Richesse n Véritable produit du terroir, la musique du luthiste Alla, plus connue sous le vocable de fondou, est l'un des genres les plus en vogue dans la Saoura. Cette musique a pris son envol dans les années 1970, en s'imposant d'abord lors des fêtes nuptiales organisées dans les quartiers populaires de Debdaba, Gouray, Béchar-Djedid. Mais aussi et surtout à Laksar, où l'artiste Alla a passé le plus clair de sa jeunesse. Tout jeune, Alla prenait part à ces soirées festives en compagnie de nombreux autres musiciens, avant de créer son propre genre musical, en jouant en solo du luth. Et comme le veut la bienséance, dès les premières notes, un silence religieux s'installe pour laisser place aux sonorités dégagées par le luth de celui qui allait être bientôt sacré maître du fondou. Diffusées un peu partout dans les régions du Sud, ces mélodies ont très vite des milliers de fans. Le vocable fondou proviendrait d'une prononciation approximative de «fond deux», surnom donné au père de Alla, qui travaillait comme mineur au niveau du fond numéro 2 des houillères du Sud. Cette musique est donc le pur produit de Abdelaziz Abdallah, alias Alla, qui s'est inspiré des sonorités africaines et arabes. Selon le grand luthiste irakien Bachir Mounir, Alla est «un luthiste exceptionnel, dont le jeu échappe aux règles de la musique arabe». Le virtuose est né le 15 juin 1946 à Béchar. Sitôt son nouveau genre musical révélé, un éditeur privé le prend en charge et le lance sur le marché local puis national. Avec le succès que l'on sait. En 1993 à Paris, où il vit toujours, Alla se fait connaître en tant que virtuose du oud, lors d'un récital donné dans la prestigieuse salle de l'Unesco à l'occasion d'une exposition sur la Casbah d'Alger. Lors de cette soirée, Alla capta l'attention puis l'admiration du public présent et reçut une décoration de l'Unesco. Pour les nombreux invités présents, ce fut la grande découverte et le fondou fit son entrée dans l'arène artistique internationale. A travers plusieurs albums dont notamment Taghit, Zahra, Tanakoult et bien d'autres, la musique de Alla charme toujours, vu sa sonorité très spéciale. Avec le temps et l'expérience acquise grâce à plusieurs tournées à travers le monde, Alla est même devenu le maître incontesté du oud dans l'aire arabe actuelle. Son style, non encore académique, reste d'une grande sensibilité de par ses airs improvisés, mais qui se complètent, démontrant ainsi le génie de cet artiste sexagénaire au talent reconnu par les plus grands.