Toronto, Abdelkader DJEBBAR Le G8 et le G20 de Toronto se veulent être de nouveaux points de départ pour de meilleures relations. Un plus grand équilibre mondial et une harmonie plus avancée. Mais une grande question préoccupe le monde entier : y a-t-il reprise économique ? Peu probable quand on constate que l'Europe, par exemple, vit sur un véritable volcan avec ce qui se passe entre autres en Grèce, en Espagne, en Irlande, en Italie, en Grande Bretagne qui sont tout de même parmi les ténors de la Zone euro. Même l'Allemagne se met des gants pour rester accrochée et ne pas être dépassée par les secousses qui ébranlent les voisins du Groupe des 22. La présence à Toronto du président algérien Abdelaziz Bouteflika aux côtés d'autres chefs d'État africains et invités Latino-américains au sein du G8 ou plus précisément en avant première du Sommet, se veut être un nouveau pas pour une plus grande harmonisation Les Dirigeants des principales Nations industrialisées avaient commencé à arriver à Toronto dès jeudi pour les sommets du G8 et du G20. Le Sommet du G8 a débuté vendredi à Huntsville, au Nord de la métropole ontarienne. Les participants avaient tenté de s'entendre sur une aide de plusieurs milliards de dollars pour les femmes défavorisées et les enfants dans les pays en voie de développement. Le sommet s'est déroulé au Centre de villégiature Deerhurst, entouré de lacs, de forêts et d'un terrain de golf, mais aussi d'une imposante barrière de sécurité et de milliers de gardes. Le centre de la ville reine était tout simplement une forteresse aux abords de laquelle pas moins de trois arrestations ont eu lieu la veille pour détention d'armes et engins interdits. Les rues ont été essentiellement libérées de leur trafic habituel. Plusieurs entreprises ont demandé à leurs employés de travailler de la maison et les touristes habituels sont tenus à distance. L'Afrique au G8… L'objectif officiel des leaders devait trouver la meilleure voie pour s'entendre sur le renforcement de leurs systèmes financiers et remettre l'Economie mondiale solidement sur les rails bien que la taxe bancaire prônée par l'Europe semble plus ou moins écartée pour l'instant. Et quand on parle d'économie mondiale, de toute évidence, les pays riches ne pouvaient se rencontrer sans tendre attentivement l'oreille aux pays en développement ou carrément pauvres. Ce n'est une première pour personne, que des chefs d'État africains soient de la partie pour se faire entendre afin que les décisions aient une portée à caractère planétaire pour un équilibre économique entre les différents continents. Pour ce faire, le premier ministre canadien Stephen Harper a invité des leaders Africains, Sud-américains et des Caraïbes à participer à une réunion spéciale du sommet du G8, un pré-G8, en quelque sorte pour une plus grande harmonie entre ce qui est communément appelé le Nord et le Sud. Les invités sont des dirigeants de l'Algérie, l'Égypte, l'Éthiopie, le Malawi, le Nigeria, le Sénégal, l'Afrique du Sud de même que la Colombie, la Jamaïque et Haïti. «C'est une longue tradition qu'au G8, on élabore des solutions crédibles aux défis mondiaux en partenariat avec l'Afrique et d'autres partenaires de la Communauté internationale» a expliqué le premier ministre Canadien qui précise son intention «d'élargir la représentation et de maximiser les résultats concernant les enjeux internationaux en matière de développement ainsi que de la paix et de la sécurité». Le but est de recueillir «un point de vue mondial», avant de prendre des décisions en espérant que les avances des invités ne soient pas là pour juste la «vitrine» ou encore «la poudre aux yeux». Les leaders africains sont donc partie prenante du dialogue avec leurs homologues des pays membres du G8 sur les voies et moyens de renforcer le partenariat Afrique-G8, initié à l'occasion du lancement du Nepad, en 2001. Pour l'Algérie, les chefs d'État et de Gouvernement doivent se pencher particulièrement, sur «les perspectives de réalisation des objectifs de développement du Millénaire, avec un accent particulier sur les mesures à prendre aux niveaux national, régional et mondial pour atteindre de manière effective les objectifs relatifs à la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants, tels qu'ils ont été fixés par la Déclaration du Sommet du Millénaire tenu en 2000». En 2005, les Etats membres du G8 avaient promis, en effet, d'investir 25 milliards de dollars pour rendre les traitements accessibles avant fin 2010. Or, cette promesse n'a pas été respectée. Pour tenter de se racheter aux yeux de la Communauté internationale, ils ont reporté l'échéance, tout en prenant le pari de réunir 60 milliards de dollars avant 2013. Dans la foulée, les engagements consignés dans les plateformes de partenariat adoptées à l'occasion des sommets successifs du G8 ont été évalués. L'autre gros enjeu du Sommet du G8 ont porté sur la Coopération internationale entre les grandes puissances économiques, actuellement minée par les divergences. Selon de nombreux experts, ces trois jours de rencontres au plus haut niveau doivent permettre d'aborder des questions sensibles comme la dette publique, la régulation et la taxation de la finance, ou encore la coordination des politiques économiques dans l'intérêt commun. …Et la Chine au G20 Au sommet du G8, succèdera dès aujourd'hui le sommet du G20. Celui-ci doit balayer une palette de sujets beaucoup plus larges. Le G20 comprend les pays du G8 plus l'Afrique du Sud, l'Arabie Saoudite, l'Argentine, l'Australie, le Brésil, la Chine, la Corée du Sud, l'Inde, l'Indonésie, le Mexique, la Turquie et l'Union européenne. Néanmoins, la collaboration de la Chine est cruciale au succès du Sommet. Sa monnaie et son agenda commercial ont un impact important sur le fonctionnement de l'Economie mondiale bien que la Chine ait déjà procédé à une profonde révision de la valeur du yuan. Le Sommet du G20 discutera d'enjeux économiques, notamment de solutions pour réduire les déficits, stabiliser les Banques et amener les consommateurs asiatiques à ouvrir leur porte-monnaie. La reprise économique est fragile et la concertation entre les Nations est essentielle pour sortir de la crise. Ce sont les grandes lignes de deux entrevues éditoriales que le premier ministre Stephen Harper a accordées à la Presse et à l'Agence de presse QMI à la veille des sommets du G8 et du G20. Le Canada s'est relativement bien tiré de la crise économique, mais les Canadiens doivent demeurer vigilants, soutient le premier ministre. «Les Canadiens doivent vraiment comprendre, je crois qu'ils le comprennent, mais j'insiste quand même que la reprise mondiale est fragile, et que le Canada est une exception avec notre forte croissance et notre forte création d'emploi», a-t-il dit. D'autant plus que l'inquiétude économique pourrait saper cette reprise. «Les marchés sont clairs, confie-t-il cette fois au quotidien de la rue Saint-Jacques. Ils commencent à s'inquiéter au sujet de l'endettement de beaucoup de pays, surtout les pays industrialisés. On doit s'attaquer à ce problème. Il y a des taux d'endettement très élevés dans plusieurs pays. Le Canada est une exception à cet égard», a dit le premier ministre. Seuls les forums comme le G20 peuvent permettre de régler ce problème mondial, notamment en coordonnant les efforts des autres Nations avec ceux de la Chine et des États-Unis, qui, si l'un deux agit unilatéralement, pourrait causer de grave tort aux autres États. «C'est grâce à la solidarité et aux décisions du G20 qu'on a évité une dépression. Rien de moins. L'économie mondiale était en chute libre et tout le monde savait qu'il fallait faire des choses ensemble pour sauver la situation», a ajouté M. Harper dans les pages de La Presse.
