Les échéances semblent se précipiter en ce qui concerne l'avenir des relations irako-américaines. Celles-ci étaient déjà entrevues sous l'angle d'un trop fort rapprochement, un euphémisme pour exprimer le maintien de la présence US dans ce pays. En d'autres termes, la création de bases en Irak, même si cela semble mécontenter nombre d'Irakiens et certains de leurs voisins, l'Iran principalement. C'est en cela que s'est ouvert un dialogue entre les deux parties tendant à cerner et déterminer la future présence américaine ainsi que son statut. Les discussions paraissent emprunter un chemin chaotique, en raison de la levée de boucliers que cela a suscitée, mais cela ne semble pas le cas, puisqu'avec cette fois, un autre débat, comme le laisse supposer l'intervention du Premier ministre irakien. Nouri Al Maliki, a en effet indiqué, lundi dernier, avoir demandé aux Etats-Unis de fournir un calendrier de retrait de leurs troupes en Irak, mais la Maison-Blanche assure ne pas négocier de date fixe, auquel le président Bush s'est toujours dit opposé. L'administration américaine n'a toutefois pas exclu lundi qu'une notion de durée de l'engagement des troupes américaines figure dans un accord avec le gouvernement irakien. « L'idée est d'arriver à un mémorandum d'accord sur le retrait des troupes (américaines) ou d'établir un calendrier de ce retrait », a déclaré dans un communiqué M. Maliki, alors que Baghdad et Washington négocient un accord sur la présence américaine à long terme. C'est la première fois que le chef du gouvernement irakien évoque un calendrier de retrait. Ce qui va dans le sens de la revendication notamment du mouvement d'opposition chiite de Moqtada Sadr, bête noire de Washington, et celui-ci a annoncé qu'il soutenait le gouvernement irakien dans cette démarche. « Nous encourageons tout progrès concernant le retrait des forces américaines d'Irak », a déclaré le porte-parole du mouvement, Salah Al Obeïdi. La Maison-Blanche a assuré, lundi, que les Etats-Unis ne négociaient pas avec l'Irak de calendrier de retrait des troupes américaines. Cependant, M. Stanzel a distingué entre des « dates fermes », auxquelles les soldats américains seraient tenus de quitter le pays et la notion de durée de leur engagement en Irak. « Il est important de comprendre qu'il ne s'agit pas de discussions sur la date ferme d'un retrait », a dit M. Stanzel. Mais, « quand vous trouvez un accord, cela ne veut pas dire que vous ne vous entendiez pas sur une certaine notion de durée », a-t-il dit. M. Stanzel s'est gardé de réaffirmer explicitement l'opposition constante du président George W. Bush à tout calendrier de retrait, dans le souci apparent de ne pas paraître contredire le Premier ministre irakien. M. Bush s'est pourtant constamment opposé à un tel calendrier, disant vouloir adapter la tactique aux circonstances et refusant de lier les mains de ses généraux, mais tout en assurant qu'il respecterait la souveraineté irakienne. Ses adversaires démocrates, majoritaires au Congrès américain, ont tenté, en vain, de lui imposer ce calendrier depuis 18 mois. La question du retrait d'Irak est un des enjeux majeurs de la présidentielle américaine de novembre. L'accord de sécurité Irak/Etats-Unis doit porter sur la présence éventuelle de troupes américaines, le nombre de bases que les Etats-Unis pourraient conserver dans le pays, le droit de l'armée américaine à détenir des civils irakiens, et l'immunité dont bénéficient, pour l'instant, les militaires américains. Un point litigieux semble avoir été réglé la semaine dernière, après que le chef de la diplomatie irakienne, Hoshyar Zebari, a affirmé que les Etats-Unis avaient renoncé à l'immunité pour les compagnies privées de sécurité, dont des dizaines de milliers d'agents opèrent en Irak. Selon le ministre, au cas où les pourparlers échoueraient ou que l'accord ne serait pas signé avant fin juillet, Baghdad et Washington envisagent deux autres options : un accord bilatéral de remplacement, soit une extension du mandat de l'ONU. Cette dernière perspective semble plus intéressante, en ce sens qu'elle donne du répit aussi bien aux militaires US qu'irakiens qui refusent toute précipitation, préférant une occupation progressive du terrain et leur substitution tout aussi échelonnée. Sinon, tout serait à refaire.