Benachour Mohamed La dernière sortie médiatique du ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Hamid Temmar, prônant explicitement un retour vers le secteur public, a surpris de par son ton socialisant, l'aréopage patronal. Est-ce le retour en force du secteur public? En tous les cas, c'est ce que laisse croire les nouveaux programmes de mise à niveau des entreprises et du plan de partenariat car l'Etat s'engage désormais à intervenir dans la production. Le patriotisme économique veut que «ces programmes de mise à niveau s'inscrivent dans le cadre des décisions du gouvernement visant à relancer l'activité économique et à encourager la croissance», révèlera Hamid Temmar. Désormais, l'Etat s'engage à «intervenir dans la production dans le but de pousser la croissance dans un contexte d'une économie de marché», ajoute-t-il. Selon le gouvernement, c'est le moment propice de développer un secteur industriel «complet et unifié» qui rassemblera les entreprises et opérateurs publics…et privés. Cependant, «le développement des entreprises publiques reste au cœur de la stratégie nationale de l'industrie notamment celles activant dans les industries comme l'agroalimentaire, le pharmaceutique et la mécanique», insiste le ministre Temmar. La politique actuelle du gouvernement stipule que «l'Etat n'est plus une entité immatérielle qui, jusqu'à présent, se chargeait de l'encadrement, de la régulation, et du soutien financier de l'économie nationale peut intervenir dans la production tout en restant dans une économie de marché», a-t-il soutenu. Le ministre a également fait part de la volonté du gouvernement à développer l'industrie manufacturière qui connaît une rude concurrence étrangère, ajoutant que «désormais la priorité sera accordée à la production nationale sans pour autant arrêter l'importation de produits conformes et de qualité». En fait, la décision du gouvernement préconisant l'hégémonie de l'Etat est motivée par les soubresauts patriotiques de la crise mondiale. Dans la cohorte des gouvernements occidentaux, le gouvernement Ouyahia veut, par le biais du ministre Temmar, «relancer l'activité économique dans un contexte international marqué par une crise financière et économique». Réitérant la volonté du gouvernement à asseoir son hégémonie dans le secteur industriel, le ministre a déclaré que cette résolution figure parmi celles prises par le gouvernement il y a plusieurs mois dans le but d'une relance du secteur public, soulignant que l'industrie est «le moteur de l'activité économique». Pour situer sa politique «socialisante» par rapport aux recommandations des institutions internationales, Hamid Temmar a indiqué que «des institutions internationales telles que la Banque mondiale ont fini par être d'accord avec le choix de l'Algérie d'opter pour une stratégie industrielle qui implique à la fois le secteur public et privé». Le rôle des SGP Hamid Temmar a, par ailleurs, noté que les Sociétés de gestion des participations de l'Etat (SGP) sont les «relais» entre l'Etat et les entreprises et doivent être «intégrées totalement dans la stratégie nationale de l'industrie», affirme-t-il. Pour Temmar, une rationalisation du secteur public est une condition sine qua non pour plus de croissance économique. Edulcorant son discours, Hamid Temmar a affirmé, d'autre part, que «la privatisation de certaines entreprises publiques se poursuivra» à travers l'ouverture de ses capitaux à des partenaires privés algériens ou étrangers. Presque tous les discours politiques et les tripartites successives qu'a connus le pays optaient pour le capitalisme comme solution ultime et unique. Les entreprises privées se sont pullulées et des capitaux privés ont pu être amassés. L'Algérie a changé de cap depuis, boostée par le rythme effréné de capitalisation des entreprises publiques. De son côté, la société algérienne a créé alors d'autres mécanismes de représentation et d'action politique: les mouvements sociaux, les revendications sociales. L'homo socialiste s'est mué en homo capitaliste. Un point de non retour, réclame le patronat. B.M.