Par Faouzia Belkichi La politique utilise des slogans que l'accélération du temps médiatique raccourcit sans cesse. Ce qui les rend ineptes dans des situations compliquées. La propagande veut des idées simples et des émotions fortes : du pour et du contre, du bien et du mal, du beau et du laid, de la peur et de l'amour. Les vieilles ficelles des pouvoirs font ainsi recette. Qu'importe qu'un slogan ait un sens, s'il fonctionne aux niveaux communication et émotion ! Après avoir presque épuisé leur potentiel d'énergie nucléaire, l'Europe nous savonne avec des slogans genre « Nucléaire, non merci !», illustré d'un soleil souriant, ce qui est un exemple culte. Il suggère que tout est mal dans les applications de l'atome et que tout irait mieux si l'on s'en passait, se contentant de l'énergie solaire. Il y a le bien, soleil souriant, et le mal, méchant nucléaire avec ses déchets ! Peu importe que le soleil soit une énorme machine nucléaire naturelle ou que le militant antinucléaire soit le premier à faire une radiographie en cas de bobo. Ce sont pourtant les horribles rayons qui diagnostiquent et traitent alors petits malheurs ou grandes pathologies. Il est arithmétique que la médecine nucléaire a sauvé plus de vies que le nucléaire civil, ou même militaire, n'en a détruites. Mais ne le répétez pas à un Vert occidental si vous ne voulez pas vous faire, au mieux, injurier ... Malgré leur débilité, dans un peuple peu armé pour comprendre mais qui s'exprime sans effort d'analyse, des slogans comme celui-là ou « Sortir du nucléaire » se propagent au-delà de leurs frontières et se radotent comme les prières des derwiches de tous les musulmans de toutes les régions d'Algérie réunies. Il ne serait pas si difficile d'expliquer que le choix n'est pas oui ou non, bien ou mal, noir ou blanc. Mais qu'il consiste à trier sérieusement ce qui est utile et sans danger de ce qu'il faut proscrire et d'une troisième catégorie, où se retrouvent des applications du principe scientifique neutre présentant à la fois des avantages et des inconvénients. Seule une politique bien informée peut les évaluer sereinement et proposer des solutions. Le nucléaire civil génère des déchets très regrettables, mais sera une alternative provisoire précieuse face à une crise de l'énergie. De plus, il ne produit pas d'effet de serre. Cela ne veut pas dire qu'il ne faudrait pas réduire les consommations au plus vite et développer les énergies alternatives. Mais celles-ci, pour le moment, coûtent cher et produisent peu. De même, certains OGM présentent des risques inacceptables pour des bénéfices discutables. D'autres auront des avantages majeurs en réduisant les usages de pesticides et d'engrais, en plus de bénéfices en matière de rendement, de qualité et d'innovation. Le fait qu'une grande partie du monde en utilise sans qu'ils aient tué personne depuis vingt ans rend dérisoires les lois et manifestations "contre" des ONG et des partis politiques ringards qui suivent une opinion manipulée plutôt que de considérer les vrais problèmes. Sur de tels sujets, toute certitude est mensonge. Le bon sens prescrit des réponses nuancées dans lesquelles les nécessités de sécurité et d'efficacité doivent l'emporter sur un utopique "principe de précaution". Ce dernier ne produirait qu'un immobilisme inadapté à un monde dont le mouvement s'accélère, depuis la nuit des temps...Et que cette Europe, après avoir tout exploité, tout usé, nous donne des leçons sur ce qui est bon ou mauvais pour nous…