Cet été, il n'y aura pas que du soleil et la mer pour accompagner les longues journées caniculaires des Algériens. Un peu partout dans nos contrées –mis à part dans le sud où le mercure monte actuellement jusqu'à plus de 5o degés, de quoi brûler vif ! – des rencontres culturelles sont organisées jusqu'e tard dans la nuit comme c'est le cas à Timgad, au Casif, à Oran etc…Musique non stop, mais aussi cinéma proposé cette fois-ci par l'ambassade d'Espagne à Alger du 10 au 31 juillet prochain dans plusieurs villes du pays dont Sidi Bel Abbès, Oran, Tiaret, et Alger. Le coup d'envoi de ce rendez-vous cinématographique a été donné, jeudi dernier, à la capitale pour se poursuivre jusqu'à demain. C'est à la salle El Mouggar que la totalité des films que propose l'ambassade d'Espagne dans le cadre de la semaine du cinéma espagnol, se tiennent. Première du gente, la semaine du cinéma espagnol est un rendez-vous itinérant qui aura à se déplacer juste après la rencontre d'Alger dans la ville de Sidi Bel Abbès du 17 au 20 juillet -, puis à Oran du 23 au 26 juillet puis à Tiaret du 28 au 31 juillet. Pas moins de sept films dont Para que no me olvides de Patricia Ferreira, El Lapiz del Carpintero de Anton Reixia, Vete de mi de Victor Garcia, Bawana de Imanol Uribe, Los Lunes al sol de Fernando Leon de Aranoa, Planta 4 de Antonio Mercero, Vida y color de Santiago Tabernero sont à l'affiche tout au long de cette rencontre du 7ème art. C'est avec l'œuvre de Patricia Ferreira, “Para que no me olvides” (Pour que tu ne m'oublies pas) que le bal de cette rencontre à été ouvert à la salle El Mouggar. Un mélodrame qui réunit trois histoires d'amour, de mémoire et d'oubli. Trois âges de la vie chez des personnages cherchant tous à se tenir debout face à l'irréparable. Petite fabrique du deuil et d'une mémoire intime à travers des lieux, des images et des mots. L'ombre d'Almodovar dans son dos, Patricia Fereira travaille le mélodrame par sa pente lacrymale. David quitte sa mère et part rejoindre sa bien-aimée. Sa mère ressent cela comme une trahison. Elle tourne le dos à son fils et n'aura pas le temps de se réconcilier avec lui. Car David mourra dans un accident de voiture. La douleur d'Irène se transforme en une haine féroce. Son souffre-douleur n'est autre que Clara, celle qui lui a volé son fils. Les deux femmes se heurtent, rivalisent même dans la douleur. “Dans ce film, je fais aussi référence à la guerre civile en Espagne qui a déchiré le peuple”, affirme la réalisatrice. En effet, cette référence à la guerre civile est faite par la bouche de David qui confiera à sa compagne, lors d'une promenade sur la plage, qu'il y a eu un massacre de vingt mille personnes sur cette même plage lors de la guerre civile. Carla n'est au courant de rien, représentant cette jeune génération venue après la guerre civile, ignorant tout de leur histoire comme si la mémoire de l'Espagne est frappée par une semi amnésie. Pour chacune de ces deux femmes, l'abandon prend la forme du déni. A l'effacement et la négation du passé qui s'opère chez Irène correspond un mouvement inverse du déni de la perte chez Clara. L'une se débarrasse de toute trace du passé, l'autre s'y réfugie. Une souffrance qui, pour l'une et l'autre, s'avère dure et vide, autiste puisque prisonnière en soi, inaccessible à la parole. Cette veine doloriste, parfaitement mise en scène par l'ellipse et la réduction, se poursuit avec le travail de la parole et de la mémoire, leur sédimentation dans les corps, les objets et les lieux.