La musique fado s'invite à Alger à partir d'aujourd'hui, au Théâtre de verdure Laâdi-Flici, avec au menu trois somptueuses chanteuses... Ce «chant profond du manque», comme il est présenté, ne manquera pas de faire naître en vous des belles sensations exquises où mélancolie se conjuguera au ravissement des mélodies. Le fado, en effet, a été colporté par les marins au long cours. Il semble que ce soit un peu tout cela à la fois. Plus qu'un chant, c'est une complainte qui interroge un destin contre lequel on n'y peut rien. Le terme «fado» est d'ailleurs issu du latin fatum (l'inéluctable destin). L'amour inaccompli, la jalousie, la nostalgie des morts et du passé, la difficulté à vivre, le chagrin, l'exil...en sont les thèmes récurrents. Le fado est un genre musical portugais qui prend la forme d'un chant mélancolique généralement accompagné par des instruments à cordes pincées. Ce chant fut d'abord chanté dans les quartiers mal famés avant d'atteindre la bourgeoisie. Le fado fut le chant national du Portugal à l'époque du dictateur Salazar. Selon certains, il serait apparu à partir du Fadao marin, un chant entonné par les marins portugais. Pour d'autres, il serait la synthèse de genres musicaux brésiliens très en vogue à Lisbonne au XVIIIe siècle, comme le lundum et la modinha. La première chanteuse de fado dont on eut connaissance fut Maria Savera qui vécut la première moitié du XIXe siècle. Aussi, après les nuits du tango, le voyage musical continue avec le programme culturel de l'établissement Arts et Culture. Cette fois, le public est invité à la découverte des musiques du monde avec une musique nosologique importée du Vieux Continent. Le fado fait escale à l'auditorium du complexe culturel Laâdi-Flici, avec trois voix féminines du pays qui a vu naître ce chant profond du Portugal. Au menu, pour ce soir, la chanteuse Carla Pires qui viendra à partir de 21h vous charmer avec sa belle voix et sa prestance sur scène. Très médiatisée, cette chanteuse fut en 2002 invitée à participer au plus grand événement musical jamais produit au Portugal, Amalia, dans lequel elle joua le rôle de la jeune Amalia Rodrigues, âgée d'environ 4 ans. Comme l'Irlande, les Iles du Cap-Vert, à la côte ouest de l'Afrique, ont transformé la nostalgie de l'immigration et la douleur de la séparation en une forme musicale par excellence. Aussi de cette île, viendra la chanteuse Carmen Souza pour vous enivrer ce soir encore. La jeune star montante, une re-génération de la diva Cesaria Evora, saura vous toucher en apportant les mêmes émotions mais avec des pulsations différentes de son aînée. Carmen de Souza est désormais la nouvelle sensation du fado africain, une révélation qui a fait des vagues en 2005 lors du grand festival World, Womadà Reading en Angleterre, festival dont le parrain et créateur est Peter Gabrielle. Carmen a appris ses premières notes de musique et acquis la grâce de sa voix en attendant le retour de son père marin, des ports lointains après des mois d'absence. Le mardi 06 mai rebelote, le Théâtre de verdure abritera de nouveau un nouveau concert avec la chanteuse Bevinda. Celle-ci depuis son premier album, Fatum, incarne le fado traditionnel et la «saudade», avec sa voix chaude et poignante jusqu'au récent Luz, où la gravité de la tradition se mêle à une écriture musicale et poétique contemporaine. Bevinda propose un parcours musical au travers des titres les plus marquants de son répertoire. Migration d'un fado imagière rêvé, naviguant sur les caravelles, contemporanéités, voyage lusophone aux escales atlantiques et méditerranéennes, nostalgie en errance, Bevida chante tout ça. Auteur-compositeur-interprète, elle nous plonge au coeur de ses racines portugaises et du fado traditionnel en nous embarquant aussi jusqu'à ses cimes et ses chemins tortueux qui mènent vers l'âme...Des concerts à ne pas manquer!