Le général Michel Souleïmane, commandant en chef de l'armée libanaise, a été élu hier à la présidence du Liban par les députés, au terme de six mois de vacance du pouvoir à la tête de l'Etat. L'élection de ce chrétien maronite âgé de 59 ans, l'un des rares symboles d'unité de ce pays, a été rendue possible par l'accord négocié cette semaine à Doha, au Qatar.La crise politique entre la coalition, majoritaire au Parlement, et l'opposition conduite par le Hezbollah, avait jusque là bloqué la désignation du successeur d'Emile Lahoud, dont le mandat a expiré en novembre dernier. A 19 reprises, l'élection du président par les députés avait dû être différée en raison de l'impossibilité de réunir le quorum nécessaire. Le Parlement n'a plus siégé depuis plus d'un an et demi. La session parlementaire qui a consacré Michel Souleïmane onzième président du Liban débutera à 14h00 GMT. L'armée a renforcé le dispositif de sécurité dans la capitale, bloquant les accès au Parlement situé dans le sud de la ville. "Si Dieu le veut, avec l'élection du président, le Liban entrera dans une période de stabilité et de calme", a déclaré Amr Moussa, le secrétaire général de la Ligue arabe, à son arrivé à Beyrouth où il doit assister au vote.L'émir du Qatar et son Premier ministre, qui n'ont pas ménagé leurs efforts pour que les discussions interlibanaises aboutissent, seront présents, de même que les ministres des Affaires étrangères de la Syrie, de l'Arabie saoudite, de la France, de la Turquie et de l'Iran. L'Arabie saoudite et la France soutiennent l'actuel gouvernement de Fouad Siniora, tandis que la Syrie et l'Iran appuient eux l'opposition.L'accord de Doha, fruit d'une médiation conduite au nom de la Ligue arabe par les autorités qataries, désamorce les tensions très vives au Liban qui ont dégénéré au début du mois en affrontements meurtriers dans les rues de Beyrouth et de Tripoli, notamment. Il propose également un espoir de sortie de l'impasse politique dans laquelle le Liban est plongé depuis novembre 2006 et la démission des six ministres de l'opposition face au refus de la coalition antisyrienne de leur accorder un droit de veto sur les décisions du gouvernement Siniora. L'accord de Doha prévoit également la formation d'un gouvernement d'unité nationale et l'élaboration d'une nouvelle loi électorale avant les élections législatives de 2009. Nommé commandant en chef de l'armée libanaise en décembre 1998, alors que la Syrie contrôlait le Liban, Souleïmane a été étroitement associé aux préparatifs du retrait, sous la pression libanaise et internationale, des forces syriennes en 2005 après l'assassinat de Rafic Hariri et a supervisé le redéploiement de l'armée dans tout le Liban. Une fois élu à la présidence, son principal défi sera de tenter de réconcilier la majorité parlementaire et l'opposition. Il devra aussi s'attaquer aux questions en suspens qui menacent la cohésion du Liban, à commencer par le désarmement du Hezbollah. La milice chiite, qui combattait alors la présence israélienne au Sud-Liban, a été la seule autorisée à conserver ses armes après la fin de la guerre civile. Mais ses adversaires réclament aujourd'hui son désarmement. Le général sera investi ses nouvelles fonctions dans la foulée de son élection par le parlement, devant lequel il prononcera un discours. Une fois élu, il renoncera à ses fonctions à la tête de l'armée. Sa première tâche consistera à nommer un nouveau Premier ministre. Saad Hariri, chef de file de la majorité parlementaire et fils du Premier ministre assassiné, figure en tête de liste. "Je ne peux sauver seul notre pays. C'est une mission qui concerne tout le monde. Elle relève de la responsabilité de tous les Libanais, les citoyens avant les politiciens", a prévenu cette semaine le "général-président" dans le quotidien As Safir.