L'ambassadeur, représentant permanent de l'Algérie auprès des Nations unies, M. Youcef Yousfi, a appelé mercredi dernier à new York à «consacrer dans les faits le droit à l'alimentation comme un des piliers des droits de l'Homme». Intervenant devant la réunion spéciale du Conseil économique et social de l'Organisation des Nations unies (Ecosoc) consacrée à la crise alimentaire mondiale, M. Yousfi a indiqué que «la communauté internationale doit soutenir la concrétisation progressive du droit à l'alimentation dans le contexte de la sécurité alimentaire et plus largement de la sécurité humaine», rapporte l'APS. Considérant que «la priorité immédiate est de nature humanitaire», l'intervenant a estimé que celle-ci consiste à répondre aux besoins immédiats des populations en matière de nourriture et produits de première nécessité et ce, à travers l'augmentation de l'aide alimentaire aux pays les plus démunis. Parallèlement, ajoutera l'ambassadeur algérien, les Nations unies se doivent aussi d'explorer des solutions à plus long terme, notamment à travers «l'amélioration des productivités». Tout en rappelant que l'Algérie souscrit à la déclaration faite par Antigua et Barbuda au nom du groupe des 77 et de la Chine, ajoute l'APS, le représentant de l'Algérie à l'organisation onusienne a tenu à noter qu'avant que cette crise ne se fasse sentir, 850 millions de personnes dans le monde étaient déjà très mal nourries. «La crise actuelle ne fait que contribuer à aggraver le nombre des plus pauvres et, par voie de conséquence, des mal nourris», a-t-il fait observer. Abordant l'origine de cette crise, objet de préoccupations mondiales depuis quelques mois, M. Yousfi désignera des facteurs «endogènes et exogènes» liés principalement au monopole grandissant qu'exercent certains groupes internationaux sur les produits agricoles de base tels que les céréales, le lait, les oléagineux et les semences. «Contrairement à certaines assertions, ce ne sont pas les prix du pétrole qui sont la cause directe de l'augmentation brutale des produits agricoles, même si les coûts de production sont affectés dans une certaine mesure par ceux de l'énergie», affirme M. Yousfi, qui relève que dans les faits et en termes réels, les augmentations des prix des produits de base ont été supérieures à celles du pétrole. Entre autres causes de cette crise, il cite notamment la baisse de la production agricole dans les pays en développement suite aux politiques agricoles suivies selon «la doctrine sévère des avantages comparatifs», dictée par l'Organisations mondiale du commerce (OMC) et les organisations financières internationales. Une situation, a-t-il noté, qui s'est négativement répercutée sur «les cultures vivrières et l'agriculture locale qui ont été abandonnées ou orientées vers des cultures spéculatives». Et de conclure en exprimant le souhait de l'Algérie de voir que les efforts coordonnés du système des Nations unies et des institutions financières et commerciales internationales soient en mesure de contribuer à la résolution de cette crise. «Des mesures ont été d'ores et déjà prises à titre unilatéral par les Etats touchés pour éviter les répercussions de cette crise. Ces mesures devraient être accompagnées sur le plan international par des actions soutenues qui devraient porter sur le court et le long terme», soulignera-t-il avant de plaider pour la nécessité d'une «coordination étroite pour assurer les complémentarités entre les politiques nationales et internationales relatives aux productions agricoles de large consommation pour réduire l'impact de la crise». M. C.