Le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil a annoncé, hier à Londres, que l'Algérie envisage d'augmenter, à court terme, ses capacités de raffinage à 800 000 barils/jour. Lors d'un point de presse en marge de la conférence sur l'énergie dans la région du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, M. Khelil a indiqué que cet objectif sera atteint à la faveur de la construction d'une nouvelle raffinerie de pétrole d'une capacité de 300 000 barils/ jour, ce qui permettra à l'Algérie, souligne-t-il, d'élever ses capacités de raffinage au niveau de la moitié de la production nationale de brut. M. Khelil a précisé qu'il y va de l'intérêt des pays producteurs de développer leurs capacités de raffinage de pétrole afin d'en faciliter la commercialisation, d'autant, poursuit-il, que l'actuel excèdent financier permet le lancement d'investissements majeurs dans le secteur du raffinage, favorisant, ainsi, l'exportation de la production pétrolière et sa promotion en tant que source d'énergie. A noter que l'investissement en matière de raffinage est minime dans les pays développés, non seulement en raison du volume des capitaux nécessaires pour la réalisation de nouvelles raffineries, mais aussi pour les coûts supplémentaires découlant de leur nécessaire adaptation aux rigoureuses lois sur l'environnement en vigueur dans ces pays. S'exprimant sur la prochaine réunion des pays exportateurs de pétrole, M. Khelil, qui est le président en exercice de l'Opep, a souligné qu'il est prématuré de parler des décisions devant sanctionner cette réunion prévue durant la première semaine du mois de mars prochain. A cet égard, le secrétaire général de l'Opep, M. Abdallah Salem El-Badri, a déclaré à la presse que "tout est possible suivant l'évolution du marché. Or, nous ne pouvons nous prononcer actuellement sur ce qui adviendrait en mars", ajoutant que "nous verrons ce que nous pourrons faire une fois mars arrivé".Abordant le volet de la sécurité énergétique, M. Chakib Khelil, a affirmé que les craintes liées à cette question sont infondées, puisque les niveaux des réserves prouvées des pays membres de l'Opep "ont atteint un niveau d'autant plus élevé qu'il a permis à l'économie mondiale de réaliser une forte croissance durant ces dernières années". Il a, en outre, souligné que les pays membres de l'Opep "ont tout fait pour sécuriser les marchés, en assurant la disponibilité de pétrole à travers l'augmentation des réserves prouvées et en consacrant d'énormes investissements pour augmenter leurs capacités de production". M. Khelil a précisé, en marge des travaux de la conférence, que les pays consommateurs "ne veulent pas assumer avec les pays producteurs une partie des coûts liés à l'excédent de production disponible assurée par les pays producteurs de pétrole, en cas de besoin, et qui vise à réguler l'approvisionnement du marché". Le ministre algérien a souligné, en outre, que les pays consommateurs se contredisent car, d'une part, "ils demandent aux pays producteurs d'augmenter leur production, et envoient des messages d'inquiétudes, d'autre part". Ces pays "développent de nouvelles sources d'énergie, en affichant leur disposition à assumer leurs coûts élevés de production, sans vouloir, toutefois, assumer le moindre coût qu'induirait un excédent de production de pétrole", a-t-il ajouté, précisant qu'"ils doivent afficher les mêmes dispositions exprimées pour ces énergies renouvelables que pour la production de carburant". Pour être plus clair, M. Khelil a comparé cette situation à quelqu'un qui voudrait sécuriser ses biens sans aucune contrepartie, et réclamer ensuite des indemnités en cas d'accidents. L'Opep qui produit 40 % du pétrole mondial "n'est nullement responsable des fluctuations des prix ni des niveaux élevés enregistrés actuellement", a affirmé le ministre de l'Energie et des Mines. L'intérêt de l'Opep est dans des prix stables et durables et non pas des prix élevés et en perpétuelle fluctuation, a soutenu M. Khelil. Les prix "auraient dû se stabiliser autour de 60 et 65 dollars le baril car la véritable hausse au-dessus de cette moyenne a commencé en septembre 2007 lorsque les indicateurs d'une crise financière se sont profilés à l'horizon en raison de la crise des crédits hypothécaires", a-t-il expliqué. Les craintes d'une crise financière ont vite laissé place à un affolement des marchés qui a influé sur la situation des banques qui ont perdu des sommes considérables, les bourses, les actions et le taux de change du dollar, ce qui a eu des répercussions sur les prix du pétrole (cotés en dollar). M. Khelil a réfuté la thèse selon laquelle l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) "assume la responsabilité" de la situation actuelle de l'économie mondiale, notamment celle de l'économie américaine qui présage d'une éventuelle récession économique. Il a tenu à préciser, à ce propos, que "la crise aux Etats-Unis est avant tout financière suscitée par la crise des crédits hypothécaires" et que de ce fait "la situation actuelle de l'économie américaine n'est pas liée aux prix du pétrole, ni à la demande de pétrole". "Les niveaux des stocks pétroliers sont bons, ceux des réserves pétrolières également, et l'offre actuelle suffit à approvisionner les marchés. C'est pourquoi toute augmentation de la production n'aura aucun effet sur les prix ni sur les perturbations des marchés financiers", a-t-il souligné. Le président de l'Opep a précisé que l'organisation examinera en mars prochain l'état du marché et l'opportunité d'une éventuelle augmentation des parts des pays producteurs. M. Khelil a exclu l'éventualité d'une baisse de la demande de pétrole qui entraînerait une chute des prix du pétrole sachant que les Etats Unis sont le plus grand consommateur d'énergie au monde. Il a déclaré que "les études économiques les plus récentes montrent que l'économie chinoise, principalement à l'origine de l'augmentation de la demande mondiale en pétrole, ne changera pas et que rien n'augure d'une baisse de la demande". Selon ces études, l'économie chinoise puise sa force dans le marché intérieur, un fait qui réfute les allégations affirmant que cette économie s'appuie sur l'exportation vers les marchés extérieurs ce qui l'expose à une régression face à un quelconque ralentissement de la croissance mondiale. M. Khelil s'est interrogé sur "ce que les pays producteurs de pétrole non-membres de l'Opep ont fait pour rassurer le marché et pour opérer une augmentation de la production pour laquelle ils se sont engagés depuis longtemps". Il a estimé qu'il est dans l'intérêt des pays producteurs de développer leur capacité de raffinage afin de faciliter la commercialisation de leurs produits, d'autant que les excédents financiers actuels permettent d'injecter de lourds investissements dans le secteur du raffinage. Ceci favorisera la commercialisation du pétrole et renforcera ce produit en tant que source d'énergie.