Le président français vient de rallier une cause défendue par l'Algérie depuis des années. Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Le président français Nicolas Sarkozy a souligné hier, à Paris, le droit de tous les pays à accéder au nucléaire à des fins pacifiques. «Certains ont voulu, il y a quelques années, interdire à de nouveaux pays d'accéder aux capacités d'enrichissement ou de traitement/recyclage, au motif qu'ils seraient dangereux en tant que tels. La France refuse une telle approche: cela serait aberrant économiquement et une atteinte au droit légitime de développer l'énergie nucléaire à des fins pacifiques», a souligné Nicolas Sarkozy, en ouvrant les travaux de la Conférence internationale sur l'accès au nucléaire civil, organisée à Paris par l'Aiea. Depuis des années, l'Algérie n'a de cesse de plaider en faveur de ce droit qu'elle considère comme inaliénable et c'est bien beau que le président français rallie cette cause. Aux pires moments de la crise entre les pays occidentaux et l'Iran sur le dossier de l'enrichissement du nucléaire, l'Algérie a brandi ce droit qui semblait alors comme en déphasage avec une volonté belliqueuse, à peine voilée, des Occidentaux envers l'Iran. Cette volonté a été d'ailleurs clairement affichée par le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, quand il a déclaré que le recours aux armes contre l'Iran n'est pas à écarter. Il a fallu l'intervention du président français pour rattraper cette «bourde» diplomatique. Le président français a critiqué «les idéologies de la décroissance et du repli», qu'il a qualifiées d'«attitudes égoïstes qui veulent maintenir les pays pauvres dans leur pauvreté», tout en estimant que «le nucléaire peut être le ciment d'une nouvelle solidarité internationale» et qu'il est «nécessaire d'organiser cette interdépendance». Mais qu'est-ce qui a changé depuis pour que le président français tende aussi facilement la perche à l'Iran et troque sa fermeté contre la compréhension? M. Sarkozy a-t-il lâché ses alliés israéliens ou s'agi-t-il d'une «feinte diplomatique» le temps d'amadouer les Iraniens? Nicolas Sarkozy a avancé plusieurs propositions pour faciliter l'accès au nucléaire civil, dont l'engagement des institutions bancaires dans le financement des projets. «Je ne comprends pas pourquoi les institutions financières internationales ne financent pas les projets nucléaires civils. Ma proposition est de mettre fin à l'ostracisme du financement nucléaire. Il faut que la BM, la Berd (Banque européenne pour la reconstruction et le développement) et les banques de développement s'engagent résolument dans le financement», a-t-il indiqué. Pour sa part, le directeur général de l'Aiea, Yukia Amano, a rappelé qu'à l'horizon 2030, «une trentaine de nouveaux pays accèderont à l'énergie nucléaire civile», rappelant les missions dévolues à son agence comme l'accompagnement et la coopération avec les pays désirant accéder au nucléaire civil, le contrôle de la sûreté d'exploitation et de l'efficacité des installations et la contribution à la formation. Selon ses organisateurs, cette conférence internationale de deux jours a pour objectif de promouvoir l'usage pacifique et responsable de l'énergie nucléaire. Elle vise à permettre un débat sur tous les aspects de l'élaboration d'un programme nucléaire et sur les moyens d'aider, par la coopération bilatérale et multilatérale, les pays désireux de s'engager dans cette voie en respectant leurs obligations internationales. Six tables rondes seront proposées aux participants. Elles portent sur le nucléaire et le mix énergétique dans une perspective de développement durable, le cadre pour une utilisation responsable de l'énergie nucléaire, la coopération envers les primo-accédants, le financement d'un programme nucléaire, les enjeux de formation et les perspectives de l'énergie nucléaire dans le moyen et long termes. 62 délégations étrangères participent à cette conférence internationale dont celle de l'Algérie, conduite par le directeur général des affaires politiques et de sécurité internationale, M.Benchâa Dani, et le Commissaire à l'énergie atomique, le Dr Mohamed Derdour.