L'élection d'un nouveau chef de l'Etat libanais a de nouveau été repoussée jeudi soir, mais une sortie de crise semble possible avec le consensus qui s'est dégagé autour de le la candidature du chef de l'armée, le général Michel Sleimane. C'est un chrétien maronite et la présidence est réservée, selon la tradition, à un membre de cette communauté confessionnelle. En annonçant le report de la séance parlementaire au 7 décembre, le président du Parlement, Nabih Berri, chiite d'Amal, paraissait, contrairement aux cinq reports précédents, confiant. Peu avant l'annonce de ce nouveau report, Michel Aoun, le chef du Courant patriotique libre chrétien, avait affirmé appuyer le général Michel Sleimane, le commandant en chef de l'armée libanaise, autour duquel ont tourné les tractations entre les divers camps libanais depuis le départ d'Emile Lahoud à l'expiration de son mandat le 23 novembre à minuit. Aoun a donc retiré sa candidature soutenue par le Hezbollah, le chef de file de l'opposition, mais rejetée par la majorité pro-occidentale. Le Liban devrait auparavant lever un obstacle constitutionnel. L'élection du général Sleimane nécessiterait un amendement constitutionnel, car en vertu de l'article 49 de la Constitution, il est interdit aux hauts fonctionnaires de devenir chef de l'Etat, sauf s'ils démissionnent de leur poste deux ans avant l'élection. Mais le Liban a l'habitude de ces raccourcis. L'élection et la réélection de l'ex-président Lahoud, également ancien chef de l'armée, avaient requis en 1998 et 2004 des amendements. Le gouvernement de Fouad Siniora que le chef de l'armée avait invité à poursuivre son travail après le départ de Lahoud, va présenter l'amendement au Parlement et bien qu'il soit considéré comme illégitime par l'opposition depuis la démission des ministres chiites du gouvernement en novembre 2006. Le Hezbollah avait lié la candidature du chef de l'armée à l'approbation de Aoun, ce qui a été fait. Depuis sa nomination à la tête de l'armée en 1998 par Lahoud, le général Sleimane a su garder ses troupes unies et s'est efforcé de maintenir l'institution militaire à l'écart de la lutte pour le pouvoir qui divise la classe politique libanaise. Bien que certains l'accusent d'être un allié de Damas, le général Sleimane est resté neutre lors de la crise autour de la présidentielle, appelant ses troupes après le départ de Lahoud à ignorer les disputes politiques. La crise libanaise interprétée comme un prolongement du bras de fer opposant les Etats-Unis à la Syrie et à l'Iran, devrait donc prendre fin en fin de semaine. D. B.