C'est consommé! Les membres du G20 sont d'accord pour reconnaître qu'ils sont en désaccord, l'application d'une taxe bancaire internationale. C'est au moins ce qui divise l'organisation en deux camps bien ancrés sur leurs positions respectives. Il y a d'une part le groupe de choc de la France, l'Allemagne et la Grande Bretagne et d'autre part le Canada en sa qualité de meneur d'un groupe qui ne veut pas dire son nom. C'est dire que les pro et anti taxe bancaire mondiale se sont entendus pour ne pas s'entendre pour l'instant. Le sommet du G20 prévu au Canada dès le 25 juin prochain aura donc la lourde tâche de combler le fossé entre les deux clans que tout semblait rapprocher. La situation rappelle étrangement la grande union franco-allemande Sarkozy-Merkel au sein de l'Union européenne où l'euro, cette monnaie commune à seize pays, semble être l'étincelle qui risque d'embraser la vitrine de façade. La pierre angulaire des prochains G8 et G20 de Toronto reste à savoir de quelle façon seront faits les lendemains, avec ou sans taxe bancaire alors que les contribuables ont largement donné, bien malgré eux, pour sauver les institutions financières face à la récession. Sauf le Canada qui se dit au-dessus de la crise. C'est l'élément déterminant pour le voisin immédiat des États-Unis qui fait que le Canada rejette en bloc l'idée de la taxe et qu'il n'a d'ailleurs même pas eu besoin de gants pour tenter de convaincre Français et Allemands lors de son récent périple en Europe pour préparer les G8 et G20 de Toronto pour mettre une croix sur la taxe bancaire très défendue par ailleurs par les États-Unis. «On cherche à arriver à un accord, une entente sur cette question, où même si des pays font des choses différentes, on peut reconnaître un principe en commun pour assurer que les risques sont pris par les institutions elles-mêmes, et non pas par les contribuables», a expliqué le premier ministre Harper, à l'issue de deux rencontres d'une heure tenues avec le président et le premier ministre français. Le fossé Sarkozy-Merkel-Harper se résume en fait à deux questions fondamentalement reliées qui font toute la différence. Les uns se demandent qui doit payer en cas de nouvelles banqueroutes des banques? Les autres se demandent quels sont les moyens pour prévenir les comportements à risque des banques? Le débat vient à peine d'être abordé et il faudra certainement attendre la fin juin pour savoir qui aura remporté le second round, le premier semble être à l'avantage du canadien Harper. Comme la France prendra la relève comme hôte des prochains sommets du G8 et du G20, l'an prochain, le pays pourrait bien revenir à la charge en 2011 et remettre la question à l'ordre des discussions du G20. La possibilité d'imposer une taxe bancaire internationale n'est donc pas complètement écartée. Le Canada s'oppose à une taxe bancaire internationale, car il refuse d'imposer davantage ses banques, qui se sont bien tirées de la récession mondiale, contrairement aux banques de l'étranger. La Chine, l'Inde, l'Australie, l'Argentine et le Brésil ont indiqué partager la position canadienne. Et l'idée ne semble pas faire consensus au sein de l'Union européenne, puisque la Suisse a également appuyé le Canada, elle aussi ayant vu ses banques bien se tirer d'affaire.