Que prévoit le nouveau système comptable ? Quelles sont les directives et les mesures prises ? A six mois de son entrée en vigueur personne, hormis ses rédacteurs, ne connaît le contenu du nouveau texte qui va régir la vie des entreprises pour de nombreuses années. En effet, et si impératif soit-il pour la gestion des entreprises, le nouveau Plan comptable national n'a pas encore été publié, Or, pour les entreprises "le Plan comptable est l'équivalent d'une Constitution pour un Etat. Il ne s'agit pas d'une simple loi à appliquer mais d'une série de dispositions, souvent nouvelles et complexes, à comprendre et à intégrer dans le fonctionnement de la comptabilité de l'entreprise", explique le directeur des finances d'une entreprise nationale. D'où l'inquiétude qui prime de plus en plus sur les directeurs financiers et les services de comptabilité, dont le seul document qui circule parmi eux n'est qu'une première version non validée, datée de juillet 2006. C'est la première fois depuis 1975 que le Plan comptable national va subir des modifications majeures. "Même si le Plan comptable est publié dans quelques jours, sa mise en application dès janvier est tout simplement impossible", explique un banquier. La cause, d'après lui, est relative, entre autres, à "l'ancien système qui se base sur le coût historique, le prix d'achat initial. Or, le nouveau Plan, selon ce qui se dit, prévoit la réévaluation du prix sur la base de la valeur réelle du produit. Dans la théorie c'est facile, mais dans la pratique, les choses sont plus complexes", souligne le même banquier. L'application du nouveau Plan est plus épineuse encore dans les grandes entreprises possédant un Système d'information (SI) avancé, car les informaticiens seront dans l'impératif de travailler pendant de nombreux mois en vue d'intégrer de nouveaux paramètres permettant la mise en conformité du système d'information avec ce nouveau système comptable. Autre souci pour les professionnels qui devront choisir des logiciels auprès de fournisseurs étrangers, qui proposent parfois des solutions peu adaptées à des prix très élevés. Plus inquiétant encore, les commissaires aux comptes n'ont toujours pas été formés au nouveau plan. Or, c'est à eux que reviendra la charge de procéder au contrôle des comptes des entreprises selon les nouvelles normes. Enfin, le gouvernement, à travers ce nouveau projet, entend intégrer les normes comptables internationales IFRS dans les finances des entreprises. Ces normes sont destinées aux entreprises cotées en Bourse car elles leur permettraient une lecture universelle et facile des comptes. Cependant, les entreprises non cotées sur les places financières ne sont pas dans l'obligation de publier leurs comptes aux normes IFRS. En Algérie, de grandes sociétés privées ont déjà mis en place les normes IFRS. Ces entreprises le font car elles ont besoin de cette norme pour rassurer les investisseurs et leurs partenaires étrangers. Mais, une petite PME algérienne ou une entreprise publique qui sert uniquement le marché local a-t-elle réellement besoin de publier des comptes aux normes IFRS ?