L'entrée en vigueur du nouveau Système comptable et financier en Algérie, depuis le premier du mois en cours, suscite toujours des interrogations, notamment en termes de maîtrise du système par les comptables. Son démarrage se fait au ralenti en raison du manque de formation de ces derniers. Les entreprises nationales ne semblent pas être prêtes à accueillir cette nouveauté dans les meilleures conditions. Le programme de formation destiné à initier les professionnels de la comptabilité aux nouvelles normes IFRS avance à un rythme très lent, puisque seulement 20% de la population ciblée a été formée jusque-là. Le président de l'ordre des experts comptables, M. Hamdi Mohamed Lamine, a indiqué, lors d'une conférence de presse animée, hier, au forum d'El Moudjahid, qu'à peine 87 000 professionnels de la comptabilité ont été formés jusque-là, alors que "nous devons mener cette action pour 600 000 professionnels de ce secteur entre les indépendants et les salariés". En effet, les besoins de formation dans le secteur économique sont de l'ordre de 564 000 personnes. Le conférencier a souligné que "selon les aptitudes nécessaires à la formation, pas moins de 600 formateurs ont été recensés". La méthode de formation se limite à la formation de deux éléments par entités. Pour arriver à couvrir 80% des comptables, le président de l'ordre des experts appelle déjà à maintenir la cadence de formation et sollicite les secteurs privé et public à se doter des moyens nécessaires, pour contribuer à cette initiative et ce, à travers la création de centres de formation. Cette mission nécessite "beaucoup de moyens financiers et techniques", a indiqué M. Hamdi, en précisant que "des incitations doivent être offertes aux entreprises algériennes pour qu'elles puissent être prêtes". Conscient du retard à combler, M. Hamdi souligne que le ministère des Finances devrait fournir encore plus d'efforts pour permettre une " bonne " mise en application du plan en question. A son adoption au mois de novembre 2007, en remplacement de celui prévu par l'ancienne loi de 1975, un programme de formation de 600 000 professionnels a été établi. Aujourd'hui, le constat n'est pas reluisant. "Concernant l'application du nouveau plan comptable, on est encore loin de ce qu'exige notre économie en matière de formation aux normes internationales", a affirmé, hier, M. Hamdi. Le conférencier a néanmoins tenu à préciser qu'au niveau de la profession, "on n'a pas attendu la promulgation du nouveau Système comptable et financier pour la mise à niveau des professionnels de la comptabilité qui a commencé en 2007". Evoquant le nouveau plan comptable en lui-même, le conférencier a précisé que "c'est une sorte de mise à niveau de la comptabilité des entreprises qui sont appelées à se conformer aux standards internationaux". Il dira que les entreprises, qu'elles soient publiques ou privées, ont encore un délai de six mois pour s'y conformer. "La mise en œuvre de ce système n'interviendra que lorsque tout le monde sera d'accord. En tout état de cause, nous avons toute l'année pour l'introduire, puisque les comptes ne sont conclus qu'à la fin du semestre", a-t-il expliqué. De son côté, le vice-président de l'ordre national des experts, a indiqué que l'enquête menée par le comité de formation a révélé que "77% affirment avoir pris le devant en termes de formation", "même avec 20% du total des professionnels formés, on est déjà dans de bonnes conditions la situation n'est pas parfaite et mais n'est pas dramatique aussi", soutient-il. L'essentiel, d'après lui, est qu'il n'y ait pas de "mauvaises pratiques" en matière d'enseignement, de formation et dans l'usage des nouveaux outils de travail. "Un sous-comité de basculement a été également installé pour aider les entreprises à passer à ce nouveau système sans difficultés", a expliqué le responsable de la comptabilité. Il est utile de savoir que des ouvrages de formation et des outils pédagogiques pour soutenir cette réforme seront également mis sur le marché pour faire face à toutes les contraintes de démarrage. Notons que la réforme du plan comptable vise, selon ses concepteurs, l'intégration des normes internationales dans le système comptable et financier, à même d'optimiser la gestion des entreprises algériennes et la qualité de l'information économique. Nassima Bensalem