Ce n'est pas un chanteur prolifique, ni une bête de scène, mais tout simplement un nom de l'arène artistique de chez nous qui a émergé du lot avec sa guitare sèche et sa voix de basse. Boualem Chaker.Il symbolise plus qu'une époque, celle des années 80 lorsque la chanson kabyle sortait de son guetto classique ou l'avaient confinée les anciens puritains qui refusaient le lyrisme à puritains cordes. Cheveux ébouriffés et patte Def, Boualem Chaker tout comme Takfarinas ou Djamel Allam symbolisaient une époque qui se voulait débridée et rythmée. Le chanteur qui a longtemps sillonné la contrée au gré des spectacles conjoncturels avec sa guitare en bandoulière, vient de signer un nouvel album. Véritable événement parce que ce kabyle né à Alger est plutôt habitué à puiser dans les standards algériens pour maintenir son statut de chanteur. Son album contient six titres dont un instrumental. Les thèmes qu'il y explore vont de l'amour au dépit en passant par la joie et l'enfance. Ce qui parait attrayant dans ce nouvel opus que proposent les bons disquaires de la capitale, c'est sans conteste cette voix claire et chantonnante qui n'est guère étouffée par des sonorités musicales obtenues à l'aide d'instruments qui gonflent la voix tel le synthétiseur. Boualem Chaker a introduit dans ses mouvements lyriques des mélodies, deux chansons Ayouliw et Almoumnine sont des reprises. Elles appartiennent respectivement à Abdelkader Fathi et Mokrane Agaoua. Dans l'instrumental, l'artiste retourne à ses amours de toujours, la guitare. Mais ce n'est pas le seul instrument qu'il exploite dans ce nouvel opus, dans lequel on retrouve la flûte, le mandole, et le synthétiseur. Il en a tiré des sonorités variées. Les mouvements sont effectués d'une manière à donner des sensations de douceur, de détente et d'ambiance de fête. Cela dit, il y a des années que Boualem Chaker a rompu avec son style initial où s'illustre surtout la guitare sèche, pour ensuite se consacrer à d'autres genres qui demandent l'utilisation de plusieurs instruments de musique. Originaire d'Azeffoun, Boualem a horreur qu'on lui dise " vous êtes un Kabyle d'Alger. " Néanmoins, il regrette qu'il n'ait pas de point d'attache pour visiter le pays de ses grands-parents. Il arrive bien sûr à ce que l'artiste se rende à Azzefoun, cette formidable ville qui a enfanté des tas d'artistes à l'image de Tahar Djaout, et qu'il soit invité dans cette terre des oliviers pour un événement quelconque. Il s'y était rendu la première fois, il y a près de trente ans avec ses compères qui se nomment Drifa et Hasnaoui Amechtouh. Disons que le chanteur a tenté de faire du neuf en réalisant un duo avec Réda Sika. Un mélange harmonieux de paroles kabyles et espagnoles rythmées par une musique afro-cubaine. Une nouveauté dans le paysage de la musique kabyle doublée d'une poétique savamment composée par Kamel Si Mohamed. L'auteur de L'dzaïr, une chanson patriotique signée pour la circonstance d'un 5 juillet, commémoration de l'indépendance nationale, le chanteur y avait intégré deux chansons de med'h puisées dans le répertoire des zaouïas. Des chansons du terroir où a excellé, par ailleurs, Brahim Izri. Avec ce nouvel opus Boualem Chaker fetera prés de 40 ans de carrière.