Si on vous parle de la musique “Fondou ” ne la confondez surtout pas avec la fado” qui est une musique du début du XIXe siècle, née dans les quartiers populaires de Lisbonne, dans les milieux de la prostitution et du jeu avant de gagner les salons de la noblesse et de la bourgeoisie naissante. Le “ Fondou ” en revanche est né de l'inspiration d'une seule personne, Abdelaziz Abdallah, Alias Alla, un béchari qui a eu une histoire particulière avec sa contrée et un instrument musical, le oud ou le luth. D'abord le nom de “Fondou” lui est sorti des vocables de son enfance lui qui a vu son père labourer dans une mine des houillères du Sud - Oranais qui s'appelait Fond 2. Contrairement au Fado, la musique “ Fondou ” est relativement jeune, à peine trentenaire. Le petit Alla comme tous les artistes qui ont une muse qui leur dicte les sonorités qu'ils jouent, écoutait dans son enfance la musique durant les longues soirées des fêtes nuptiales dans les quartiers populaires de Debdaba, Gouray, Béchar-Djedid et notamment Laksar, un quartier de Béchar où il a passé son enfance dans le manoir parental. A béchar quand le luth grésille, l'assistance se tait comme si elle était dans une cérémonie religieuse. Cette musique qui a été définitivement consacrée par Alla, a été auparavant colportée un peu partout dans les régions du sud, durant une décennie par cassettes audio interposées. Comme le rai, le fado ou autres, le Fondou était au départ une musique populaire qui s'exécutait dans les cercles restreints de mariages et de cérémonies privées. C'est par la suite que ce style lyrique a dépassé les frontières en ayant énormément d'adeptes de par le monde. Alla est né le 15 juin 1946 à Béchar. Très jeune il fut obligé de quitter l'école et de gagner sa vie en bourlinguant et en dénichant des petits boulots comme apprenti électricien, boulanger, barman... Parallèlement, Alla est habité par la musique. C'est ainsi qu'à l'âge de 16 ans, il fabrique son propre oud à l'aide d'un bidon, de câbles et de bouts de bois. En dépit de ses moyens de fortune, il se crée un style s'inspirant aussi bien de l'Orient que de l'Afrique. En 1972, il achète son premier vrai oud et commence très vite à se produire en public. Aucun de ses concerts ne ressemble à un autre. Tout est basé sur l'inspiration, la douleur ou la joie du moment. La musique d'Alla échappe selon le luthiste irakien, Bachir Mounir, aux règles de la musique arabe. Sitôt son nouveau genre musical révélé, un éditeur privé le prit en charge et le lança sur le marché local puis national. Le succès vint rapidement au point même où de longs morceaux de ces enregistrements sont diffusés en guise d'intermèdes à la télévision. D'autres extraits musicaux du même artiste seront utilisés par de nombreuses émissions radiophoniques. En 1993 à Paris, où il vit toujours, Alla se fait connaître en tant que virtuose du Oud, lors d'un récital donné dans la prestigieuse salle de l'Unesco à l'occasion d'une exposition sur la Casbah d'Alger. Lors de cette soirée, Alla capta l'attention puis l'admiration du public présent et reçut une décoration de cette institution mondiale. A travers plusieurs albums dont notamment Taghit, Zahra, Tanakoult et bien d'autres, la musique de Alla, un assemblage d'airs arabe et africain, charme toujours le mélomane. Son style, non académique, reste d'une grande sensibilité et son jeu du oud une référence en la matière.