Encore une fois, Ernst & Young présente les résultats de sa célèbre "Enquête sur l'attractivité européenne". Elle propose des pistes de réflexion relatives au positionnement concurrentiel de l'Europe sur la scène mondiale, les toutes dernières nouveautés en matière d'Investissements directs étrangers en Europe. Elle vient confirmer le constat d'une transition rapide de l'économie mondiale vers une organisation multipolaire. Les marchés développés des Européens et Nord-Américains sont aujourd'hui concurrencés par les zones émergentes et à forte croissance en Asie, Amérique Latine ou en Afrique. D'ici 2050, avec une telle dynamique, les sept nouveaux émergents - dits " E7 " (le Brésil, la Russie, I'Inde et la Chine, plus la Turquie, le Mexique et I'Indonésie) auront dépassé les traditionnelles puissances du "G7", et avec la première économie mondiale nommée la Chine.Dans un contexte marqué par l'organisation multipolaire, la zone euro-méditerranée présente des opportunités de croissance considérables pour les investisseurs internationaux. Dans le sillage de I'Europe Centrale et de I'Europe de 1'Est, cette zone tend à devenir une des prochaines frontières européennes. A une époque où la gestion des risques est devenue un facteur crucial, les investisseurs internationaux s'interrogent sur moult détails, mais tout en considérant la stabilité politique comme le critère le plus déterminant lors de leur décision d'implantation. Dans quelle mesure cet espace est-il bien compris des investisseurs ? Quels sont les nouveaux défis auxquels les pays de la zone doivent faire face pour devenir de réels challengers? Comment peuvent-ils améliorer leur attractivité et rivaliser avec les pays européens, notamment ceux de l'Est ? A partir de toutes ces interrogations le " BaroMed ", avec l'apport des bases de données d'Ernst and Young, nous fournit un état des lieux du paysage actuel des IDE dans tous les pays du Bassin euro-méditerranéen, mais avec une attention particulière apportée à sa rive Sud. L'espace euro-méditerranéen, un pôle d'attractivité majeur tiré par une forte croissance démographique Dans un monde de plus en plus multipolaire où économies matures et économies émergentes tendent à être considérées sur un pied d'égalité, I'espace euro-méditerranéen émerge au sein de la carte mondiale des localisations comme un pôle d'attractivité majeur. La région se situe dans le trio de tête des régions ayant accueilli le flux le plus important d'Investissements directs étrangers (217 milliards USD d'IDE en 2006 selon les chiffres UNCTAD). L'espace euro-méditerranéen constitue en effet un pô1e économique mondial rivalisant avec les plus fortes économies du globe. La région affiche le 3e Produit intérieur brut (PIB) mondial en 2007, devancée par I'Amérique du Nord et I'Europe du Nord et de I'Ouest. Avec 461 millions d'habitants, I'espace euro méditerranéen constitue le moteur démographique de I'Europe élargie, I'Europe du Nord et de I'Ouest comptant seulement 223 millions d'habitants et I'Europe de I'Est 293 millions d'habitants. Cette force démographique lui confère un avantage concurrentiel remarquable. La rive Sud de la Méditerranée, relais de croissance de I'espace euro-méditerranéenLes pays de la rive Sud tendent à devenir les futurs relais de croissance de l'espace euro-méditerranéen en dépit de son attractivité hésitante. D'une part les investisseurs potentiels restent prudents, seuls 12 % des investisseurs interrogés expriment de fortes intentions de localisation, tandis qu'un tiers ne montre aucun intérêt. De l'autre part, les IDE au sein de la zone Euro-Méditerranée demeurent encore concentrés sur la rive Nord (923 projets d'IDE en 2007 contre 258 pour la rive Sud). Cependant, l'intérêt des investisseurs pour les pays de la rive Sud s'accroît et s'améliore progressivement, et c'est l'avis de la moitié des investisseurs (49%), tandis que 51 % estiment que l'attractivité du Bassin devrait encore progresser dans les 3 années à venir. La confiance exprimée par les investisseurs dans I'espace Sud méditerranéen dépasse d'ailleurs celle de I'Europe de I'Ouest à 3 ans. En revanche, les opinions favorables recueillies sur I'attractivité à 3 ans de la zone se situent loin derrière I'Europe Centrale et l'Europe de l'Est qui demeureront encore à n'en pas douter les principaux concurrents de 1a région pour les années à venir. Projet et compétition Des stratégies de localisation rendant complémentaires les rives Nord et Sud de l'espace euro-méditerranéen Les investisseurs interrogés indiquent une préférence claire pour les villes situées dans la moitié Nord de la zone. Parmi les cinq capitales régionales identifiées, quatre se situent sur la rive Nord. Cependant, Casablanca, (11 %) le Caire (15 %) et plus particulièrement Istanbul (25 °/o) semblent renforcer progressivement leur rôle de hubs au sein de la zone euro-méditerranée. Les pays de la rive Nord constituent un centre de décision et un capital intellectuel d'une entreprise. La France se distingue en tant que site d'implantation pour les fonctions R&D (20 % des réponses recueillies), suivie par I'Espagne. Tandis que les pays de la rive Sud deviennent de plus en plus attractifs pour les activités à forte intensité de main-d'œuvre. La Turquie est l'emplacement industriel le plus attractif (17 % des réponses recueillies). Le Maroc et la Tunisie figurent parmi les cinq premiers pays cités en tant que sites de localisations industrielles, avec 9 % et 8 % des réponses recueillies respectivement. Par ailleurs, les investisseurs expriment une préférence nette pour la zone Nord (France et Espagne) s'agissant de leurs fonctions back-office. La Turquie et le Maroc figurent néanmoins parmi les cinq premières destinations privilégiées des investisseurs. Les pays de la rive Sud, notamment le Maroc, particulièrement mais aussi la Turquie et la Tunisie, ont définitivement ancré leur positionnement en tant que localisations phares de centres de contacts. Opportunités et défis Le maintien des coûts compétitifs est crucial pour l'attractivité de l'Euro-Méditerranée C'est grâce aux infrastructures de transport et de télécommunication dont la zone a su se doter que la rive Sud de I'espace Euro-Méditerranée a pu gagner en attractivité au cours de ces dernières années. En effet, la zone se positionne très bien sur ce critère de localisation, considéré par les investisseurs comme le plus important lors d'une décision d'implantation (54% des investisseurs déclarent la zone "très" ou "plutôt attractive" sur ce critère). Par ailleurs, ce critère procure aux investisseurs un accès à un marché à taille critique et en croissance, le marché constituant le critère recueillant le plus haut niveau d'attractivité sur la zone. En revanche, malgré des progrès constatés, les ressources humaines demeurent une problématique toujours stratégique pour la zone, tant en terme de qualification et de formation que de réglementation. Néanmoins, les risques majeurs affectant l'attractivité de la région résident prioritairement dans la stabilité politique régionale et le maintien de coûts compétitifs. En effet, la compétitivité des coûts est jugée attractive par seulement 46% des investisseurs et la stabilité politique par 45% d'entre eux. Or, il s'agit de critères de localisation discriminants pour les entreprises. En effet, selon les résultats de l'enquête Ernst & Young 2008 de l'attractivité de l'Europe, les coûts salariaux et fiscaux sont considérés comme très importants par 47% des investisseurs et le risque de stabilité politique et réglementaire par 54% des investisseurs. Tandis que I'amélioration de la stabilité politique apparaît comme la mesure la plus déterminante pour accroître l'attractivité de la rive Sud, l'assouplissement de la réglementation relative à la circulation des capitaux, des biens et des travailleurs à l'intérieur du projet d'Union euro-méditerranéenne demeure un enjeu économique majeur. Une politique de sécurité commune apparaît à cet égard primordiale pour un rapprochement entre les deux rives.