Un Japonais armé d'un couteau a été pris hier d'un coup de folie meurtrière dans un quartier animé de Tokyo, tuant au moins six personnes et blessant une douzaine de passants, ont rapporté la police et les médias.Les motifs de l'agresseur, qui a été arrêté, restent encore vagues, mais son attaque coïncide avec l'anniversaire de l'un des crimes les plus horribles du Japon moderne: la tuerie de huit enfants dans une école élémentaire en 2001. Peu après midi, un homme au volant d'un camion a foncé dans la foule près de la gare d'Akihabara, le quartier des magasins d'électronique et de jeux vidéos, très fréquenté par les Japonais et les touristes, surtout le dimanche où l'accès aux voitures est interdit. Il est ensuite descendu de son véhicule et armé d'un couteau, a attaqué au hasard les passants, blessant 17 personnes, dont certaines grièvement, jusqu'à ce qu'un policier armé parvienne à le maîtriser, ont indiqué les pompiers et la police. Selon les agences de presse japonaises Jiji et Kyodo, six personnes ont été tuées --cinq hommes âgés de 19, 20, 29, 47 et 74 ans, et une femme de 21 ans-- au cours de cette agression, un événement extrêmement rare à Tokyo, réputée pour sa sécurité. D'après les premières informations, le tueur serait un homme de 25 ans, Tomohiro Kato, qui a déclaré à la police être "fatigué de vivre". "Je suis venu à Akihabara pour tuer des gens. Peu importe qui", a-t-il dit aux policiers, d'après l'agence Jiji. Un témoin a déclaré que l'agresseur criait des propos incohérents tandis qu'il plantait son couteau au hasard parmi les passants. "J'ai vu un homme effondré dans la rue. Il avait été poignardé à la poitrine et saignait abondamment. Il était inconscient", a raconté une jeune femme à la télévision publique NHK. Le quartier d'Akihabara est devenu ces dernières années le paradis de la sous-culture japonaise. Outre ses magasins qui proposent les dernières nouveautés en électronique, en jeux vidéos et en mangas, Akihabara abrite également un musée dédié aux dessins animés japonais, ainsi que des cafés dont les serveuses sont habillées en domestiques ou en héroïnes de jeux vidéos. Les télévisions ont montré le camion blanc Isuzu de l'agresseur, le parebrise éclaté, abandonné sur les lieux de la tuerie, tandis que des ambulances sirènes hurlantes convergeaient vers Akihabara ou en repartaient en emportant des blessés.Cette folie meurtrière survient exactement sept ans jour pour jour après le massacre perpétré par un malade mental, armé d'un couteau de boucher, dans l'école élémentaire Ikeda de la ville d'Osaka (ouest). Mamoru Takuma, qui en voulait apparemment aux enfants des élites, avait poignardé à mort huit écoliers. Lors du verdict, le juge avait qualifié cette tuerie comme "l'un des crimes les plus abominables dans l'histoire du Japon". Takuma a été pendu en 2004 à l'âge de 40 ans. L'attaque contre l'école avait choqué l'ensemble de la population qui se targuait jusqu'ici de vivre dans un pays en totale sécurité. Mais Takuma est également devenu l'objet d'une fascination morbide pour certains Japonais. En 2004, un livreur de journaux avait torturé à mort une enfant de sept ans qu'il avait enlevée, et avait envoyé des photos à la mère de la victime. A son procès, le meurtrier, Kaoru Kobayashi, qui a été condamné à mort, avait prononcé un discours à la gloire de Takuma.