Le nomadisme, principal mode de vie de l'essentiel de la population du Hodna, tend depuis trois décennies à disparaître dans cette vaste région steppique qui n'a pas échappé aux mouvements d'urbanisation tous azimuts. Aujourd'hui, seules de petites communautés vivant dans la localité de Zerzour limitrophe de Biskra et dans la région de Sidi M'hamed demeurent à M'sila fidèles à ce genre de vie lié à la transhumance, affirment les services de l'agriculture dont les statistiques estiment à quelques centaines la totalité de ces nomades. Aux enfants de ces nomades en âge d'aller à l'école, les services concernés proposent des internats dans les écoles pour les accueillir. Pour leur majorité, les éleveurs de M'sila se sont dès lors sédentarisés renonçant à l'incessante et traditionnelle recherche par leurs aïeux des pâturages pour leurs troupeaux. Cette quête des prairies les menait en été du sud saharien vers le tell au climat plus clément. Durant le reste de l'année, ils étaient également contraints de se déplacer continuellement vers les steppes aux ressources végétales infimes. A l'occasion de la grande transhumance estivale de jadis les nomades, accompagnés de leurs enfants, femmes, troupeaux et tentes, se mettaient en branle vers le nord dans de longues caravanes qui s'établissaient généralement sur de vastes champs de blé fraîchement moissonnés. Ils louaient ces champs jusqu'à l'automne vers la fin duquel ils regagnaient leurs quartiers d'hiver dans la steppe du Hodna. Chaque tribu avait sa caravane. Celles des Souamaa, des El-Hamalat, des Ouled Madhi et des Ouled Ferah étaient les plus connues. Leurs destinées préférées étaient les plaines de Constantine, Khenchela, Oum El Bouaghi et Tébessa, se souviennent les plus âgés. Les universitaires du département de sociologie de l'université Mohamed Boudiaf de M'sila expliquent sommairement le phénomène du déclin de ce mode de vie et d'économie faute, affirment-ils, d'étude de terrain. Toutefois, ils estiment que parmi les facteurs mis en cause figurent en bonne place la révolution agraire des années 70 qui avait nationalisé de vastes terres agricoles dont celles traditionnellement louées par ces nomades. La disponibilité de l'aliment de bétail a aidé en outre à la fixation de ces communautés qui rentraient dans leur frais en vendant un seul ovin pour alimenter dix autres pendant tout un mois, est-il noté. Les programmes publics de développement des zones rurales qui avaient permis le rapprochement des équipements de services publics (éducation, administration, santé, poste) ont contribué largement à cette sédentarisation et à ce changement. De même, les actions de développement des steppes (abreuvoirs, plantations pastorales) engagées par des organismes d'envergure nationale ont participé à rendre moins utiles les grands mouvements de troupeaux, explique-t-on.