Le rapport 2010 con joint de la BAD, de l'OCDE et de CEA, sur les perspectives économiques en Afrique, publié récemment juge insuffisante la croissance économique réalisée par l'Algérie en 2009. «Malgré la bonne performance de près de 9 % de croissance enregistrée dans l'activité hors hydrocarbures, due principalement à la très bonne tenue du secteur agricole qui a crû de 17 %, la croissance économique globale a été de 2.2 % en 2009, en recul de 0.2 point de pourcentage par rapport à 2008, alors que les autorités misaient sur un taux de 3.5 %. Cette croissance modérée reste insuffisante pour atténuer le chômage et la pauvreté dans le pays ; elle a été obérée par la chute brutale des recettes budgétaires des exportations d'hydrocarbures, qui demeurent le principal produit d'exportation du pays » relève le rapport. Le document estime que qu'avec la reprise attendue en 2010 de la demande mondiale et la consolidation du programme d'investissements publics (PIP) au titre du plan 2010-14, la croissance devrait repartir à la hausse et atteindre 3.9 % en 2010 puis 4.3 % en 2011. Le taux d'inflation, contenu à 3.9 % en 2008, a connu une hausse sensible en 2009, avec un rythme de 5.7 %, en raison de la flambée des prix des produits alimentaires , frais qui ont augmenté de plus de 20 % sur la période. Le secteur réel a connu en 2009 des fortunes diverses. Si le secteur pétrolier a enregistré une baisse à la fois de la production et des volumes exportés, le secteur agricole en revanche a été l'un des moteurs de la croissance hors hydrocarbures, grâce notamment à une production céréalière sans précédent. L'industrie, quant à elle, continue de stagner, alors que les secteurs des services, des infrastructures et de la construction, tirés par une forte demande publique, affichent de bons niveaux de croissance. Le climat des affaires, note le rapport, souffre toujours des lourdeurs bureaucratiques et des changements intempestifs touchant aux politiques publiques. Certains indicateurs se sont toutefois améliorés, comme ceux concernant les conditions d'octroi des permis de construire ou l'obligation d'achèvement des travaux de construction dans des délais définis ; l'adoption du nouveau code civil des procédures, qui réduit les délais d'instruction des dossiers de justice et a vu l'informatisation des tribunaux ; la réduction du coût des transactions immobilières et foncières et la défiscalisation des plus values boursières. Mais beaucoup reste à faire pour conformer le climat des affaires aux normes communément admises, comme le relève l'édition 2010 du rapport de la Banque mondiale Doing Business, qui fait reculer l'Algérie de deux places en un an pour la positionner au 136e rang. Le pays semble toutefois mieux se comporter en termes de compétitivité, puisqu'il passe de la 99e place en 2008/09 à la 83e place en 2009/10 dans le classement du Forum économique mondial de Davos mesurant la compétitivité mondiale des économies. En termes de corruption, des efforts restent à faire. Dans son dernier rapport, Transparency International a calculé pour l'Algérie un « indice de perception de la corruption » (IPC) de 2.8, la classant à la 111e place mondiale et à la 10e parmi les 18 pays du MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Les mesures d'encadrement du commerce extérieur initiées par la LFC 2009 risquent également d'affecter négativement la perception du climat des affaires par les entrepreneurs. En effet, la loi prévoit d'imposer le recours quasi systématique au crédit documentaire comme seul mode de paiement des importations. Toutefois des aménagements spécifiques ont été prévus pour les entreprises important des matières premières et des équipements. La loi impose également aux importateurs étrangers cantonnés dans la revente en l'état de céder 30 % de leur capital à des partenaires algériens. S'agissant des réformes du secteur bancaire et financier, le document constate que les autorités ont renforcé la supervision et la régulation bancaire, amélioré les instruments d'intermédiation financière et encouragé le financement non bancaire via la dynamisation de la Bourse d'Alger. La réforme sera approfondie grâce à la mise en place de contrats de performance avec les dirigeants des établissements bancaires publics et la généralisation du perfectionnement des personnels et des méthodes En outre, ajoute le document la Banque d'Algérie impose désormais aux banques et établissements financiers d'appliquer les taux d'intérêt et commissions dans les limites fixées par le taux directeur et le « taux excessif » à ne pas dépasser, et de se conformer au respect des ratios de gestion prudentielle. « La suppression par la LFC 2009 des crédits à la consommation et l'obligation faite aux banques de la place d'augmenter leur capital social de 2.5 à 10 milliards dinars devront inciter celles-ci à réserver une part plus importante de leurs ressources au financement de l'économie réelle » estime –t-on. Dans le secteur public, le document relève que la stratégie industrielle s'oriente en priorité vers des projets structurants dans l'automobile, la mécanique, la chimie, les engrais, l'électronique et les technologies de l'information et de la communication (TIC). « L'État a décidé d'allouer 600 milliards dinars pour le rachat des dettes fiscales des entreprises issues des restructurations » souligne le rapport.