Par h.Addi Chakib khelil, notre ministre de l'énergie et président en exercice de l'OPEP, aura fort à faire cette semaine qui s'annonce décisive pour le cours du pétrole. Les Occidentaux, en tête les Etats-Unis ont mobilisé leur monde pour partir en guerre contre la hausse du produit fossile le plus convoité de la planète. En effet, le G8 se mobilisait ce week end universel à Osaka (Japon) en conviant à cette veillée d'armes le FMI ; tandis que Ban Ki -moon le S.G de l'ONU est allé persuader l'Arabie Saoudite de casser la chaîne de solidarité, jusque là inébranlable qui cimente les membres de l'OPEP. En réaction aux propos de Chakib Khélil, qui assurait à qui voulait l'entendre que l'OPEP ne se réunirait qu'en Septembre comme prévu initialement, le G8 se réunissait ce samedi à Osaka pour mettre la pression sur le président de l'OPEP. Les Etats-Unis quant à eux n'ont pas manqué l'occasion pour relancer une énième fois la polémique sur les causes de la hausse du pétrole. En assurant que l'envolée du prix de l'or noir est due à l'insuffisance de la production. Alors que le ministre de l'énergie algérien et le S.G de l'OPEP déclaraient la semaine dernière que ceci est dû essentiellement aux spéculations et aux biocarburants. Récit d'un samedi-dimanche fou en rebondissements : d'Osaka à Riyad, l'offensive de l'Occident… Le G8 réclame une hausse de la production Les ministres des Finances du G8 ont réclamé une hausse de la production de pétrole et une enquête du Fonds monétaire international sur l'envolée des cours du brut, selon le communiqué final de leur réunion d'Osaka. Les représentants des Etats-Unis, Japon, Allemagne, Grande-Bretagne, France, Italie, Canada et Russie ont demandé au FMI de leur fournir un rapport à ce sujet lors de sa prochaine assemblée générale, en décembre." Nous exhortons tous les pays producteurs à augmenter leur production et à investir pour accroître les capacités de raffinage ", affirme le communiqué. " Nous appelons également le Fonds monétaire international et l'Agence internationale de l'énergie à travailler avec les autorités nationales compétentes pour mener une analyse complémentaire des facteurs réels et financiers derrière le bond récent des prix du pétrole et leur volatilité, et des effets sur l'économie mondiale ", poursuit le texte. Les ministres ont estimé que " le marché du pétrole peut être rendu plus efficace par une plus grande transparence et fiabilité des informations de marché, notamment les stocks (...), et la taille des flux financiers qui font leur entrée sur le marché ", dans une allusion à la spéculation accusée par les pays producteurs et certains membres du G8 d'être la principale cause de la hausse des cours. Les financiers du G8 demandent au FMI d'éclaircir le mystère du pétrole cher Les pays industrialisés du G8 ont confié samedi au Fonds monétaire international (FMI) le soin d'enquêter sur les causes de la flambée des prix du pétrole, un problème qui menace l'économie mondiale mais dont le diagnostic est controversé et les remèdes incertains. Réunis depuis vendredi à Osaka, dans l'ouest du Japon, les ministres des Finances du G8 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Grande-Bretagne, France, Italie, Canada, Russie) ont averti dans leur communiqué final que le pétrole cher constituait " une sérieuse menace pour la stabilité de la croissance mondiale ". Le prix du pétrole a explosé la semaine dernière, frisant les 140 dollars le baril avant de se replier légèrement. Cette envolée compromet la convalescence de l'économie mondiale après la grave crise financière de l'été dernier.Les ministres du G8 ont demandé au FMI et à l'Agence internationale de l'énergie (AIE) d'analyser les " facteurs réels et financiers derrière le bond récent des prix du pétrole et leur volatilité ". Le FMI leur remettra un rapport en octobre lors de sa prochaine assemblée générale. Les pays du G8, dont les diagnostics sur la hausse des prix du pétrole diffèrent, espèrent que le FMI tranchera entre ceux qui soupçonnent les spéculateurs d'être largement responsables de la situation, et ceux qui accusent exclusivement l'insuffisance de la production de brut. " Ce n'est pas clair du tout. Nous avons besoin d'une étude pour répondre à cette question ", a expliqué le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, qui a accepté de mener cette enquête. " Beaucoup d'opinions ont été exprimées. Mais le sentiment partagé est que personne ne connaît réellement la vérité ", a résumé à l'issue de la réunion le ministre japonais des Finances, Fukushiro Nukaga. En attendant le verdict du FMI, le communiqué final du "G8 Finances" évite de prendre parti. Le marché du pétrole se porterait mieux s'il existait " une plus grande transparence et fiabilité des informations de marché, notamment les stocks (...), et la taille des flux financiers qui font leur entrée sur le marché ", indique le texte pour satisfaire les tenants de la théorie de la spéculation, parmi lesquels figurent l'Italie, l'Allemagne et la France." Nous exhortons tous les pays producteurs à augmenter leur production et à investir pour accroître les capacités de raffinage ", poursuit ce communiqué pour faire plaisir aux apôtres de la thèse de l'offre insuffisante, à savoir les Américains et les Britanniques.Le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson, a répété samedi que " toutes les preuves pointent vers l'offre et la demande", et que blâmer exclusivement les spéculateurs est " dangereux "." Nous commettrions une erreur si nous nous détournions du problème principal, et pensions qu'il existe des solutions rapides " face au problème de la spéculation, a-t-il insisté. L'Italie a proposé aux autres pays du G8 d'élever nettement les dépôts obligatoires pour les investissements sur les marchés à terme pétroliers, mais cette suggestion a été accueillie avec prudence. La ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, qui a lancé l'idée d'une enquête du FMI et a insisté pour que le pétrole soit un des sujets majeurs de la réunion d'Osaka, a estimé qu'il existe " un lien entre les marchés financiers et le prix à la pompe payé par chacun de nos citoyens ". " Si par le biais d'une meilleure information (...) on identifie des comportements spéculatifs " ou de manipulation des cours pétroliers, " cela nous permettra d'agir de façon plus efficace ", a-t-elle noté. Prix du pétrole et de l'alimentation au menu de Ban Ki-moon à Ryad Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon est arrivé samedi en Arabie saoudite pour des entretiens consacrés à la flambée des prix du pétrole et de leur impact sur le coût des denrées alimentaires dans le monde. Cette visite de 24 heures, à l'invitation du roi Abdallah, est la deuxième de M. Ban en Arabie saoudite, en tant que secrétaire général de l'ONU. Il s'y était déjà rendu en mars 2007 pour assister à un sommet arabe à Ryad. Aussitôt après son arrivée à Djeddah (ouest) en provenance de Londres, il devait rencontrer le roi Abdallah et participer à un dîner avec le chef de la diplomatie Saoud al-Fayçal, a indiqué Farhan Haq, un porte-parole de l'ONU accompagnant le secrétaire général de l'ONU. A Londres, M. Ban a dit vendredi s'attendre à de " bonnes discussions " sur la décision de l'Arabie saoudite, chef de file de l'OPEP et premier exportateur de pétrole au monde, d'accueillir à Djeddah une réunion des principaux pays producteurs et consommateurs le 22 juin. La flambée des prix du pétrole est une " sérieuse préoccupation " pour le monde entier, a dit M. Ban après des entretiens avec le Premier ministre britannique Gordon Brown. Ces prix atteignent des records, comme le 6 juin où les cours du pétrole avaient enregistré un record absolu à 139,12 dollars à New York, faisant craindre une flambée de l'inflation. " Nous devons traiter (le problème) avant de nous attaquer à la hausse des prix des denrées alimentaires et du pétrole ", a ajouté M. Ban, redoutant des " crises en cascade " sociales, économiques et politiques. Le ministre saoudien du Pétrole, Ali Al-Nouaïmi, a souligné vendredi la volonté de son pays de coopérer avec les autres parties concernées pour faire face à la flambée des cours, " qui pourrait avoir un impact négatif sur l'économie mondiale, plus particulièrement sur les économies des pays en développement ". L'Arabie saoudite produit actuellement 9,45 millions de barils par jour (mbj), 300.000 de plus que mai. Elle pourrait décider d'augmenter sa production à 10 mbj lors de la conférence de Djeddah, selon le magazine économique spécialisé Middle East Economic Survey MEES. " Une augmentation supplémentaire et non négligeable (...) élèverait quasiment la production à un niveau record avoisinant les 10 mbj ", a précisé le magazine. Vendredi, le New York Times a aussi indiqué que Ryad avait l'intention d'augmenter sa production de pétrole le mois prochain d'environ un demi-million de b/j. Les cours du baril ont terminé la semaine en baisse à New York sur des spéculations sur une hausse de la production saoudienne et un redressement du dollar. A New York, le baril de "light sweet crude" a fini à 134,86 dollars, en baisse de 1,88 USD par rapport à son cours de clôture la veille. A Djeddah, le secrétaire général de l'ONU devait en outre remercier Ryad pour un don de 500 millions de dollars au Programme alimentaire mondial de l'ONU pour faire face à la crise alimentaire. Il devait également exprimer sa reconnaissance pour les initiatives de Ryad en faveur d'un dialogue entre musulmans, chrétiens et juifs, et ses efforts pour promouvoir la paix entre Palestiniens et Israéliens et régler la crise politique au Liban.