La réhabilitation et la re-qualification du vieux bâti urbain doit "perpétuer les repères historiques et l'identité nationale", a affirmé, dimanche à Constantine, le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni. Le séminaire international sur la réhabilitation et la requalification du cadre bâti s'est ouvert, hier après-midi à Constantine, en présence du ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M. Noureddine Yazid Zerhouni. Organisée par la faculté des sciences de la terre, de géographie et de l'aménagement du territoire de l'université "Mentouri", la rencontre dont les travaux ont débuté hier, s'inscrit, selon les organisateurs, dans la continuité des projets de recherche et des actions concrètes menées à l'échelle locale. Cette rencontre répond au souci du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, de faire de Constantine "une ville pionnière dans le domaine de la réhabilitation urbaine". Situant le contexte de cette rencontre, Badia Sahraoui, présidente du séminaire, a affirmé que la rencontre répond à des préoccupations et à des attentes concernant la sauvegarde du patrimoine bâti et s'inscrit dans le cadre d'une "vision d'ouverture de l'université dans son environnement". Cette universitaire a déclaré "prendre acte" de la prise de conscience et de la volonté politique quant à la sauvegarde de ce patrimoine et de la résolution à faire de Constantine une "ville pionnière dans la réhabilitation du patrimoine en Algérie". Les travaux donneront lieu à des échanges d'expériences, à l'évocation des outils (gestion - encadrement- pilotage et coordination des opérations) et des démarches (chantier école, compétences opérationnelles, cahiers des charges, questions techniques, diagnostic, connaissance des matériaux) ainsi qu'à des "regards croisés" entre opérationnels, chercheurs, maîtres d'ouvrage, élus et société civile. La perspective de mise en place d'un "dispositif théorique et opérationnel", susceptible d'être adapté aux autres centres urbains anciens en Algérie, guidera les débats de ce séminaire de trois jours qui "s'inscrit dans la dynamique de coopération entre l'université et la wilaya", a indiqué de son côté le recteur de l'université "Mentouri", Abdelhamid Djekoun, dans son allocution d'ouverture. Les pistes de résolution des difficultés liées à "l'opérationnalité", en raison, notamment de l'ancienneté et de la structure du bâti, seront examinées en termes de compétences et de savoir-faire des entreprises et permettront "d'évaluer les besoins en terme d'accompagnement institutionnel et d'appui à la maîtrise d'ouvrage et à la maîtrise d'oeuvre", a-t-on également ajouté en marge de l'ouverture de cette rencontre à laquelle ont pris part des universitaires d'une dizaine de nationalités. La réhabilitation des maisons, des immeubles et des quartiers de Constantine, dont certains sont centenaires ou millénaires, doit les rendre habitables ou utilisables en terme d'activités culturelle, commerciale ou touristique, a indiqué Noureddine Yazid Zerhouni à l'ouverture de ce séminaire. "Il s'agit de réhabiliter une ville pour la rendre vivable, pour une population donnée", a encore souligné M. Zerhouni devant une assistance composée essentiellement d'ingénieurs et d'architectes, regroupés à l'Institut d'architecture et d'urbanisme (IAU) de l'université de Constantine. La requalification du vieux bâti, notamment la vieille ville de Constantine, doit permettre aux générations futures, a souligné M. Zerhouni dans son intervention, de "connaître la beauté de l'architecture ancienne tout en s'imprégnant de la vision urbanistique de leurs ancêtres", l'Histoire, a-t-il ajouté, "étant le ciment de notre personnalité nationale" Le ministre a également souligné la nécessité de repenser, à l'avenir, l'environnement urbain de manière à prendre en compte les nouvelles donnes démographiques et économiques, celles-ci impliquant une économie intégrée et de proximité, une consommation moindre en matière d'énergie et de transport Il a ajouté, d'autre part, que la requalification urbaine devra s'inscrire dans la perspective incontournable d'économiser les ressources énergétiques. "Nous devons faire en sorte que les bâtiments que nous avons à construire ou réhabiliter ne soient pas trop gourmands en ressources énergétiques: chauffage, climatisation et électroménager", a-t-il suggéré. De même, pour le ministre, les futurs projets urbains doivent être pourvus de toutes les commodités de base afin de limiter la mobilité dans la ville et, par la même, économiser l'énergie (carburant pour automobile et bus). Selon M. Zerhouni, il va falloir réfléchir dès aujourd'hui à une organisation urbaine qui privilégie les transports en commun, citant l'exemple de Constantine qui a pris l'initiative de se doter d'un tramway. S'il est difficile de restaurer le vieux bâti à l'identique et avec les mêmes matériaux, il importe, a encore affirmé M. Zerhouni, de "veiller à préserver l'ambiance de vie propre à ces lieux et de faire de l'action de réhabilitation un chantier-école pour la formation et la préservation de l'artisanat authentique et des vieux métiers". Le ministre a mis en exergue, par ailleurs, la nécessité de prendre en considération dans l'élaboration d'un projet de construction ou de réhabilitation, les nouvelles données démographiques, relevant dans ce contexte que la courbe de la population est en train de s'inverser allant de plus en plus vers le vieillissement de cette population. "C'est une population qui va avoir de nouveaux besoins en termes d'environnement et de cadre de vie", a-t-il précisé. Le ministre a également évoqué dans ce contexte "la mise en place, à l'avenir, d'une organisation institutionnelle de la gestion territoriale où les collectivités locales pourraient se prendre en charge par elles-mêmes". Revenant sur le projet de réhabilitation et requalification du vieux bâti de Constantine, estimé à quelque 3 000 immeubles, M. Zerhouni a considéré cette opération comme un important gisement d'emplois. Il a souhaité que le séminaire réfléchisse à une démarche visant à mettre sur pied des entreprises d'artisans. "C'est l'occasion de préserver certains métiers centenaires constituant un atout pour l'industrie touristique nationale", a-t-il conclu.