Le Groupe égyptien ORASCOM Télécom Holding (OTH) a annoncé mercredi sur son site internet qu'il a décidé de mettre fin au processus de négociations engagé avec l'opérateur Sud-africain, MTN, pour la vente de certaines de ses filiales africaines. ORASCOM a précisé, dans un communiqué publié sur son site web, avoir informé ses interlocuteurs Sud-africains «de sa décision de cesser les discussions liées à la vente de certaines de ses opérations, suite à l'incapacité de parvenir à un accord». L'opérateur égyptien, poussé dans ses derniers retranchements par les Autorités algériennes, semble maintenant convaincu qu'il ne pouvait poursuivre une démarche condamnée à l'avance à l'échec, du fait de la position de l'Etat algérien sur la question. Et c'est justement cette intransigeance sur le dossier de la part de l'Algérie qui a apparemment amené le Groupe égyptien à céder. Il est vrai que lorsqu'on passe en revue le discours distillé par ORASCOM sur le dossier depuis le début de la crise avec l'Algérie, on peut facilement se rendre compte que l'opérateur a fini par mettre beaucoup d'eau dans son vin, car en face la pression n'avait pas baissé d'un iota avec les interventions successives des ministres sur le dossier. Orascom semble avoir maintenant compris que la marge de manœuvre s'est désormais bien rétrécie. Pour cela, les égyptiens, en bons négociateurs et tacticiens qu'ils sont, changent de fusil d'épaule. Le groupe égyptien tente, ainsi de manœuvrer à sa manière afin de tirer le plus de profit possible de ce contentieux. Et c'est dans cette perspective justement qu'un responsable de la Société a annoncé, mercredi, dans une intervention à la chaîne de télévision Al-Arabia que le Groupe va tenter de convaincre le Gouvernement algérien de renoncer à son droit de préemption sur l'opérateur Djezzy en échange d'une compensation financière, dont le montant n'a pas été précisé. Dernière cartouche, proposition honnête ou ballon de sonde ? OTH proposerait au Gouvernement de prendre une participation au sein de Djezzy aux côtés d'un opérateur arabe ou du Sud-africain MTN (décidément, il n'est jamais loin, l'opérateur Sud-africain), qui espère toujours réussir sa prise sur la poule aux œufs d'or. Mais, l'opérateur égyptien connaît pertinemment le sort que les Autorités algériennes vont réserver à sa proposition, au demeurant bien «culotée ». Si l'on se réfère aux déclarations faites tout récemment par les ministres des Finances, des PTIC et du Commerce, la seule option qui puisse intéresser pour le moment les Autorités algériennes, c'est le rachat de la totalité des actions détenues par Orascom sur Djezzy. Reste maintenant à trouver réponse à la lancinante question qui se pose dans ce dossier. Quel est le prix que l'Etat algérien est prêt à mettre sur la table pour acquérir Djezzy ? Qui et comment la filiale sera-t-elle estimée ? Et c'est sur ce volet que le Groupe égyptien veut apparemment mettre les bouchées doubles afin de tirer le maximum de bénéfice. Et pour convaincre ses interlocuteurs du prix qu'il met en avant, Orascom se réfère toujours à une prétendue proposition qu'aurait faite MTN lors des négociations entre les deux parties sur la reprise de la filiale algérienne. En effet, selon l'opérateur égyptien, le Sud-africain serait prêt à débourser quelque 7 milliards de dollars pour reprendre l'entreprise en question. Pourtant, des analystes financiers qui ont intervenu sur le sujet estimaient la valeur de Djezzy entre 4 et 5 milliards de dollars. Qu'importe au fait les chiffres puisque l'opérateur égyptien tire dans les deux cas de figures ses marrons du feu. En effet, même à 4 milliards de dollars, Orascom sort vainqueur de cette empoignade avec les Autorités algériennes. Surtout lorsqu'on rappelle que le Groupe égyptien n'avait pas investi grand-chose en s'installant en lançant Djezzy en 1999. Les «facilitations», financières et surtout politiques dont avait bénéficié Orascom à cette époque là, lui avaient permis de s'approprier une place de choix dans le paysage de la téléphonie mobile en Algérie. Il est d'autant plus vrai qu'acheter une licence d'exploitation GSM à 700 millions de dollars avec des financements assurés pour les trois quarts par les Etablissements bancaires publiques algériens n'est pas donné à n'importe quel opérateur. On ne peut également pas oublier les obstacles cachés ou apparents dressés devant l'opérateur public Mobilis pour le freiner dans son développement et par conséquent donner la chance à Djezzy de se placer tranquillement. Et cela ne semble pas empêcher la filiale algérienne du Groupe égyptien de vouloir aujourd'hui se vendre cher à un Gouvernement qui a tout fait pour son «épanouissement».