Les appels fusent de partout pour une plus grande cohésion au sein du G8, d'abord, et du G20 ensuite qui doivent se tenir à Toronto dès le 24 juin, date qui coïncide avec la Fête nationale du Québec. Les rencontres se dérouleront en deux étapes et ont nécessité autour d'un milliard de dollars pour, notamment, une grande toilette de la ville reine et la sécurité des représentants des pays participants alors que le fond de ces sommets est surtout une question de … fonds et de crise financière. Il y a cinq ans, les leaders du G8 ont pris un engagement historique: celui de doubler l'aide internationale consacrée à l'Afrique avant la fin de 2010. À la veille des ouvertures successives du G8 et G20, il manque toujours 18 milliards de dollars pour respecter la promesse d'aide au développement faite en 2005 par les chefs d'État et de gouvernement les plus influents de la planète. L'engagement n'a été rempli qu'à 61%, selon l'OCDE. Pis encore, à moins de deux semaines de la tenue du sommet du G8 à Muskoka, en Ontario, les premiers échos ayant filtré indiquent que la déclaration conjointe des leaders pourrait ne pas faire mention de l'engagement pris à Gleneagles, en Écosse, qui risquerait ainsi de sombrer dans l'oubli. Pourtant, pour sauver les banques et renflouer les économies occidentales, la planète s'est mobilisée et a déboursé 17 000 milliards de dollars en plans de relance et autres initiatives.» Depuis plus de 30 ans, les leaders les plus influents du monde se rencontrent une fois l'an et multiplient les promesses, souvent à l'égard des pays les plus pauvres de la planète. Si les engagements ne sont pas toujours remplis, c'est surtout en raison d'un manque de leadership, estime Ted Schrecker, professeur à la faculté de médecine de l'Université d'Ottawa, spécialiste en santé internationale et en économie mondiale. Et à son tour de se manifester pas plus tard que vendredi. Le président des États-Unis Barack Obama a plaidé auprès de ses partenaires du G20 pour renouer avec les objectifs de ce groupe de pays riches et émergents de rééquilibrer la croissance mondiale et de réformer la finance. «À Toronto, nous nous rencontrerons à un moment de nouveaux défis pour l'économie mondiale. Nous devons agir ensemble pour renforcer la reprise», écrit M. Obama dans sa lettre aux chefs d'État et de gouvernement. Le président américain soulève trois sujets de préoccupation: «les faiblesses considérables» de la demande de certaines économies du G20, l'état des finances publiques et la réforme du système financier. «Une reprise mondiale solide et durable doit être construite sur une demande équilibrée au niveau mondial», souligne M. Obama. Cet objectif était l'essentiel du message du G20 lors du précédent sommet, qu'avaient accueilli les États-Unis à Pittsburgh en septembre dernier. Certains membres du groupe, États-Unis en tête, devaient accroître leur épargne pour moins emprunter à l'étranger. D'autres, la Chine en tête, devaient aider leurs ménages à consommer plus, pour être moins dépendants des exportations. Et l'Europe enfin, devait réformer son économie pour augmenter leur potentiel de croissance. Ces recommandations n'ont pas été suivies d'effets, constate Barack Obama. «Je suis inquiet de la faiblesse de la demande du secteur privé et de la dépendance des exportations toujours très forte dans certains pays qui ont déjà de forts excédents extérieurs», explique-t-il. «Je veux aussi souligner que des taux de change déterminés par le marché sont essentiels pour la vitalité économique mondiale», ajoute-t-il, en référence à la Chine, dont Washington estime qu'elle maintient une valeur artificiellement basse de sa monnaie. Sur la dette publique, Obama a exposé l'exercice ambigu auquel sont contraints les gouvernements. «Il nous faut nous engager en faveur d'ajustements budgétaires qui stabilisent les ratios de dette par rapport au PIB à des niveaux adéquats à moyen terme», écrit-il, rappelant son engagement personnel à y parvenir. Mais, poursuit-il, «nous devons être souples pour ajuster le rythme de la consolidation et apprendre des erreurs commises par le passé, quand les mesures de relance avaient été retirées trop vite». Les plans de rigueur annoncés en Europe ont suscité aux États-Unis des critiques, certains économistes craignant qu'ils étouffent la demande et nuisent à la croissance mondiale. Enfin, le président américain a longuement détaillé ce qu'il attendait d'une réforme efficace du système financier: «pour soutenir la reprise et renforcer la capacité de nos systèmes financiers à apporter le crédit nécessaire (aux entreprises), nous devons maintenir notre détermination à réparer la finance». Cette réforme devrait selon lui mettre en place un «cadre commun» qui permette notamment de «mieux surveiller les marchés dérivés», «d'apporter plus de transparence» et de «réduire la manipulation des marchés» ainsi que de créer des «règles» qui obligeraient le secteur de la finance à supporter tout fardeau dont il pourrait être à l'origine. Les États-Unis, à l'origine de la crise financière et de la récession mondiale, sont engagés depuis plus d'un an dans le chantier de la réforme de leur cadre de régulation financière, le plus ambitieux du G20.