Après avoir longtemps manié le bâton pour dissuader les candidats à l'émigration clandestine, les autorités semblent maintenant passer à la carotte. Une soixantaine de postes d'emplois ont été créés au profit des jeunes harragas à Oran, a-t-on appris hier de sources bien informées à la direction de l'Emploi. Des commissions spéciales ont été également mises sur pied pour étudier des dizaines de demandes de jeunes harragas pour la création de micro entreprises. Ces commissions ont pour mission d'accompagner les jeunes pour leur faciliter les procédures d'obtention des crédits bancaires. La direction de l'Emploi dispose aussi de cellules d'écoute et de recensement chargés de l'établissement d'une carte de travail de la wilaya d'Oran en corrélation avec les attentes de cette catégorie de demandeurs d'emploi. Ce changement de stratégie des autorités n'avait pas été décidé du jour au lendemain, mais suite à l'échec constaté sur le terrain de la solution ,de la dissuasion : six mois de prison ferme pour ceux qui tentent de quitter le territoire national par des voies illégales. La pénalisation de l'émigration clandestine par les autorités, comme moyen de mettre un terme à la recrudescence du phénomène des harragas, n'a pas eu les résultats tant attendus. Les autorités espagnoles ont aussi pris de leur coté la décision de renvoyer dans en Algérie les clandestins. Malgré ces mesures exceptionnelles, le traitement policier et judiciaire n'a pas eu d'effet considérable sur le phénomène. Des pics ont été atteints en 2007 et 2008 avant de voir la courbe descendre de manière assez sensible. Durant l'année 2007, les gardes-côtes algériennes ont arrêté 1.530 harragas et découvert 86 cadavres rejetés par la mer. Depuis les choses commencent à changer. Les derniers recensements des gardes-côtes ont démontré une sensible baisse des tentatives de l'émigration clandestine à destination des côtes espagnoles ces derniers mois à Oran. Les gardes-côtes ont arrêtés une soixantaine de jeunes candidats à la harga depuis le début de l'année en cours contre 233 en 2009. Cette régression de l'immigration clandestine n'est pas seulement le fruit des efforts des gardes-côtes et la coopération des autorités espagnoles mais il y a surtout le manque d'emplois en Espagne à cause de la crise économique internationale qui a dissuadé les jeunes à tenter l'aventure pour traverser la méditerranée. La récession économique qui frappe les pays du sud de l'Europe (Espagne, Portugal, Italie et la Grèce) a même poussé de nombreux ressortissants algériens en situation régulière de revenir au bled.