Le Conseil économique et social des Nations unies (Ecosoc) a appelé à agir en urgence contre la flambée des prix des produits alimentaires dans le monde. Lors d'une réunion sur la crise alimentaire dans le monde, l'Ecosoc a appelé à donner "la priorité et l'attention à long terme pour résoudre les problèmes de la pauvreté et de la famine". Le Conseil a notamment demandé aux pays riches de "cesser de saper l'environnement des pays les plus pauvres par le biais des subventions agricoles et du dumping". Le président de l'Ecosoc, Leo Merores, a indiqué, au cours de la réunion, que le monde dispose du savoir-faire et des expertises nécessaires pour lutter contre la crise alimentaire, mais a besoin de rassembler la volonté politique et les ressources pour assurer l'application d'une solution durable en faveur des millions de personnes qui souffrent. "C'est l'heure d'entreprendre des actions", a-t-il insisté, mettant l'accent sur les actions, les besoins humanitaires et la production agricole à long terme. Pour sa part, la vice-secrétaire générale de l'ONU, Asha-Rose Migiro, a indiqué que la crise a affecté 930 millions de personnes, dont 100 millions dans la pauvreté absolue. "Cela représente sept ans de perte dans la lutte mondiale contre la pauvreté et la famine", a-t-elle fait savoir, ajoutant que les progrès obtenus dans le cadre des Objectifs du millénaire pour le développement (MDG) ont été effacés.Pour sa part, la commission européenne a estimé, mardi, que les prix des denrées alimentaires ont commencé à diminuer par rapport aux pics records enregistrés mais que cette tendance se poursuivra sans que les cours ne retombent à leur faible niveau antérieur. Dans une communication proposant des solutions politiques au niveau européen pour limiter les conséquences de l'augmentation des prix mondiaux des produits alimentaires, l'exécutif constate que "les prix ont commencé à diminuer par rapport aux pics récents" et prévoit que "cette tendance va se confirmer et que les marchés vont se stabiliser". Néanmoins, elle ne s'attend pas à ce que les prix reviennent à leurs faibles niveaux du passé en déclin durant une trentaine d'année. Les pays en développement, qui sont des importateurs nets de denrées alimentaires, ont été les plus touchés, tandis que les exportateurs nets ont généralement profité de ces augmentations. La hausse des prix "n'a pas encore donné lieu à des pénuries, mais elle s'est traduite par une aggravation de la pauvreté", de la malnutrition et de la vulnérabilité des populations les plus pauvres à de nouvelles perturbations extérieures. Toutefois, estime le document de la commission, à moyen et long termes, la progression des prix pourrait offrir de nouvelles opportunités de revenus pour les agriculteurs du monde en développement et accroître la contribution de l'agriculture à la croissance économique. Dans le volet international de la politique que propose l'exécutif, il est prévu des initiatives destinées à contribuer à l'effort mondial de lutte contre les effets des augmentations des prix sur les populations pauvres, la poursuite d'une politique commerciale ouverte offrant un accès préférentiel au marché de l'UE pour les pays les plus pauvres du monde, une réaction rapide aux besoins humanitaires à court terme, le ciblage de l'aide au développement sur des projets à plus long terme afin de revitaliser l'agriculture dans les pays en développement. L'UE, pour sa part, devrait prendre des initiatives visant à accroître la production agricole et à assurer la sécurité alimentaire, notamment par la promotion de nouvelles générations de biocarburants durables, et des initiatives destinées à contribuer à l'effort mondial pour lutter contre les effets des augmentations des prix sur les populations pauvres. S'agissant de l'objectif que s'est fixée l'UE d'introduire 10% de biocarburants dans les transports d'ici 2020, une des causes de cette flambée des prix, il pourrait être révisé mais pas abandonné. "L'objectif n'a jamais été d'atteindre 10 % de biocarburants à tout prix, mais d'atteindre 10% de biocarburants dans des conditions strictes. Ces conditions impliquent notamment un programme viable, réalisable et solide, et la viabilité commerciale des biocarburants de seconde génération", affirme l'exécutif. Ce programme durable au niveau de l'UE fait, actuellement, l'objet de discussions au sein du Conseil et du Parlement européen dans le sens où il faudra faire en sorte que ''la production n'ait pas d'effets secondaires néfastes, et devra être solide et réaliste''. Mais la commission estime qu'avec ou sans l'objectif de 10 % pour l'Union, la production mondiale de biocarburants continuera d'augmenter. ''L'Europe doit s'efforcer de tout mettre en œuvre pour montrer qu'un programme viable peut fonctionner et pour assurer une transition rapide vers la nouvelle génération de biocarburants'' qui ne détourne pas les cultures vivrières vers des agro-carburants. Elle souligne qu'actuellement, dans le secteur des transports, les biocarburants sont la seule solution alternative aux combustibles fossiles non durables. L'objectif de l'UE pour des biocarburants durables doit jouer un rôle déterminant pour lui permettre de réduire ses émissions de CO2 de 20 % d'ici à 2020, souligne la communication de la commission qui sera soumise à l'approbation du sommet du 19 juin prochain.