Le Fonds monétaire international (FMI) a pris acte de la bonne résistance affichée jusqu'ici par l'économie de la zone euro à la crise financière en relevant ses prévisions de croissance et a accordé au passage un satisfecit à la politique de la BCE. Le Fonds mise désormais sur une croissance du Produit Intérieur brut (PIB) d'environ 1,75% en 2008 et de 1,25% en 2009, dans un rapport publié lundi. Dans son rapport de printemps en avril, il pariait sur 1,4% pour cette année et 1,2% pour l'an prochain. Cet ajustement "reflète une croissance au premier trimestre meilleure qu'anticipé", a expliqué Alessandro Leiphold, responsable au département Europe du Fonds lors d'une conférence de presse dans les locaux de la Banque centrale européenne, en marge d'une réunion de l'Eurogroupe à Francfort (ouest). Les grands argentiers des Quinze se réunissent exceptionnellement dans la capitale financière allemande à l'occasion des 10 ans de la BCE. La zone euro, portée notamment par le bond étonnant de la croissance allemande, avait affiché une croissance de 0,7% au premier trimestre comparé au précédent. "Nous avions les mauvais chiffres, mais l'histoire est la bonne", a souligné M. Leiphold. Car de nombreuses menacent pèsent sur la croissance des trimestres à venir, selon le rapport. "Après avoir augmenté de plus de 2,5% en 2007, l'activité va ralentir de façon significative, essentiellement en raison des chocs mondiaux" découlant de la crise financière aux Etats-Unis. "La hausse des prix des matière premières et des aliments va entamer la consommation", souligne-t--il. Le marché immobilier, en crise dans certaines régions de la zone euro, Espagne en première ligne, va freiner la construction et aussi les dépenses des ménages, selon le texte. Les turbulences sur les marchés financiers ont déjà conduit à "des conditions de crédits plus restrictives", en claire il est plus difficile d'emprunter, et la pression sur les entreprises et les particuliers va "augmenter considérablement sur la durée". Le ralentissement de l'économie mondiale, conjugué à la force de l'euro face au dollar, va affaiblir les exportations, énumère le Fonds. Il reste aussi préoccupé par le niveau élevé de l'inflation, qui a atteint 3,6% sur un an en mai, soit son plus haut niveau depuis la création de la zone euro en 1999. "Nous prévoyons que l'inflation va progressivement retourner sous 2% à la fin 2009, mais cet objectif est soumis à un degré inhabituellement élevé d'incertitude, en particulier en ce qui concerne les prix des matières premières et des aliments", souligne le FMI. Par ailleurs, cette projection ne pourra se réaliser qu'en l'absence d'"effets de second tour", notamment d'une spirale inflation/salaire que la BCE redoute tant. Dans ce contexte, le FMI estime désormais que la Banque centrale a raison de garder ses taux directeurs inchangés, après avoir pourtant appelé en avril l'institution monétaire à les baisser. Le principal taux directeur de la BCE est à 4% depuis un an. Les Etats-Unis ont déjà drastiquement baissé le leur, de même que la Grande-Bretagne mais dans une moindre mesure. Si, comme le FMI le prévoit, les statistiques pointaient vers un ralentissement plus marqué de l'économie et un apaisement des pressions inflationnistes, alors "les perspectives de politique (monétaire) pourraient changer", c'est-à-dire que la BCE pourrait envisager d'assouplir le loyer de l'argent.