M. Ahmed Djoughlef, DG de la diversité biologique, une institution rattachée à l'ONU, commentant les travaux de la Conférence internationale de Bonn sur la biodiversité, qui s'est achevée le 30 mai dernier, considère que cette rencontre a été différente des précédentes et pour cause, dit-il, 205 pages de décisions ont été adaptées. Toutes ces décisions ont été adaptées avec des lettres de pouvoir par les 5 000 délégués, y compris 100 ministres de l'Environnement et plus de 5 chefs d'Etat et de gouvernement, en sus de ce que la conférence était censée réaliser, un nouvel esprit et une nouvelle façon de faire avec la nature et nous-mêmes est né à Bonn. On parle déjà d'une nouvelle alliance mondiale pour faire face aux défis extraordinaires auxquels nous faisons face, à savoir la perte inédite et sans précédent de la biodiversité de la planète et qui se trouve compliquée et aggravée par le phénomène des changements climatiques et ce, dans un monde de plus en plus urbanisé. Il souligne toute l'importance du sommet dans l'objectif d'impliquer les chefs d'Etat, les ministres et la société civile. "Il faut impliquer les jeunes, chacun de nous, chaque Algérien, chaque citoyen de la planète doit s'engager pour protéger la biodiversité".Lorsque l'on parle de la biodiversité, ce n'est pas les arbres, ce n'est pas la verdure, c'est aussi la vie, l'économie, c'est la culture, la civilisation, il y a donc, dit-il, "urgence". Ahmed Djoughlef croit qu'aux yeux de l'humanité et de nos enfants, tout le monde à un devoir moral, en tant que génération qui a été à l'origine de ce " massacre ", pour que la vie sur terre continue à exister."Le protocole de Kyoto ne sera pas résolu sans la question de la biodiversité. La question des changements climatiques n'est pas une question uniquement de technologie, ni d'énergie nouvelle ou de consommation rationnelle, c'est aussi une question environnementale. La question de la déforestation contribue à concurrence de 20 % à des émissions de gaz à effet de serre. Chaque minute, il y a 20 hectares de forêt qui disparaissent. Chaque année, il y a 30 millions de forêts qui disparaissent", souligne encore M. Djoughlef qui intervenait jeudi sur les ondes de la Radio nationale Chaîne III.Il explique qu'un écosystème sain est essentiel pour la santé humaine et pour la santé de la planète. "Cette vague moderniste nous a fait perdre de vue que, la science et le progrès sont extrêmement importants mais lorsqu'il s'agit de la vie, d'autres facteurs contribuent, les valeurs spirituelles, les valeurs religieuses, les valeurs culturelles et civilisationnelles et surtout les valeurs écologiques". Pour lui, l'environnement, c'est l'économie, "90 % des exportations de l'Afrique sont tirées des ressources naturelles, 60 % du PIB, c'est le tourisme, 40 % du PIB du Brésil, l'un des plus grands pays riches en matière de biodiversité et qui abrite 20 % de la biodiversité mondiale, fait de la biodiversité, donc protégeons la biodiversité".Il indique que le prochain sommet du G8 sera saisi d'un plan d'action pour la biodiversité afin que les grands pays s'impliquent pour la réalisation de l'objectif de 2010 (année internationale de la biodiversité), à savoir la réduction de la perte de la biodiversité. Il rappelle, dans ce sens, que son institution a lancé un mouvement citoyen pour le recueil de plus d'un milliard de signatures qui sera remis aux chefs d'Etat à l'occasion de leur réunion à New York au titre de la prochaine réunion de l'Assemblée générale de l'ONU.