L'aventure humaine, culturelle et scientifique de Béjaïa et sa région depuis la préhistoire jusqu'au XIXe siècle, est célébrée à travers une exposition, présentée sous le thème “Béjaïa, centre de transmission du savoir”, ouverte, samedi au musée “Bordj-musée”, au chef-lieu de wilaya. “C'est un condensé d'histoire, un puzzle reconstitué qui dit des choses mais qui interpelle aussi pour rendre cette histoire plus loquace”, a expliqué le commissaire de l'exposition, le professeur Aïssani, président de l'association universitaire de “Géhimab”.Il est proposé aux scientifiques (historiens, anthropologues, géographes, hydrauliciens,...), a-t-il dit à ce titre, l'ébauche d'une trentaine de sujets de recherches. “Leur singularité réside dans le fait qu'ils n'isolent pas Béjaïa dans ses limites géographiques mais l'insèrent plutôt dans une vision à la fois nationale et internationale”. L'exposition présentée à Alger, dans le cadre de la manifestation “Alger, capitale de la culture Arabe”, et qui va devoir pérégriner ultérieurement dans d'autres wilayas, notamment, Sétif, M'sila, Constantine et Tlemcen, fait la part belle, à leur apport, et la communion partagée à travers l'histoire. La manifestation, en effet, est une immersion dans la mémoire collective nationale. Elle se propose d'aller au-delà du monologue, en proposant le déroulement d'un paysage en plusieurs dimensions qui restitue le fait historique mais le fait aussi parler. Conçue, dans une chronique scénographique chatoyante, l'exposition par des tableaux, des objets ou des témoignages d'époque apporte un éclairage loquace sur “les fastes de sa longue histoire”. Béjaïa a été le lieu qui a forgé la popularisation des chiffres arabes en Europe, grâce à l'Italien Léonardo Fibonnacci (1170-1240) qui a appris la science auprès de maîtres locaux émérites. Elle a été la capitale du Maghreb, sous le règne du prince Hamadite “En-Nacer” en 1067. Et c'est dans son antre que le projet de conquête de l'Andalousie a germé entre El-Mehdi Ibn-Toumert et son général Abdelmoumen Ibn Ali. La région a fait figure de milieu scientifique notoire et a accueilli des érudits de notoriété universelle, parmi lesquels figurent Ibn Khaldoun, le poète Sicilien Ibn Hamdis, le philosophe Catalan Raymond Lulle ou l'astronome andalous Ibn-Raqqam. Parmi les autorités culturelles et scientifiques, on lui compte 99 personnages, qui lui ont valu l'appellation de “petite Mecque”. Béjaïa s'est distinguée également dans la transcription des premiers manuscrits en berbère, l'innovation architecturale et musicale pendant des années, que M. Aïssani, décrit comme “une période fantastique de raffinement et d'aventure intellectuelle”, particulièrement au Moyen Age, considéré comme l'âge d'or de la ville. La préhistoire n'est pas en reste de ce foisonnement de la science comme en témoignent les nombreux sites et gisements et objets découverts. Le patrimoine le plus illustre en la matière étant les figurines d'Afalou (Melbou), considérées comme les plus anciennes manifestations artistiques du monde, a précisé, M. Aïssani, qui les fixe à l'ère des Iberomaurusies (20.000 à 10 000 ans) avant Jésus Christ. Le voyage est “fascinant”. Autant d'étapes et de moments forts auxquels le public est convié, guidé par des spécialistes, de surcroît, qui font du voyage un moment fort de découvertes et de fascinations. Placée sous le parrainage de ministère de la Culture, l'exposition a été produite par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH-Alger) avec le concours de l'association “Gehimab”.