On bouge et on s'énerve en Arizona ! Entre les yeux, en ligne de mire, les immigrants. Surtout les originaires du Mexique, le long de la frontière sud. Là où l'on vit avec un revenu de moins de deux dollars par jour. Là où les barons de la drogue font la loi. Les Mexicains du nord semblent être pris entre deux feux. Chez eux, ils sont en dessous du seuil de pauvreté. Dans l'état de l'Arizona, ils font l'objet de la chasse aux sorcières. Ils sont entre l'arbre et l'écorce. Entre l'enclume et le marteau ! Samedi, Phoenix a été pratiquement scindé en deux parties. Quelque 50 000 manifestants ont dénoncé la loi qui doit entrer en vigueur dès le 29 juillet prochain appelant ainsi au boycott de la loi de lutte contre l'immigration clandestine. De l'autre côté, une contre-manifestation de soutien au texte devait également attirer des milliers de personnes. Ceux qui rejettent le projet de loi sont convaincus de par leur expérience qu'il vise injustement les Hispaniques et ouvre la porte à des interpellations motivées par la couleur de peau. Ses partisans affirment que l'Arizona doit agir parce que le gouvernement fédéral ne le fait pas, alors que cela relève de ses prérogatives. L'administration Obama a l'intention de contester devant les tribunaux une loi controversée sur l'immigration adoptée récemment par l'Etat d'Arizona, a indiqué Hillary Clinton, la chef de la diplomatie américaine, dans un entretien à une télévision équatorienne. «Le président (Barack) Obama s'est prononcé contre la loi, parce qu'il pense que c'est au gouvernement fédéral de déterminer la politique migratoire. Et le ministère de la Justice, sous sa direction, va engager un procès contre la loi», a déclaré Mme Clinton. C'est vraiment le bras de fer qui semble être engagé entre l'État et les États. Le gouverneur de l'Arizona, Jan Brewer, avait signé fin avril cette loi permettant aux policiers d'interpeller tout étranger soupçonné d'être un immigré clandestin. Jusqu'alors, il fallait qu'il ait commis une infraction. Bras de fer Mark Toner, un porte-parole du département d'Etat, interrogé vendredi sur les propos de Mme Clinton, s'est borné à répéter que «les mots de la secrétaire d'Etat parlent d'eux-mêmes», renvoyant au ministère de la Justice pour «plus d'information sur le processus judiciaire. Elle n'a pas dit ceci par erreur». L'administration «continue d'examiner la loi», a déclaré par ailleurs au Washington Post Matthew Miller, un porte-parole du ministère de la Justice. Le président américain Barack Obama a reçu jeudi le gouverneur de l'Arizona, lui signifiant son «inquiétude» au sujet de la loi sur l'immigration qu'elle a promulguée, assimilée par ses adversaires à une légalisation du délit de faciès. M. Obama s'est entretenu pendant plus d'une demi-heure en début d'après-midi avec Jan Brewer, dirigeante de cet État limitrophe du Mexique qui a signé fin avril la fameuse loi qui, globalement dit que tous les immigrants de couleur sont clandestins et particulièrement les latinos fort nombreux dans la région compte tenu de la proximité. Les policiers voient du coup leur liberté d'action plus large. Le président, qui avait déjà manifesté son désaccord avec cette loi «mal avisée», a «répété son inquiétude quant à cette mesure, dont le fait qu'un «patchwork» de règles différentes sur l'immigration selon les États interfèrerait avec la responsabilité du gouvernement fédéral de fixer et de faire respecter la politique d'immigration», selon la Maison-Blanche. Mais M. Obama a aussi dit à Mme Brewer qu'il comprenait «la colère de tous les Américains au sujet du système d'immigration défectueux», a précisé la présidence dans un communiqué diffusé après la réunion. De même source, «le président et le gouverneur sont d'accord sur le fait que l'inaction au niveau fédéral» sur ce problème «est inacceptable». Barack Obama souhaite travailler avec Brewer, «au delà des partis, à une réforme de l'immigration pour appliquer le genre de solution intelligente, sensée et efficace que les Américains attendent et méritent de leur gouvernement fédéral». Pour sa part, Mme Brewer s'est dite «encouragée» par ce qu'elle a analysé comme «un bien meilleur dialogue entre le gouvernement fédéral et l'État d'Arizona». Après l'adoption de cette loi qui a provoqué une levée de boucliers parmi des groupes de défense des droits de l'homme et des associations d'immigrés, ainsi que la colère du président mexicain Felipe Calderon, Obama avait dit souhaiter que la constitutionnalité du texte soit examinée.