L'année 2006 a atteint le point de son extinction. Le monde s'en est-il pour autant porté mieux ? Sans nul doute que le secrétaire général de l'ONU va s'en aller avec le sentiment du devoir inaccompli car il laisse en état d'aggravation tous les conflits qu'il avait trouvé lors de sa nomination à ce poste. L'année 2006 a été caractérisée par la guerre meurtrière menée par Israël contre le Liban et la Palestine, particulièrement à Gaza. Israël affirme avoir livré la guerre contre deux partis "extrémistes", à savoir le Hizbollah et Hamas, comme par hasard, les deux inscrits sur la liste américaine des organisations terroristes. Dans ces deux pays, l'intervention calculée d'Israël y ensemence les germes de la guerre civile ; clivage pro et anti-syrien au Liban ; clivage Hamas-fatah en Palestine. Les pays occidentaux dans ces deux cas se sont alignés sur Israël en brandissant le principe de la garantie de la sécurité pour Israël et son droit à se défendre. Dans les deux cas, ils ont accusé les agressés. Ils ont accusé le Hizbollah d'entretenir une milice armée pour mettre en péril la sécurité d'Israël et d'avoir une position hégémonique au Liban. Ils ont accusé Hamas d'entretenir une milice armée pour mettre les populations israéliennes dans l'insécurité et surtout de chercher la destruction d'Israël refusant de reconnaître cet Etat. Et pourtant, l'ordre des choses est inversé. C'est d'abord à Israël qu'ils doivent demander de reconnaître l'Etat palestinien, ou plutôt, de ne pas s'opposer à la création de l'Etat palestinien. L'année 2006 s'achève donc, laissant le Liban et la Palestine au bord du précipice. L'année 2006 s'achève sur la continuité du drame du Darfour, et sur un autre drame qui s'annonce en Somalie dont la guerre civile dure depuis 1991. Le drame Somalien sort de sa dimension nationale pour son internationalisation, avec l'entrée en lice des troupes éthiopiennes en Somalie en appui aux forces gouvernementales de transition. L'Ethiopie a trouvé un alibi, celui de se prémunir contre l'extension de la menace islamiste, donc fatalement du terrorisme. Or, l'Erythrée, en conflit périodique avec l'Ethiopie, épouse la cause des forces des tribunaux islamistes somaliens. Il y a donc une guerre internationale qui s'annonce dans la corne de l'Afrique, avec une Somalie à la fois arabe et africaine. L'UA, la Ligue arabe et l'ONU vont se concerter. Mais il faut relever l'impuissance de l'ONU à solutionner les conflits. L'impuissance relève de ce que l'Assemblée générale de l'ONU n'a aucun pouvoir sur le Conseil de la sécurité. Cela fait soixante années que l'ONU fonctionne de la même façon, avec la même impuissance. L'année 2006 devait être celle de la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU, mais les demandes dans ce sens ne peuvent pas aboutir. Il suffit qu'un seul membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU s'oppose aux réformes pour que ces dernières n'aient pas lieu. N'oublions pas non plus la vague rose, celle de la gauche, qui commence à déferler sur l'Amérique latine, vague portée par plus de nationalisme économique, plus d'Etat, plus de souveraineté. L'année 2006 a vu également les rapprochements Amérique latine-Aslo, Afrique-monde arabe, c'est-à-dire la montée d'une conscience sud-sud. N'oublions pas non plus un autre grand événement qui lie la défaite des républicains au sentiment que les forces armées américaines sont en train de perdre la guerre. Quelle implication sur la situation en Irak de la future "pendaison" de Saddam.