Alors que le consensus n'est pas encore acquis du côté de la rive sud, l'Union pour la Méditerranée met, à nouveau, son principal défenseur, le président Nicolas Sarkozy, à rude épreuve au sein de l'Union européenne. Mardi prochain, la Commission européenne donnera sa réponse sur ses projections et la conception que les 27 se font du projet d'Union pour la Méditerranée. Les pronostics des observateurs tablent, d'ores et déjà, sur des divergences de taille qui élargissent le fossé entre Paris et Bruxelles quant à l'ossature principale de l'édifice institutionnel qui aura à encadrer le futur ensemble régional du bassin méditerranéen inspiré par le président français. Si, dans sa feuille de route initiale, Nicolas Sarkozy a jeté son dévolu sur le président égyptien, Hosni Moubarak, comme coprésident de la structure, aux côtés d'un président de la rive Nord, (ce dernier pouvant être fort probablement l'actuel locataire de l'Elysée), cette idée ne semble pas faire l'unanimité au sein des 27. Des sources au sein des hautes sphères de l'UE ont déjà averti que plusieurs pays européens s'apprêtent à balayer du revers de la main la proposition de Paris. Pour cela, apparemment, la Commission européenne va signifier une fin de non recevoir à Nicolas Sarkozy quant à son souhait d'intégrer l'homme fort du Caire à la tête de la pyramide de l'UPM. Ainsi, même si les vingt-sept ont décidé d'accepter à ce que la future Union pour la Méditerranée soit pilotée par deux co-présidents, un du Sud et un du Nord et, aussi, à ce que pour le Sud du bassin "la Commission européenne ne conteste pas qu'il devra s'agir d'un chef d'Etat en exercice", mais les interrogations demeurent d'actualité à Bruxelles quant à savoir qui parmi les présidents ou chefs de gouvernements des pays du Sud peut faire consensus. Une source proche de Bruxelles a laissé entendre l'état d'âme des 27 en déclarant que "si la France promeut la candidature du président égyptien Hosni Moubarak pour deux ans, cela ne fait pas l'unanimité dans les pays du pourtour Sud de la Méditerranée". Donc, le choix préalable de Moubarak ne fait pas l'unanimité, non seulement au Nord, mais aussi au Sud, et là, l'on avance des pays comme la Syrie et la Libye qui ne seraient pas favorable à la désignation du chef d'Etat égyptien. La désignation de Tunis pour abriter le siège du secrétariat général de l'UPM, lui aussi semble confronté à des oppositions au Nord. "Le secrétariat qui sera chargé de piloter l'UPM suscite également des avis divergents parmi les capitales", a-t-on fait savoir du côté de Bruxelles. Les mêmes sources ont laissé entendre que la Commission européenne compte proposer le siège du secrétariat général de l'UPM à Bruxelles, "pour des raisons d'efficacité". Cette proposition, en tout cas, n'est pas faite pour enchanter le président français et certains cercles parisiens, ont fait savoir déjà que l'entourage que "si on veut faire échouer le projet de l'Union pour la Méditerranée, on fait installer le siège du secrétariat général à Bruxelles". La France, en tout cas, a toujours insisté sur son choix quant à l'installation du siège en question dans la capitale tunisienne. Ceci au moment où Paris cherche à obtenir l'adhésion de l'Algérie au projet alors que cette dernière n'a pas encore donné son dernier mot quant à cette UPM. Pour Alger, la réussite du projet en question est conditionnée par plusieurs points qui doivent être réglés préalablement, à l'instar du conflit au Sahara occidental et la question palestinienne entre autres.