Des nations vont au-devant de «grandes difficultés», prévient la Cnuced. Menaces de récession aux Etats-Unis, aggravation de la crise bancaire... Face à ces menaces, lerappel, par la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced), de la vulnérabilité des 50 pays les plus pauvres à une dégradation de la conjoncture, ne pèse pas lourd. A première vue, le rapport annuel* de la Cnuced montre que la période d'expansion sans précédent connue par l'économie mondiale depuis le début de la décennie était parvenue sur le rivage de ces pays, dont les trois quarts de la population - 581 millions de personnes - se débrouillent chaque jour avec moins de 2 dollars. Entre 2004 et 2006, ceux-ci ont arraché un taux de croissance moyen dépassant 7%, tandis que leurs exportations augmentaient de 80%. Du jamais vu depuis trente ans. L'an dernier encore, leur croissance atteignait toujours 6,7%. En dépit de cette poussée de croissance, la Cnuced s'inquiète de la dépendance de ces économies envers les matières premières, qui représentent les trois quarts de leurs exportations. Selon son secrétaire général, Supachai Panitchpakdi, «ces pays restent enfermés dans un modèle économique qui les rend très vulnérables aux chocs extérieurs», leur pauvreté et leur épargne inexistante n'offrant aucune marge de manœuvre. «La plupart rencontreront prochainement de grandes difficultés», leurs exportations étant «fortement tributaires de l'instabilité des prix des produits de base», avertit Supachai Panitchpakdi. Aucun changement structurel Les cyniques rétorqueront que quelques années de croissance à plus de 7% sont toujours bonnes à prendre. Cela reste bien trop court. Surtout, cette accélération n'a été accompagnée d'aucun début de changement structurel. Selon la Cnuced, depuis dix ans, la moitié des pays les moins avancés ont même connu une désindustrialisation! L'impact sur la pauvreté a été tout aussi marginal, celle-ci restant même «la plus élevée chez les [pays] exportateurs de produits de base». La généreuse déclaration du Millénaire - visant à réduire de moitié la pauvreté d'ici à 2015 - reste sans suite. Une situation qui a tout lieu de s'aggraver, le rapport de la Cnuced ne mesurant pas l'impact de la récente crise alimentaire - et du choc pétrolier - en raison de données remontant, de façon regrettable, à fin 2006. Comme elle l'a indiqué lors de la conférence de Rome sur la sécurité alimentaire, en juin, l'organisation rappelle que «la crise alimentaire est une crise de développement» tout autant liée à la «désagrarisation» de ces pays qu'à l'envolée des cours mondiaux. *Rapport 2008 sur les pays les moins avancés, Cnuced, Genève, http://unp.un.org