleine et complète. Ainsi, les assemblées générales de ces organismes seront composées de représentants du département de M. Temmar et du ministère des Finances et elles seront présidées par leurs ministères de tutelle. Les SGP doivent donc avoir l'aval de cette assemblée et du conseil des participations de l'Etat pour prendre toute décision importante, tel qu'un changement au niveau de leurs structures. M. Temmar a abordé, lors de son allocution, le cas du redéploiement de l'Agence nationale pour le développement de l'investissement (Andi), l'interlocutrice directe, des investisseurs potentiels en Algérie nationaux ou étrangers. "Nous renforçons ce département pour aller de l'avant en matière d'innovation dans les stratégies de développement et de soutien à l'investissement" a-t-il dit à ce sujet. Sur le chapitre des investissements directs étrangers (IDE), M.Temmar a fait savoir que c'est un marché très concurrentiel, "les IDE sont présents en Algérie et seront davantage présents, ils ne peuvent néanmoins fonctionner sans les entreprises nationales qui sont soumises à une mise à niveau" a-t-il précisé.
Mise à niveau des entreprises : 426 demandes ont été reçues Quant à l'épineuse question de la mise à niveau des entreprises publiques et privées qui s'impose du fait de l'ouverture de l'économie nationale sur la zone Euromed et, éventuellement, sur le monde, l'Etat pourrait améliorer ses soutiens à l'investissement matériel et immatériel. L'Etat veut encourager et densifier les relations entre les différents acteurs pouvant intervenir, dans l'avenir des PME et PMI. Le programme de mise à niveau bénéficiera des résultats des réformes structurelles en cours dans la mesure où des mécanismes de garantie de l'investissement des PME et PMI commencent à donner des résultats et que des incitations fiscales considérables devraient conduire de plus en plus d'entreprises vers la mise à niveau. Le programme de mise à niveau présenté hier, fait état de 426 demandes reçues par les services du ministère, dont 308 ont été retenues, de 122 plans de mise à niveau réellement engagés parmi les 147 déposés. Ce constat est jugé très faible par les services du ministère chargés de l'opération de mise à niveau. A noter que 1 000 à 1500 entreprises ont été ciblées en cinq ans pour une mise à niveau. Ainsi, le ministre a souligné qu'"une menace très sérieuse guette nos entreprises face aux entreprises étrangères, ce qui nous pousse à créer une capacité d'innovation au sein de l'entreprise et non dans la formation ou la recherche, nous sommes en mesure d'aider l'entreprise à se mettre à niveau pour faire face à la concurrence". Le ministre a également indiqué que "80% des entreprises nationales sont moyennes", e qui veut dire que "le destin de l'économie nationale est entre les mains de la mise à niveau des entreprises". Le programme de mise à niveau des entreprises initié par l'Etat englobe trois composantes, à savoir le macroéconomique, mésoéconomie et le microéconomique. Le programme prévoit aussi la création d'une agence régionale de l'innovation qui sera constituée de laboratoires de recherche où l'entreprise doit établir la stratégie de stabilité, de croissance du nouveau produit et du nouveau produit pour un nouveau marché. Les spécialistes estiment que si l'entreprise améliore son produit, elle sortira du monde de la compétitivité pour s'installer dans le marché du monopole.