Le ministre de l'Energie et des Mines et président de l'Opep, M. Chakib Khelil, a rejeté une nouvelle fois, hier, toute responsabilité de l'organisation dans la hausse des cours du pétrole, assurant que les marchés étaient correctement approvisionnés et que la hausse des prix était due à la spéculation, à la faiblesse du dollar et aux tensions géopolitiques. Sur la base des fondamentaux, il n'y a pas de raison pour que le marché soit volatile, a-t-il souligné, précisant que la spéculation était responsable de 30% de l'augmentation. "Nous sommes en équilibre entre l'offre et la demande", a déclaré le président de l'Opep, hier, au forum d'El Moudjahid. M. Khelil, qui ne prévoit aucune réunion de l'organisation avant celle de septembre, a indiqué que lors de cette réunion les pays membres étudieront le marché et agiront en conséquence. L'Opep décidera, selon lui, d'une augmentation s'il y aura une réelle demande. Cependant, M. Khelil a souligné qu'à son avis il n'y aura pas d'augmentation, compte tenu de la physionomie du marché. Il rappellera, à ce titre, les prévisions de l'Opep et celles de l'AIE qui toutes deux tablent sur un recul de la demande. Concernant la récente décision de l'Arabie Saoudite d'opérer une augmentation de 300 000 barils/j, l'invité d'El Moudjahid a indiqué que cette décision est celle d'un pays souverain et qu'il n'avait pas à la commenter. Toutefois, il a précisé qu'elle n'aura aucune incidence sur le marché. Une augmentation n'a de sens que si elle répond à une demande, ce qui n'est pas le cas, selon lui. Une instabilité du marché n'est dans l'intêret ni des producteurs ni des consommateurs, a-t-il conclu, insistant sur le défi majeur qui concerne tout le monde et qui est l'investissement. Sur ce chapitre, M. Khelil a indiqué que l'Algérie a déjà réalisé 31 milliards de dollars d'investissement dont 16 milliards de dollars en partenariat. Les 3/4 de ces investissements concernent l'exploration. Par ailleurs, il a ajouté que les perspectives à moyen terme (2008 2012) portent sur un programme de base de 40 milliards de dollars et un programme complémentaire de 20 milliards de dollars. L'Algérie, a déclaré le ministre, a exporté pour 48 millions tep d'hydrocarbures. Ce qui correspond à un accroissement de 56% par rapport à l'année précédente. Cet accroissement a permis de réaliser des recettes s'élevant à 27,2 milliards de dollars sur les quatre premiers mois de l'année. Si la tendance continue sur le même rythme, l'Algérie réalisera sur l'année 2008 le chiffre de 81 milliards de dollars de recettes d'hydrocarbures. Sur ces quatre mois, la fiscalité pétrolière a été de l'ordre de 1 258 milliards de dinars. Pour M. Khelil, l'année 2009 aura un grand impact sur la croissance. Cette année verra l'augmentation des capacités d'exportation du gazoduc vers la Tunisie mais surtout, elle coïncide avec l'entrée en service du Medgaz. Le ministre a rappelé, à cet égard, que Sonatrach et ses partenaires dans le projet se battent actuellement contre le recours des sociétés espagnoles Gas Natural et Repsol concernant la levée des restrictions décidée par la CNE espagnole sur Sonatrach. Le ministre a, par ailleurs, indiqué qu'aucun accord n'a, pour le moment, été trouvé dans le conflit sur les prix du gaz entre Sonatrach et Gas Natural. Cette question des prix du gaz est d'autant plus importante que l'écart entre le gaz et le pétrole sur lequel il est indexé s'agrandi. Au début du conflit avec Gas Natural, le pétrole était à 50 dollars. Aujourd'hui, il est à 120 dollars. Les prix du gaz doivent changer, a insisté M. Khelil. Ces prix ne reflètent pas le marché. Pour M. Khelil, la sécurité de l'approvisionnement doit se payer. L'Algérie a donc décidé d'opter pour les contrats à cour terme. C'est là la meilleure solution, selon le ministre, qui a souligné que les contrats à long terme poussent souvent vers l'arbitrage. En plus les prix des contrats à long terme sont beaucoup plus bas que ceux du marché spot. Concernant la prochaine réunion du Forum des exportateurs de gaz qui doit se tenir en juin en Russie, le ministre a déclaré que ce sera l'occasion de parler du renforcement de la structure pour lui donner plus de consistance. Se refusant à parler d'une Opep du gaz, M. Khelil a préféré parler d'un forum doté d'une nouvelle organisation et de nouvelles missions.