le marché de l'acier semble bien orienté. D'après une analyse du crédit suisse, la croissance de l'offre d'acier sur les dix derniers mois est en hausse de 5,6%, et la croissance de la demande est bien supérieure encore. La différence est telle que même un ralentissement de la croissance économique ne serait pas suffisant pour réduire significativement la demande d'acier, tant les besoins d'investissement dans les infrastructures des pays émergents sont gigantesques Tout monte sur le marché de l'acier : la production, la consommation, et bien sûr les prix. Les cours ont crû de 25% sur le marché londonien des métaux depuis le lancement des premiers contrats, il y a deux mois. Pour le moment, quelques centaines de lots seulement sont échangés quotidiennement. Malgré son peu de représentativité en termes de volumes, cette nouvelle cotation reflète bien les tensions croissantes sur une matière où les prix sont encore à 99% fixés ou dictés par les sidérurgistes. Ce mois-ci, un fabricant français d'armature doit payer 700 euros la tonne d'acier qui ne valait que 400 euros en décembre. Première cause de cette envolée : le déséquilibre persistant entre l'offre et la demande. Depuis le début du millénaire les hauts fourneaux n'ont pas chômé, la production globale est passée de 850 à 1 300 millions de tonnes. La demande évolue plus vite encore, en moyenne elle croît de 7% par an. L'acier qui est de loin le métal le plus consommé dans le monde témoigne assez bien de l'ampleur du méga chantier de l'industrialisation des pays émergents. Car c'est la construction des routes, des ponts, des chemins de fer, des bureaux, des usines qui absorbe la majeure part de la production.La demande d'acier est en progression de 7% par an depuis 2002. La production mondiale est ainsi passée de 850 millions de tonnes d'acier en 2001 à 1 344 millions de tonnes en 2007, soit une croissance de près de 60%. Pour vous donner un chiffre concret, en 2007, la planète a consommé près de 200 kg d'acier par personne. Enfin, l'Institut international du fer et de l'acier anticipe pour 2008 une hausse de la demande d'acier de 6,7%.La sidérurgie a les capacités d'y répondre mais en mettant le prix à l'achat des matières premières de base, à savoir le charbon et le fer. Le prix du charbon a triplé en un an, et celui du fer augmentera au minimum de 65% en 2008. Un surenchérissement des coûts que les aciéristes répercutent sur leurs clients. L'industrie est confrontée à de véritables goulots d'étranglement. En Italie plusieurs usines ont été récemment arrêtées en raison de la pénurie de ferraille, la matière employée à la place du fer pour fabriquer les billettes d'acier. Ces produits semi-finis sont destinés au bâtiment. Comme la hausse de la ferraille devrait se poursuivre dans les prochains mois, on peut s'attendre à un véritable feu d'artifice sur le marché de Londres.