Par Faouzia Belkichi Le nucléaire relève la tête. Au point que le président français, Nicolas Sarkozy, en propose à tour de bras. De l'Algérie aux Emirats en passant par la Libye et le Qatar. L'énergie nucléaire, déjà ou presque au musée en Europe, s'exporte maintenant aisément. C'est comme, maintenant, quelqu'un qui essaie de vous vendre une Peugeot 504 neuve, en vantant ses mérites reconnus d'ailleurs, mais cette voiture ne circulerait plus en Europe. Son temps est dépassé et d'autres technologies ont fait leur apparition dans les nouveaux modèles. Les centrales nucléaires, installations cacochymes, ne sont plus ces technologies de pointe que l'Europe entourait de "secret défense". Et que pour la première fois depuis la catastrophe de Tchernobyl, en 1986, un succès est envisageable. Jamais, le contexte n'a été si favorable au nucléaire, les biocarburants affament la planète, le pétrole est rare et cher, très cher, le réchauffement climatique favorise des énergies pauvres en CO2, etc. En face, les antinucléaires ont raison d'appuyer là où ça fait mal. L'uranium n'est pas inépuisable et la question des déchets attend toujours une solution, trente ans après l'inauguration de la première centrale ! Pour eux, il faut donc investir uniquement dans les énergies renouvelables, le vent et le soleil. L'Algérie devra trancher, et le choix sera difficile. Déjà, l'avenir n'est pas une science exacte: qui peut garantir un stockage sûr des déchets pendant des millénaires ? Si l'importance l'économie des énergies est reconnue, personne n'ose affirmer qu'elles suffiront. Et les Algériens seront les premiers à refuser une forêt d'éoliennes sur les terres montagneuses du littoral. Entre les cris des prophètes et les avis, parfois intéressés, des experts, la partie s'annonce disputée. Mais aussi passionnante: en un quart de siècle, la prise de conscience a progressé. On sait désormais que l'énergie à bon marché n'existe plus, que l'environnement exige davantage de respect. Entre le tout-nucléaire et l'énergie solaire, l'Algérie doit tracer son chemin, pragmatique mais aussi créatif. Passionnant, on vous le dit. Pédagogie de l'obstination.