Un rapport a été publié le 12 mai, par Romain Gneiss, Jérémy Hajdenberg et Maïa Renchon, de Cap Afrique, lequel se penche sur la dynamique du Private equity en Afrique. Un secteur dont la distribution est assez hétérogène sur le continent, avec le pic sud-africain (8,6 milliards de dollars de capital sous investissements en 2006), la timidité nord-africaine et le retard de l'Afrique de l'Ouest francophone. En effet la rentabilité dégagée de la plupart des fonds était conforme aux attentes, avec des TRI supérieurs à 25%. D'où l'afflux de fonds privés vers l'Afrique qui a attiré l'année dernière 3 milliards de dollars, soit 0,6% du total mondial. Un chiffre inimaginable il y a quelques années. Les auteurs de l'étude les situent plutôt dans les économies les plus profondes et les plus sophistiquées, avec une activité généralement centrée sur le capital développement et, à la marge, des opérations à effet de levier (LBO) dans les pays où le marché de la dette est suffisamment développé. Les prises de participations sont parfois majoritaires, avec des tickets allant de 20 à 500 millions de dollars. Parallèlement, soulignent les auteurs de l'étude, on assiste à l'apparition de fonds d'investissements publics, les fameux fonds souverains. Philosophie de ces acteurs : investir de plus en plus dans des participations au capital des sociétés privées, plutôt que dans des bons de Trésor émis par les pays industrialisés. Et parmi les fonds souverains les plus en vue en Afrique figure le China-Africa Developpement Fund et ses 4 milliards de dollars. Selon certains analystes, c'est en réponse à la présence grandissante de la Chine que les Etats-Unis auraient eux aussi lancé un fonds souverain de 750 millions de dollars spécialisé sur l'Afrique. Pour des motivations diverses, la Libye a rejoint le train en marche en créant son propre fonds, abondé à hauteur de 40 milliards de dollars dont cinq consacrés à l'Afrique. Ces dynamiques s'accompagnent d'une augmentation de la taille moyenne des fonds (jusqu'à 3 milliards de dollars avec le Panafrican Infrastructure developpement Fund). Cependant le rapport note que depuis 7 ans, les fonds sous gestion y ont connu une augmentation de 9% en moyenne par an et les levées de fonds ont fortement augmenté, atteignant le record de 1,7 milliard en 2006, soit autant que la somme des cinq années précédentes. Ce dynamisme du private equity s'est renforcé grâce à la généralisation du black economic empowerment, lequel concentre désormais 41% des fonds sous gestion. En outre, le rapport illustre cette montée en puissance du capital investissement au pays de l'arc-en-ciel dans la success story d'Ethos Private Equity, premier fonds sud-africain créé en 1984. En 2006, à l'occasion de sa sixième levée de fonds, Ethos a levé 845 millions de dollars, soit 55 fois plus qu'en 1992, date de sa première opération de fundraising. Fin 2007, la structure a annoncé l'acquisition, avec Goldman Sachs, de Gold Reef Resorts, société de tourisme et de loisirs, pour 1,4 milliard de dollars, soit la plus grosse transaction jamais réalisée en Afrique du Sud. Une opération en phase avec toutes les projections réalisées sur le marché sud-africain, dont celle de la banque d'affaires Merril Lynch qui estimait que 50% des entreprises étudiées dans ce pays offraient des taux de rendement internes supérieurs à 15%. Toutefois les fonds préfèrent la zone anglophone parce que, souligne le rapport, "le climat d'affaires est moins favorable en zone francophone, et la croissance moins forte." Quant à l'Afrique du Nord, elle n'attire en définitive que 8% des actifs sous gestion ; cela malgré la présence des acteurs locaux assez reconnus comme North Africa Venture Capital. Pour l'avenir, l'approfondissement des marchés africains s'oriente vers le secteur tertiaire, les services financiers et le marché immobilier.