Les nouvelles prétentions irakiennes à un calendrier de retrait des soldats américains pourraient paraître sonner l'heure du repli, mais le président George W. Bush ne semble pas vouloir presser le mouvement.Pourtant, disait M. Bush le 24 mai 2007, "nous sommes là-bas à l'invitation du gouvernement irakien. C'est un pays souverain (...) S'ils disaient: partez, nous partirions". C'est plus ou moins ce que le gouvernement irakien a dit ces derniers jours.Alors que Bagdad et Washington négocient les termes du maintien de la présence américaine au-delà du 31 décembre, après l'expiration d'un mandat de l'ONU, les dirigeants irakiens ont pour la première fois soulevé l'idée d'un calendrier de retrait. L'un d'eux, Mouaffak al-Roubaïe, a prévenu qu'il n'y aurait pas d'accord sans date précise de désengagement. M. Bush a toujours refusé une telle date, malgré les tentatives de ses adversaires pour lui en imposer une, les coûts humain et financier et l'impopularité de la deuxième guerre la plus longue de l'histoire moderne des Etats-Unis après celle du Vietnam. En théorie, l'administration "n'a pas le choix" puisque "l'Irak est un pays souverain et que les Etats-Unis n'ont pas cessé de le répéter", dit l'expert Anthony Cordesman. Mais "il faut être très prudent et ne pas chercher à voir trop de choses dans des informations de presse ou dans un accord que personne n'a vu", met-il en garde. Personne ne sait très bien ce que les Irakiens entendent par date précise et retrait, argumente-t-il. Un retrait pourrait laisser sur place de nombreux conseillers militaires, d'importantes forces de soutien, ou des troupes dédiées au combat contre Al-Qaïda, disent les experts. C'est sur ce flou que joue l'administration américaine. Publiquement, elle assure que les déclarations irakiennes traduisent l'amélioration de la situation et la confiance recouvrée des autorités locales.Mais elle rappelle son opposition à toute date fixe de fin de mission. Elle se dit ouverte à une perspective de départ "à laquelle aspirer". Et répète que ce sont les conditions sur le terrain qui doivent emporter la décision. Moins publiquement, des responsables font valoir que les dirigeants irakiens ont intérêt à revendiquer la souveraineté de leur pays qui sera l'un des thèmes majeurs des élections provinciales d'octobre. Le départ des Américains est une exigence primordiale de maints Irakiens, comme les partisans du radical chiite Moqtada Sadr selon lesquels un accord avec les Américains voue à un "esclavage éternel".Ces mêmes responsables américains disent cependant que, dans le secret de la négociation, les Irakiens reconnaissent qu'un retrait doit dépendre de ce que les Américains laisseraient derrière eux. Et ce n'est pas le seul différend à résoudre. Il y a les épineuses questions de l'immunité des soldats américains ou du statut de leurs bases. Si le ministre irakien des Affaires étrangères, Hoshyar Zebari, a déclaré que l'accord était "quasiment finalisé", la porte-parole de la Maison Blanche, Dana Perino, a reconnu que les négociateurs pourraient ne pas s'accorder d'ici à fin juillet, comme l'aurait voulu M. Bush. Encore faut-il savoir de quel accord on parle, note l'expert Lawrence Korb. M. Zebari a évoqué la possibilité de s'entendre sur le court terme - loin d'un accord de présence militaire de longue durée comme en ont les Etats-Unis avec des dizaines de pays - voire de demander un nouveau mandat de l'ONU. M. Bush a dit maintes fois qu'il envisageait une présence militaire américaine prolongée, citant volontiers l'exemple sud-coréen.