La crise n'est pas finie, affirme la Cnuced dans son rapport sur le commerce et le développement. Le redressement de certains indicateurs financiers est avant tout le signe d'un rebond provisoire après des niveaux anormalement bas. “Aussi loin que l'on puisse voir, l'effondrement des bénéfices dans l'économie réelle, le surinvestissement dans l'immobilier et la hausse du chômage continueront de freiner la consommation privée et l'investissement”, constate le secrétaire général de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) Supachai Panitchpakdi. Compte tenu de la faiblesse des fondamentaux macroéconomiques, il y a tout lieu de penser que l'amélioration des indicateurs financiers est plutôt le signe d'un rebond provisoire des prix des actifs financiers et des produits de base qui ont atteint des niveaux anormalement bas, “après une surcorrection à la baisse aussi irrationnelle que l'exubérance haussière qui l'a précédée”. La Cnuced prévient que ce rebond, loin de refléter le renforcement des fondamentaux macroéconomiques, “dénote plutôt le goût retrouvé des acteurs des marchés financiers pour le risque”. “Les indicateurs pourraient donc se retourner bientôt, en fonction de la vigueur de la reprise et du sentiment des marchés financiers”, avertit le rapport publié lundi. Les chances sont assez minces de voir les grands pays développés se rétablir au point de permettre à l'économie mondiale de renouer avec le taux de croissance qui était le sien avant la crise, estiment les économistes de la Cnuced. Le redémarrage de la consommation et de l'investissement ne saurait être suffisant, à cause d'une très faible utilisation des capacités et de la montée du chômage. En outre, les banques doivent être recapitalisées et leurs bilans débarrassés des actifs toxiques avant qu'elles puissent reprendre leur rôle de pourvoyeuses de crédits aux investisseurs. Pour stopper la contraction du PIB, il faut maintenir, voire renforcer les politiques monétaires et budgétaires expansionnistes. “Ainsi peut-être, le taux de croissance du PIB mondial redeviendra-t-il positif en 2010, mais il ne dépassera sans doute pas 1,6%”, affirme le rapport de la Cnuced. Le risque de déflation n'est pas écarté. “La déflation salariale est la menace la plus imminente et la plus grave qui pèse sur de nombreux pays. Les gouvernements auront beaucoup plus de difficultés à stabiliser l'économie lorsqu'il y a une chute généralisée des salaires et de la consommation”, met en garde l'agence de l'ONU. “La première chose à faire est de rompre la spirale descendante des salaires, des prix et de la demande dès que possible et de redonner au secteur financier les moyens de fournir des crédits pour l'investissement productif afin de stimuler la croissance de l'économie réelle”, écrit la Cnuced. L'agence de l'ONU ajoute que la récession mondiale rend “presque impossible” la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement d'ici à 2015. Le PIB mondial devrait chuter de 2,5% en 2009, soit une contraction de quelque 4% pour les pays développés, de 6% pour les pays en transition et une croissance de 1,3% dans les pays en développement. L'Afrique subsaharienne ne devrait pas dépasser 1% de croissance, l'Amérique latine tomber à -2%, alors que la Chine et l'Inde ont résisté et peuvent compter sur une croissance de 4% environ cette année. Nassim I.