Selon une récente étude de CAPafrique, les volumes d'actifs gérés sur le continent par des fonds d'investissement s'élevaient à 8,6 milliards de dollars à la fin de 2006. Avec une rentabilité dégagée en moyenne à 25%. De quoi attirer de nouveaux opérateurs. Entre 2006 et 2007, les levées de fonds ont augmenté de 22%.Il y a encore peu, les fonds investissant étaient quasi inexistants en Afrique. Aujourd'hui, ils sont de plus en plus nombreux, notamment depuis le début de l'année 2007.Le capital-investissement (ou private equity), procédé par lequel un fonds d'investissement entre au capital d'une entreprise pour plusieurs années avant de revendre sa participation, est aujourd'hui un mode de financement en croissance rapide en Afrique. Il répond à un besoin fort des entreprises africaines, à la fois d'accéder à des capitaux de long terme et de bénéficier d'un accompagnement stratégique. De plus, il séduit des investisseurs en quête de diversification de leur portefeuille et de forts rendements.Attirés par une rentabilité élevée (plusieurs fonds ont eu une performance supérieure à 25 %), un nombre croissant d'investisseurs privés internationaux (notamment américains, arabes ou russes), mais aussi locaux (sud-africains, nigérians et maghrébins), sont aujourd'hui prêts à prendre le relais des bailleurs de fonds publics qui ont lancé le mouvement d'investissement dans les années 1990. Résultat : les levées de fonds au bénéfice des pays africains en 2007 ont été de 3 milliards de dollars (+ 22 % par rapport à 2006). Fait inimaginable il y a encore quelques années, l'Afrique attire désormais les fonds de capital-investissement dédiés aux marchés émergents (7 %) au même titre que l'Amérique latine (8 %) ou la Russie (10 %) ; l'Asie du Sud-Est restant la destination numéro un (58 %).Dans un contexte africain souvent difficile, la réussite de chaque entreprise accompagnée, qui vient confirmer le fort potentiel des entrepreneurs locaux, prend valeur d'exemple et de démonstration. Ceci vaut aussi bien pour les grands groupes que pour des PME. L'amélioration du climat des affaires et du cadre juridique, fiscal et administratif pourrait démultiplier les effets vertueux du capital-investissement sur le continent, notamment dans certaines zones encore fortement délaissées comme l'Afrique de l'Ouest francophone. Ce serait souhaitable car si les fonds participent, par leurs investissements, à la diversification des économies africaines, ils s'intéressent pour l'essentiel à quelques grands marchés anglophones (Afrique du Sud, Nigeria) ou du Maghreb (Algérie ,Maroc, Egypte, Tunisie). De plus, leur action est, pour l'instant, concentrée sur certains secteurs phares (télécoms, services financiers, distribution) et sur des entreprises mûres, de taille importante pour l'Afrique (le niveau moyen d'investissement est de 5,6 millions de dollars). En outre, l'investissement dans des créations d'entreprises (capital-risque au sens strict) reste l'exception, avec seulement 14 % des fonds investis. C'est regrettable car le tissu de PME (existantes ou en création) a besoin d'être renforcé, ces dernières ayant un rôle essentiel à jouer pour le développement économique et social du continent. On peut craindre par ailleurs, si la base visée n'est pas élargie, que les fonds disponibles ne deviennent, à terme, supérieurs aux bons projets d'investissement. Les bailleurs de fonds publics, qui en sont conscients, pourraient y répondre en finançant une partie des frais d'approche des fonds quand ces derniers travaillent avec des PME ou des start-up, et le coût de l'assistance technique dont elles ont souvent besoin. Les investisseurs financiers commencent donc à anticiper un succès futur pour l'Afrique. Ils cessent d'associer systématiquement l'Afrique aux flux de capitaux en provenance de l'aide internationale. Investir sur les marchés financiers africains reste cependant un véritable challenge pour les non experts. L'euphorie qui se développe autour de ces fonds africains n'est pas sans comporter de risques. Les informations disponibles sont souvent diffuses et disparates, les législations locales varient de pays en pays et peuvent être complexes. Les managers de fonds se doivent d'avoir une réelle connaissance et expérience locale, une connaissance des marchés.