La problématique de la sécurité alimentaire donne de plus en plus matière à débat sur la scène nationale. Hier encore et parallèlement à la décision du ministère des Finances de relever les dépenses publiques à hauteur de 12% à la faveur de la loi de finances complémentaire pour l'année 2008, des économistes et autres spécialistes en la matière ont tiré la sonnette d'alarme sur la nécessité et l'urgence de prôner une politique de développement efficace, particulièrement dans le domaine agricole. Ceci est perçu comme l'ultime alternative pour prétendre endiguer la forte dépendance du marché international pour les principaux produits alimentaires. C'est le cas du professeur Hacène Bahloul, président de l'Association des économistes algériens (Anea), qui a réitéré hier cet avertissement en déclarant qu'" entre 70% et 80% des repas quotidiens des Algériens sont composé de produits importés ". C'est cette tendance, en revanche, qui est susceptible de faire passer la facture alimentaire pour l'année en cours à près de 10 milliards de dollars, après avoir été de plus de 7 milliards de dollars durant l'année précédente (2007). Pour faire face à l'accroissement effréné des besoins nationaux en matière de produits alimentaires, le président de ladite association, qui a été repris par le quotidien en ligne " Tout sur l'Algérie ", a plaidé en faveur d'une nouvelle stratégie de renforcement de la production agricole et de l'industrie agroalimentaire. Ce qui permettra, sans doute, d'aller vers l'autosuffisance en produits alimentaires de base. Ces recommandations cadre impeccablement avec les recommandations ayant été faites récemment lors du débat parlementaire sur la défense nationale et la sécurité alimentaire. Entre autres solutions suggérées par M. Bahloul afin de réduire l'impact de la flambée des prix des produits de base sur le marché international, il y a " l'augmentation de la productivité agricole et la mise en valeur des terres non exploitées à travers la gestion rationnelle des eaux et l'implication du secteur privé pour se mettre à l'abri des crises alimentaires mondiales fréquentes " et " l'investissement dans les ressources humaines et la technologie et de réhabiliter l'activité agricole et l'agroalimentaire, secteurs complémentaires ". Le président de l'Association des économistes algériens s'est penché également sur la problématique de la gestion des terres agricoles et de leur mise en valeur, en déclarant qu' " avec sa superficie importante qui s'étend sur près de 240 millions d'hectares dont 40 millions hectares de terres arables au nord du Sahara, dont seulement 8 millions sont exploités, l'Algérie recèle des ressources naturelles immenses ". Toutefois, l'une des priorités qu'il n'y a pas lieu de perdre de vue est celle liée aux politiques d'aide au développement de l'agriculture. " Le soutien public à l'investissement dans le secteur, dans le cadre de la politique agricole, reste faible. Ce soutien ne dépassait pas 3,6 % du PIB en 2006, en témoigne la faible évolution de la superficie arable exploitée (de 7,5 millions à 8 millions hectares) ", a-t-il précisé. D'une façon globale, le constat est loin d'être réjouissant en matière de ce qui a été fait jusqu'ici dans le cadre de la promotion de l'activité agricole, car, a-t-il déclaré, en dépit des efforts consentis dans le domaine du développement agricole, la production nationale reste en deçà des besoins, notamment en blé dur et tendre.