La Banque centrale européenne (BCE) a fait un premier pas jeudi vers le retrait des mesures exceptionnelles de soutien au crédit et à l'économie en laissant entendre que ses prêts à un an aux banques ne seraient pas reconduits l'année prochaine. Elle a laissé son principal taux directeur inchangé à 1,0%, son plus bas niveau historique, pour le sixième mois consécutif, comme s'y attendaient tous les économistes interrogés la semaine dernière par Reuters. Et son président Jean-Claude Trichet a promis d'annoncer le mois prochain des décisions concernant les mesures non-conventionnelles de politique monétaire qui ont consisté à inonder les marchés de liquidités bon marché. Un arrêt des opérations de refinancement à un après celle prévue le 16 décembre constituerait la toute première étape du retrait du dispositif exceptionnel déployé depuis le début de la crise financière, qui a fait tomber les taux des marchés monétaires à leurs plus bas niveaux historiques et contribué à relancer les flux de crédit. Prié de dire si la BCE était disposée à abandonner ses opérations à un an, Jean-Claude Trichet a noté que le marché n'anticipait pas leur reconduction. "Je ne dirai rien pour dissiper ce sentiment actuel du marché", a-t-il ajouté. "Mais la décision sera prise par le Conseil des gouverneurs lors de la prochaine réunion, dans un mois." Il a souligné que les mesures d'apport de liquidités de la BCE seraient retirées de manière progressive mais ordonnée, et qu'elles ne conserveraient pas leur ampleur initiale. Il a toutefois refusé de préciser si la BCE pourrait relever le taux auquel elle prête des fonds aux banques lors de la prochaine opération à un an. Les précédentes avaient été réalisées au taux de refinancement de 1,0%. Un tel relèvement constituerait un signal annonciateur d'une hausse des taux directeurs avant la fin 2010. "La BCE a lourdement laissé entendre qu'elle pourrait ne pas prolonger ses opérations extraordinaires à un an en 2010", a commenté Richard McGuire, stratège taux de RBC Capital Markets. "L'arrêt de tels appels d'offres (...) nourrirait les anticipations d'un début de normalisation des taux l'année prochaine." La position adoptée jeudi par la BCE tranche avec celle de la Réserve fédérale américaine, qui a elle aussi laissé ses taux inchangés mercredi tout en se montrant un peu plus confiante dans la reprise, et avec celle de la Banque d'Angleterre, qui a accompagné le statu quo sur les taux d'un relèvement de 25 milliards de livres de son programme d'assouplissement quantitatif. (Plus de détails et ) La semaine dernière, l'Allemand Axel Weber, membre du Conseil, avait estimé que la politique d'apport de liquidités illimitées lors des opérations traditionnelles de refinancement devrait être maintenue mais que les opérations à très long terme devraient être interrompues plus rapidement. L'euro variait peu jeudi après la décision et la conférence de presse de la banque centrale, autour de 1,4875 dollar. Lors de sa prochaine réunion, la BCE disposera de prévisions économiques actualisées et des premières projections de ses services pour 2011, une période cruciale en ce qui concerne les décisions de politique monétaire à plus long terme. Le Conseil devra prendre en compte à la fois les perspectives d'accélération de la reprise, qui ont conduit la Commission européenne à relever mardi sa prévision de croissance 2010 pour la zone euro à 0,7%, et celle d'un retour à une inflation positive, possible dès novembre en raison de la remontée des cours du pétrole. Jean-Claude Trichet a estimé que la prudence restait de mise en matière de prévisions économiques mais il a ajouté que la croissance devrait redevenir positive avant la fin de l'année. "Le Conseil des gouverneurs prévoit pour l'économie de la zone euro une reprise en 2010 à un rythme graduel, en prenant acte du fait que les perspectives restent soumises à des incertitudes élevées", a-t-il dit.