Rachida T. L'Algérie semble devenir un mauvais élève en matière de climat des affaires. Elle ne cesse de collectionner les mauvais points en dépit du grand potentiel de l'économie nationale et de ses colossales réserves de changes. Le marché algérien, que l'on croyait très attrayant du fait des gros capitaux injectés par l'Etat, n'est, au regard de la Banque mondiale, pas si compétitif qu'on aurait tendance à le croire, puisque l'Algérie traine au bas du classement en matière de compétitivité économique. Selon le dernier rapport de la Banque mondiale, notre pays a reculé dans le classement mondial en matière de compétitivité économique de la 81ème place en 2007 à la 99ème l'année dernière sur une liste de 134 pays. L'Algérie a perdu ainsi 18 points en une seule année. Plus inquiétant, l'économie algérienne est classée, en termes d'efficacité, à la 113ème position. Les principales faiblesses du pays, selon le rapport, restent le secteur des services financiers, le climat général des affaires et la pesante bureaucratie qui ralentissent le rythme des réformes économiques. Autre cause de la dégringolade de l'Algérie dans le classement de la Banque mondiale est le durcissement des conditions du commerce extérieur annoncé fin 2008 par le gouvernement, dans le souci de contenir l'explosion de la facture des importations qui avait atteint un niveau record de 40 milliards de dollars. La mesure la plus controversée demeure l'imposition aux sociétés étrangères d'import-export de s'associer à des partenaires algériens à hauteur de 30% au minimum de leur capital social. Le mariage forcé pour l'import-export étranger en Algérie a poussé de nombreux investisseurs à plier bagages pour aller chercher des opportunités sous d'autres cieux, en particulier chez nos voisins tunisiens et marocains. Le décret exécutif relatif «aux conditions d'exercice des activités d'importation des matières premières, produits et marchandises destinés à la revente en l'état par des sociétés commerciales dont les associés ou les actionnaires sont des étrangers» est paru au Journal officiel n°30. Dans son article 2, il est stipulé que «ces sociétés ne peuvent exercer les activités d'importation de ces produits que si 30% au minimum de leur capital social sont détenus par des personnes physiques de nationalité algérienne ou par des personnes morales dont l'ensemble des associés ou actionnaires sont de nationalité algérienne». Les réactions La réaction des investisseurs étrangers, et notamment européens, ne s'est pas fait attendre. Les Allemands, par le biais du directeur de leur Chambre de commerce en Algérie, ont annoncé dernièrement le gel de leurs investissements en Algérie. Côté italien, les entreprises sont dans l'expectative et attendent pour se prononcer. La réaction la plus vigoureuse est venue des Français qui ont multiplié les hostilités dans l'espoir de faire pression sur le gouvernement. Preuve de cette montée de la contestation parmi les investisseurs français, la détérioration des relations bilatérales entre les deux pays ces derniers mois. Pour revenir au dernier rapport de la Banque mondiale, il faut signaler que l'Algérie ne cesse de reculer dans le classement depuis 2006. Durant cette même année, elle avait fait un léger bond dans le classement relatif à la compétitivité économique internationale qu'établit, chaque année, le très influent Forum de Davos sur la base d'une enquête d'opinion auprès de 11.000 chefs d'entreprise activant dans pas moins de 125 pays. L'Algérie, qui figurait, en 2005, à la 82e place, a progressé, en 2006, de quelque 6 points en se positionnant au 76e rang des pays les plus compétitifs de la planète, rappelle-t-on. Le dernier rapport de la Banque mondiale note que l'économie algérienne accuse un retard monumental dans la mise en œuvre des réformes, soulignant que la quasi-totalité des indicateurs économiques actuels sont négatifs. Il révèle, toutefois, que l'Algérie a évolué en matière d'environnement macroéconomique, d'infrastructures de base, d'éducation et de santé. Elle a été ainsi classée en 84ème position en matière des infrastructures grâce, bien sûr, à la hausse du prix de pétrole. En ce qui concerne les indicateurs concernant les secteurs de la santé et l'éducation, l'Algérie vient à la 76ème position. R.T.