Un Office national des terres agricoles (ONTA) sera bientôt crée, a annoncé hier le ministre de l'Agriculture et du Développement Rural, Rachid Benaissa sur les ondes de la Radio nationale. Le Gouvernement veut vraisemblablement clore ce dossier qui a fait coulé beaucoup d'encre une bonne fois pour toute. Après l'arsenal juridique qui a été renforcé, c'est au tour des institutions d'être mises en place. L'ONTA sera l'instrument de contrôle de l'Etat pour protéger ces terres souvent détournées de leur vocation, a expliqué le ministre. Cet organisme sera également un cercle qui orientera les agriculteurs, a-t-il ajouté. M.Benaissa a précisé que la concession, l'unique mode de gestion du foncier agricole appartenant à l'Etat et instauré par la Loi adoptée récemment en conseil des ministres, n'est pas permise pour les étrangers. Les exploitants agricoles pourront toutefois s'associer avec des investisseurs nationaux, a-t-il noté. Le ministre a rappelé que les terres concernées appartenaient au colon durant la guerre de libération. Elles déchaînent de ce fait les passions car les agriculteurs ne souhaitent en aucun cas avoir un statut semblable aux algériens exploités sans vergogne par les anciens propriétaires de ces terres. «Vous savez, dans toute cette politique agricole nous essayons de sécuriser les acteurs, de donner une lisibilité, de clarifier les règles et faire en sorte que tout le potentiel qu'on a, y compris ce potentiel public de terre, soit utilisé de la manière la plus rationnelle possible, la plus efficace possible, et la plus économique possible. Et à partir de là, il y avait un statu quo qui était préjudiciable non seulement pour les exploitants eux même mais également pour la collectivité de manière générale. Donc ce projet de Loi qui vient en application de la Loi d'orientation agricole qui était adoptée en août 2008, à 4 ou 5 principes de base qu'il faut respecter dont, les terres restent propriété de l'Etat», a-t-il soutenu pour rassurer les agriculteurs. Il a indiqué que ce texte réglementaire qui remplace la Loi 87-19 ne s'adresse qu'aux exploitations agricoles collectives (EAC) et les exploitations agricoles individuelles (EAI), dont la superficie est de 2,5 millions hectares. «Il y aura un cahier des charges. Il n'y a pas obligation de travailler ensemble la terre, mais au contraire nous allons agir par des incitations pour que les gens qui rentabilisent leurs activités. On crée des conditions de remembrement et de travail en association pour une meilleure rentabilité. Ce sont des terres qui seront données pour 40 ans renouvelables. C'est également des concessions qui peuvent être cessibles sous certaines conditions, qui peuvent être transmissibles», a fait valoir le ministre dont le département fait face à une grogne des Organisations professionnelles dont la très influente Union nationale des paysans algériens (UNPA) qui s'est exprimée pour le maintien de la Loi 87-17 qui accorde aux exploitants un droit de jouissance perpétuelle pour 90 ans. Le ministre a signalé par ailleurs qu'en 2009, la disponibilité alimentaire, en valeur, qui était commercialisée à travers le pays était de 20,73 milliards de dollars alors que 5,4 milliards de dollars ont été importés. « Nous travaillons pour consolider la production nationale et améliorer la productivité pour diminuer le niveau d'importation des produits alimentaires, sachant que sur les 5,4 milliards de dollars d'importation, les deux tiers sont constitués par les laits et les céréales », a-t-il dit à ce propos. Il a relevé en outre que la production céréalière pour cette saison sera aussi bonne que celle de l'année dernière.