Vouée à la privatisation il y a de cela quelques années, les fonderies d'Algérie, une entreprise publique, jadis fleuron de l'industrie nationale de la fonderie, reprend actuellement du poil de la bête. A la faveur d'un management hors paire, et d'un pragmatisme résistant à toute épreuve, l'entreprise a réussi consécutivement, à surmonter la crise économique des années 80, la destruction de ses équipements durant la décennie noire, la déconfiture et autre endettement qui en sont issus, tout cela sans l'aide de personne. Avec ses 3 filiales à Oran, Tiaret et Alger, Fondal a bien failli se faire hara kiri à la veille de sa privatisation. Elle a échappé de peu a un découpage, qui aurait déséquilibré le marché de la fonderie algérienne, transformé la vocation première de l'entreprise, et consacré un a-plat ventrisme a l'autogestion étrangère rentière et non rentable. Pourquoi ça va mieux ? La situation actuelle de l'entreprise des fonderies d'Algérie est heureusement un plus stable. Elle est d'ailleurs directement liée à sa gestion minutieuse et efficace. A sa tête, une équipe de managers avertis, qui ont su redresser la barre et maintenir le cap. C'est cette même équipe qui avait réclamé à juste titre, l'arrêt de la procédure de privatisation. Ceci malgré les énormes difficultés auxquelles ils ont fait et font encore face actuellement. Aujourd'hui, les commandes repartent à la hausse, les équilibres financiers sont atteints et l'entreprise peut un tant soit peu se projeter vers l'avenir. Reste que l'entreprise se heurte à des difficultés financières destructrices. Aide de l'état: tout le monde parle, personne ne l'a encore vue Premiers handicaps pour les entreprises publiques en difficulté, ces dernière traînent des dettes sur le long terme. C'est d'ailleurs le cas de Fondal. Croulant sous les dettes, Fondal ne peut pas compter sur un patron, l'état, qui contrairement aux idées reçues, n'est intervenu d'aucune manière pour l'aider à redresser la tête. Pire, n'ayant bénéficié ni d'assainissement, ni de mise a niveau ni même de suspension de sa dette, héritée des années de vaches maigres, sa créance en plus de la limiter dans sa marge de manœuvre, lui coûte de l'argent. 120 à 140 millions de Dinars chaque année au service de cette dette. Un luxe dont Fondal aurait bien aimé se passer. Et comme si cela ne suffisait pas, le milliard et 200 millions de Dinars qu'elle doit aux Banques, lui vaut également une ponction de 20% sur ses encaissements à chaque prestation honorée par ses clients. Alors que nous assistons à un retour en force de l'état dans la sphère économique nationale, les entreprises publiques n'en profitent curieusement pas, comme si l'état les avait oubliés. «L'état n'a pas manifesté sa volonté d'investir» nous a-t-on dit. Paradoxal, au vu des mesures en vigueurs, paradoxale pour un créneau aussi stratégique. Le programme quinquennal: la roue de secours En l'absence d'assainissements, d'investissements publics, d'aides et de soutiens , le programme quinquennal est l'un des rares coups de pouce des autorités publiques qui profite a Fondal, et encore. En effet, les programmes de construction de barrages, de l'aéroport de Tebessa et autre Autoroute Est - Ouest permettent au moins à Fondal de vivoter en attendant des jours meilleurs. Ceci a la faveur de son service de qualité et de ses produits soignés, que des ingénieurs développent tant bien que mal, au vu de leurs moyens dérisoires. L'activité de l'entreprise a ainsi augmenté: 15% entre 2007 et 2008, et 20% entre 2008 et 2009. La PME est passée subséquemment, d'une situation déficitaire à un excédent d'un milliard de Dinars au cours de l'année passée. Une bouffée d'oxygène: oui, mais c'est loin d'être suffisant. Surtout que d'après M.Serrir, financier de l'entreprise, les maîtres de chantiers, entreprises étrangères pour la plupart, ayant remporté ces appels d'offres en or, «ne jouent pas tous le jeu». Gourmands en produits de fonderie en tous genres, ils préfèrent les importer de l'étranger, pour en user sur nos chantiers. L'Algérie se contentera de les payer plus tard au prix fort. Les dernières mesures sur la préférence nationale changeront ils les chose? Sûrement, mais le mal est fait. Financement: c'est la croix et à la bannière Pour leur financement en tous genres, les fonderies d'Algérie subissent. La moindre initiative relève de l'effort herculéen parce que pas un Dinar n'est consenti par son patron l'état algérien, Fondal se retrouve, totalement, tributaire de la volonté des Banques qui, de bon droit, imposent leur lois. «Nous sommes d'emblée exclus des crédits d'investissements» a déclaré M. Serrir à ce sujet. Et pour cause, les Banques n'octroient qu'exceptionnellement des crédits d'investissements aux entreprises endettées, ce qui est malheureusement le cas de Fondal. Du coup, l'entreprise a toutes les peines du monde à s'équiper, ne serait ce que d'un Camion. Autre paradoxe, pour une entreprise en pleine phase de développement. Ces PME publiques bénéficient heureusement de crédits d'exploitation, octroyées au compte goutte et selon des conditions draconiennes. Fondal, pour l'exemple, doit d'abord faire valoir un carnet de commandes conséquent, pour prétendre a une quelconque ouverture des vannes. D'un commun accord avec ses pourvoyeurs (les Banques publiques), l'entreprise bénéficie de 70% d'avance sur ses factures émises, sous forme de crédits revolving. L'importation à outrance, ennemie du développement Spécialiste des produits de fonderie, Fondal a toujours du mal à introduire ses produits sur certains marchés. L'exemple le plus probant est celui des cimenteries. Elle sont nombreuses, riches, tournent à plein régime mais surtout sont très gourmandes en produits de fonderie, surtout que le marché est sur une pente ascendante. Alors que tout porte à croire que les fonderies Algériennes ont là une manne à exploiter, le marché ne l'entend pas de cette oreille. Les cimenteries préfèrent elles aussi …en importer! Les produits Made in ailleurs, ne sont pas meilleurs ni moins chères, loin de là. Un marché colossal échappe ainsi a Fondal a cause des préjugés des uns et des autres. Les créances, l'autre boulet que traîne la fonderie Produisant du mobilier urbain en majorité, Fondal à pour principaux acheteurs des collectivités locales. Des clients connus pour leur nonchalance, surtout lorsqu'il s'agit d'honorer leurs factures. Un autre luxe auquel les fonderies d'Algérie ne peuvent prétendre, étant donné leur situation précaire. Surtout que l'accumulation de ses défauts de paiement décime la trésorerie de cette PME. «500 millions de Dinars de défaut de recouvrement il y a 8 mois, 3 millions de Dinars aujourd'hui».Depuis peu, de nouveaux acteurs économiques figurent dans les schémas commerciaux liés aux collectivités locales. Il s'agit des intermédiaires. Ces derniers ont trouvé là un marché fleurissant qu'ils comptent bien mettre a leur profit. Explication: Beaucoup moins pressés que les grandes entreprises aux charges montres, pour récupérer leur dus (les sommes n'étant pas très grandes) auprès des collectivités locales, ces nouveaux arrivés représentent d'idéaux intermédiaires entre les PME et les collectivités locales. Elle agissent en revendeur et supportent les retards que les sociétés ne peuvent soutenir. Mieux encore, installées dans ces collectivités locales «acheteuses», les intermédiaires possèdent leurs propres relais sur place pour récupérer ce que de droit. Les PME se retrouvent ainsi a vendre a des intermédiaires qui eux même fournissent en seconde main le marché. Un marché qui a l'air pérenne, au même titre que les délais a rallonges que se permettent ces institutions pour régulariser leurs situations.