Depuis la promulgation du décret (05/207) du 04 juin 2005, régissant les salles de fêtes, les cérémonies de mariages et autres célébrations sont littéralement compromises. Il est devenu quasiment impossible de dénicher une salle des fêtes durant l'été, une saison où se concentre la totalité du rituel des mariages. La demande étant beaucoup plus forte que l'offre, les Algériens misent de plus en plus sur leur patio ou hangar pour les traditionnels dîners des marié. “ J'ai fait le tour de la capitale et la plupart des gérants de salles nous sortent systématiquement leur petit agenda où toutes les dates du mois de juin, juillet et août sont frappées d'une croix rouge” soutient Souhila la trentaine qui doit convoler en justes noces cet été. “ Je ne perds pas espoir, car je me dis qu'il y aurait peut être des désistements ou encore une salle que je n'ai pas vue ” ajoute-t-elle décontenancée. Sur les 706 salles répertoriées par le CNSF, (Comité national des salles des fêtes) près de 500 ont été fermées à travers le territoire sur ordre des autorités. Alger est la plus touchée, 200 salles sur 280 ayant baissé rideau, selon la corporation. La promulgation du décret exécutif du 4 juin 2005 fixant les conditions et modalités d'ouverture et d'exploitation des établissements de divertissement, a été dictée par les débordements sonores de ces espaces implantés parfois dans un endroit populeux, bouleversant la quiétude des riverains. Selon les clauses de ce décret, il faut avoir au préalable l'autorisation de la Protection civile, de l'environnement, de la direction de la wilaya d'Alger, des services de la santé et de ses voisins. De plus, une autorisation de “Vérital”, une société mixte algéro-française, spécialisée dans le jaugeage du son. Le seuil du son à ne pas franchir chez “Vérital” mesure 66 décibels alors que la norme est de 75. Puisque toutes les salles des fêtes tournent à plein régime durant toute la période estivale et même au-delà, ceux qui n'ont pas pu dénicher un espace du genre se rabattent sur d'autres pistes comme l'emprunt des appartements du voisinage, de garages ou des stiha, un étage de villa d'un pote, comme naguère où la fête était authentique et savoureuse. Il faut dire que cette résolution des pouvoirs publics ne plaît pas toujours aux gérants de salles qui ont assisté impuissants à la fermeture en cascade de leurs établissements respectifs. Pour eux cet arrêté concerne plutôt les cabarets, les discothèques et les night-clubs, et la preuve est que selon les clauses de ce dit arrêté “ les serveuses doivent avoir un minimum de 25 et 30 ans pour le gérant de salle. ” L'autre “aberration” résiderait selon toujours les gérants de salles, dans le fait que la wilaya après avoir appliqué l'article 26 du décret qui stipule que la mise en conformité des établissements existants doit s'effectuer par l'introduction d'une nouvelle demande d'exploitation auprès de ses services dans un délai d'une année, a donné des ordres de fermeture des salles de fêtes un mois après la publication du décret. Résultat, prés de 80% du total des salles qui existent ont baissé rideau. Si la “ chasse ” aux espaces de fêtes se poursuivrait au même rythme, il y a de fortes chances à ce qu'on assiste au retour des mariages traditionnels et aux changements de vocation des gérants de salles dont certains ont “ hérités ” de salles de cinéma qu'ils ont converti en commerce de ce genre.