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La réunion du G20 les 26/27 juin 2010 à Toronto, face à la crise de l'endettement des Etats : Refonte du système économique international ou replâtrage ?
2ème partie et fin Le G20 regroupant les pays les plus riches de la planète représentant 87% du PIB mondial, 60% de la population de la planète mais 10% seulement des Etats, se réunira à Toronto'(Canada) les 26/27 juin 2010, pour examiner les solutions face à la crise qui ébranle l'économie mondiale dans son ensemble. 2.2.- Face à cette situation quelles perspectives ? Les Etats développés misent sur une forte croissance, pour pouvoir réduire les déficits budgétaires et diminuer l'endettement public, mais si la croissance ne dépasse pas 1 à 2% par an sur les années à venir, comment rembourser la dette? Certes existant d'autres options pour réduire la dette publique comme la pression fiscale ; mais le risque est la récession à la lumière de l'expérience nipponne de 1996 et la réduction des dépenses publiques, mais se heurtant aux mouvements sociaux. Alors certains évoquent le recours à l'inflation comme une solution, les différents Etats au cours de leur histoire ayant eu souvent eu recours à la dette, pour faire face à de fortes dépenses, comme les guerres par exemple, mais après des périodes de fortes augmentations, la part de la dette dans le PIB, a été rapidement réduite, principalement en raison d'une forte hausse de l'inflation qui réduit la valeur réelle de la dette publique. Selon l'INSEE, pour la France un point d'inflation en plus donne autant de recettes fiscales qu'un point de croissance supplémentaire et dans sa note de conjoncture due de mai 2010, la Deutsche Bank note qu'une accélération de l'inflation de 2 à 8% entraînerait une baisse de 21% de la valeur de la dette publique, mais avec le risque d'une hyperinflation compte d'une hausse inévitable du taux d'intérêt des nouvelles obligations. Mais l'inflation ne se décrète pas et est le produit de la régulation Or, à la différence de la période historique des Etats Nations, l'économie actuelle est globale et surtout l'introduction des pays émergents à très forte population comme la Chine, l'Inde, le Brésil dont le cout salarial est extrêmement bas , expliquant que les banques centrales ont beau injecter des centaines de milliards de liquidité contribuant certes à des bulles d'actifs détruisant ainsi la liquidité injectée mais ayant un impact limité sur le processus inflationniste. Dès lors, l'inflation afin de réduire l'endettement ne peut provenir que de la mise en place des taxes à l'importation expliquant les mesures récentes d'une taxe carbone, des droits et taxes des USA et de l'Europe vis à vis de la Chine afin de pousser ce pays à accepter de réévaluer sa monnaie. Cependant, la valeur du dollar actuellement est largement tributaire de la Chine, tout dépendant du maintien de la signature des Etats Unis et de sa capacité à refinancer ses déficits en recourant à l'endettement extérieur. C'est que la résistance actuelle du dollar face à l'euro, mais surtout dans les années à venir (la situation actuelle étant conjoncturelle) est liée à la liquidation par les investisseurs américains de leurs positions sur les marchés financiers internationaux. Mais demain, tout dépendra de l‘attitude de la Chine, premier créancier des Etats Unis. Devançant le Japon, la Chine, forte de réserves de change considérables de plus de 2.000 milliards de dollar est le premier créancier mondial des États-Unis. Selon la FED, au 1er mars 2009, elle détenait 712 milliards de dollars de bons du Trésor. Si la Chine suspend l'achat de bons du Trésor, la valeur de ses avoirs libellés en dollars baissera fortement affectant par ricochet sa situation économique, car toute récession américaine, ne peut qu'entrainer une baisse des exportations chinoises d'où en termes géo stratégiques, le futur duo à la fois solidaire et contradictoire Chine/USA horizon 2015/2020. Comme conséquence, si le scenario du repli sur soi se réalise, l'on pourrait assister à plus de croissance à court terme en termes d'Etats Nations pris individuellement de plus d'inflation, permettant une dette publique maîtrisée mais durant une courte période avec le risque d'une implosion de l'endettement à moyen et long terme, la période pouvant être rallongée pour le cas de la Chine ou l'Inde du fait de l'importance de leur marché intérieur, mais avec des pertes de gain de compétitivité. Car, ces mesures protectionnistes et certaines dévaluations ou réévaluations par zones ( ne pouvant se faire que lorsque la monnaie est autonome -dollar, livre sterling, yen , Yuan- mais pas individuellement au niveau de chaque pays de la zone euro, puisque la monnaie est commune expliquant le dilemme grecque), s'ils ont un impact également sur la relance de l'économie interne à chaque zone ( re- localiser du travail quitte à ce que les produits soient plus chers), ne feront que diminuer le taux de croissance à l'échelle mondiale pénalisant d'ailleurs les pays pauvres et émergents à moyen terme . Par ailleurs, outre les tensions monétaires par zones géographiques homogènes, cela va à contrecourant des règles de l'Organisation mondiale du commerce et de la mondialisation, ce qui ne va pas pour les dévaluations successives et l'hyperinflation allemande par exemple, expliquant le traumatisme psychosociologique des dirigeants allemands misant sur la rigueur budgétaire, plus largement a été dévastateur pour l'économie mondiale dans son ensemble sans compter les risques sociaux et politiques à terme : les guerres ont été malheureusement utilisées comme solution aux crises d'endettement des Etats avec l'émergence de régimes nationalistes d'extrême droite fachistes. Conclusion – pour la refonte du système économique mondial : Comme le note avec pertinence l'économiste Jean Marc Vittori dans le financier français, les Echos en date du 10 juin 2009, « il flotte comme un étrange parfum d'irréalité. Alors que le monde entier affronte une profonde récession après avoir encaissé un choc financier colossal, tout se passe comme si la page avait déjà été tournée. Même s'il serait plus agréable de proclamer que la crise est finie, force est de constater qu'elle ne fait que commencer. La dette fait des trous partout, dans les comptes des entreprises, des particuliers, des Etats. Nous nous comportons comme un malade qui sortirait de l'hôpital juste après avoir réchappé d'un infarctus, sans avoir changé ni son régime alimentaire ni son mode de vie, sans même avoir fait les examens nécessaires pour vérifier qu'il ne court plus de risque à court terme. Nous n'avons pas tiré les leçons de la crise. Au risque de subir très vite un choc encore plus grand ». Contrairement aux discours, pour Günther Bräunig, membre du conseil de la Banque de reconstruction allemande (KfW), lors d'une Conférence sur la finance à Francfort, le 06 juin 2009, et cela s'est accéléré durant tout le premier semestre 2010, les Banques recommencent à nouveau offrir des titrisations, c'est-à-dire la vente d'obligations de crédit ou des risques qui leur sont liés, tout en faisant miroiter de fortes rémunérations, qui ne sont offertes que sur les marchés à très hauts risques , ce qui risquent d'accélérer le déclin de la sphère réelle , tout en poussant à des besoins énormes de financement. Aussi, face à la fois à ce déséquilibre planétaire Nord/Sud préjudiciable à l'avenir de l'humanité, les dirigeants du Sud étant grandement responsables faute d'une bonne gouvernance dont une grande corruption et à cet endettement croissant se pose un véritable dilemme non résolu tant par la théorie que la politique économique : comment concilier un déficit budgétaire facteur de croissance et une rigueur budgétaire permettant de limiter l'inflation et éviter de freiner la croissance. Les politiques dans le cadre des Etats Nations en ce XXIème siècle, s'avérant inefficaces, la solution la plus fiable est une nouvelle régulation institutionnelle supranationale de l'économie mondiale évitant les effets pervers du marché liant la dynamique économique et la dynamique sociale, la sphère réelle et financière afin de permettre un sacrifice partagé face aux ajustements sociaux nécessaires, condition d'un retour à la croissance mondiale, mais nécessairement différent dans sa structure par rapport à l'ère de la matérialité du XXème siècle et tenant compte d'un nouveau modèle de consommation énergétique. Aussi s'agit –il de s'attaquer au fondement même du système économique mondial, en évitant des replâtrages qui ne peuvent que conduire à différer la crise qui est une crise systémique. * Docteur Abderrahmane MEBTOUL Professeur d'Université en management stratégique –Algérie - [email protected]