Les plus grands laboratoires pharmaceutiques mettent les bouchées doubles pour produire les premiers lots de vaccins. Depuis l'apparition au mois d'avril du virus, H1N1 de la grippe A, dite aussi grippe porcine, les laboratoires pharmaceutiques livrent une véritable bataille pour concevoir un vaccin efficace afin d'enrayer cette pandémie. Ainsi, les plus grands laboratoires du monde à l'instar de Novartis, de Sanofi-Aventis ou encore GlaxoSmithKline (GSK) mettent les bouchées doubles pour produire les premiers lots de vaccins dans les quelques mois à venir et commencer leur livraison aux pays qui en ont fait la commande. Toutefois, un problème subsiste. Comment permettre aux pays pauvres de faire face à la pandémie de la grippe A? Cette question est l'objet de discussions intensives entre l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et ces laboratoires. Car, selon les spécialistes, dans ces régions le virus est encore plus propice à la propagation, tant elles manquent cruellement de ressources et d'infrastructures pour faire face à une pandémie. Environ 85% des personnes souffrant de maladies chroniques se situent dans les pays en voie de développement, ce qui signifie une augmentation significative du nombre de personnes exposées au risque d'infections graves ou mortelles par le virus H1N1 dans ces régions. De plus, procéder à une vaste campagne de vaccination dans les régions du Sud ou les pays dits développés, actuellement les plus touchés par le virus, ne suffirait pas pour enrayer la maladie sans une vaccination des populations du Nord. En outre, l'OMS estime que 4,9 milliards de doses de vaccin contre la grippe A pourraient être fabriquées dans les douze prochains mois. Chaque dose coûterait entre 7 et 11 euros selon certains spécialistes qui précisent que le prix du traitement complet pourrait être supérieur au cas où deux doses seraient nécessaires pour assurer une protection suffisante. Et si l'on prend à titre d'exemple les quelque 800 millions d'habitants rien que pour la population subsaharienne qui nécessite la vaccination d'au moins 70 à 75%, le coût de la campagne de vaccination sera exorbitant pour la plupart des pays en développement. Quel que soit l'avis, le coût d'une campagne de vaccination sera prohibitif pour la plupart des pays en développement. Au regard de cette nouvelle menace, l'OMS a appelé les laboratoires à faire preuve de générosité envers les pays pauvres. Des arguments qui ont fait plier certains groupes pharmaceutiques, à l'instar de Sanofi-Aventis. Chris Viehbacher, le président-directeur général de ce dernier a annoncé le 17 juin dernier un don de 100 millions de doses de vaccin contre la grippe A et la grippe aviaire aux pays en développement, soit 10% de sa production conformément aux souhaits exprimés par l'OMS. «Nous sommes face à une crise globale qui justifie des mesures exceptionnelles», a déclaré Wayne Pisano, président-directeur général de Sanofi Pasteur, division vaccins du groupe pharmaceutique français. Et il a annoncé que le groupe n'hésitera pas à accroître son aide si la pandémie venait à s'aggraver. «Nous avons conclu des accords de long terme pour la livraison de vaccins avec quatre pays: la France, les Etats-Unis, l'Australie et l'Italie, qui seront servis en priorité», a-t-il expliqué. Le laboratoire américain Baxter s'est engagé de son côté à «affecter une part de sa production au profit des plus vulnérables» alors que GSK a réaffirmé son intention de convertir un don de 50 millions de vaccins contre la grippe aviaire en vaccins contre la grippe A. Des positions qui tranchent avec celle du poids lourd de la pharmacie, Novartis. Le groupe suisse a catégoriquement déclaré qu'il n'envisageait pas de faire un don de vaccins contre la grippe A. Néanmoins, le groupe s'est dit prêt, tout au plus, à faire des rabais. Deniel Vasella, président du comité de direction, justifié cette position en déclarant que «pour rendre la production viable, il faut créer des incitations financières».